Fragment Perpétuité n° 10 / 11 – Papier original : RO 213-1
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Perpétuité n° 327 p. 149 / C2 : p. 179
Éditions savantes : Faugère II, 249, XIII / Brunschvicg 689 / Tourneur p. 274-1 / Le Guern 271 / Lafuma 288 / Sellier 320
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Bibliographie ✍
Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, art. Circoncision, Paris, Cerf, 1993, p. 248-249. JANSÉNIUS, Pentateuchus, Deutéronome, XXX, Rouen, Boucher, 1704. |
✧ Éclaircissements
Moïse, Deut. 30, promet que Dieu circoncira leur cœur pour les rendre capables de l’aimer.
Sur la circoncision du cœur, voir les analyses détaillées de Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299), et Perpétuité 1 (Laf. 279, Sel. 311).
Le fragment n’est pas une simple citation, mais une esquisse de réflexion sur une déclaration du prophète Moïse. Pascal insiste sur le fait que l’initiative de la circoncision du cœur revient à Dieu. D’autre part, l’expression capables de l’aimer souligne implicitement que c’est cette intervention de la grâce sur le cœur de l’homme qui le met en mesure d’accomplir des actes de charité. Seule la grâce accordée à l’homme par Dieu pour sa purification lui donne ce qui, dans les Provinciales, est désigné par l’expression pouvoir prochain. En filigrane de cette formule, on reconnaît la théologie des Écrits sur la grâce (Lettre et Discours sur la possibilité des commandements).
Deutéronome, XXX, 6. « Circumcidet Dominus Deus tuus cor tuum, et cor seminis tui ; ut diligas Dominum Deum tuum in toto corde tuo, et in tota anima tua, ut possis vivere » ; « Le Seigneur votre Dieu circoncira votre cœur, et le cœur de vos enfants ; afin que vous aimiez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur et de toute votre âme, et que vous puissiez vivre ». Commentaire de la Bible de Port-Royal : « Les Juifs, comme tous les hérétiques, ne prenant dans l’Écriture que ce qu’ils croient leur pouvoir être favorable, s’appuient vainement sur ce passage, pour se persuader que le Messie qu’ils attendent ne doit venir que lorsqu’ils auront été dispersés jusques aux extrémités du monde, afin de les rassembler [2 Esdr., I, 9] ; puisque Néhémias lui-même au commencement de son livre reconnaît que cette prédiction de Moïse fut accomplie, lorsque son peuple retourne de la captivité de Babylone [ann. mund. 3550], en disant à Dieu : Souvenez-vous de la parole que vous avez donnée à Moïse votre serviteur, lorsque vous lui avez dit : Si vous violez mes ordonnances, je vous disperserai parmi les peuples. Que si vous revenez ensuite à moi, et si vous gardez fidèlement mes préceptes, quand on vous aurait enlevé jusques aux extrémités du monde, je vous ramènerai dans le lieu que j’ai choisi, etc. S. Augustin dit que cette promesse que Dieu leur faisait, de circoncire leur cœur et le cœur de leurs enfants, devait être regardée comme une promesse toute claire de sa grâce. Et S. Cyprien témoigne que cette circoncision du cœur que Moïse leur prédit devait être l’ouvrage de l’incarnation de Jésus-Christ » [August. in Deut. quaest. 53. Cypr. cont. Jud. lib. I cap. 8] ».
Voir aussi Deutéronome X, 16. « Circumcidete igitur praeputium cordis vestri, et cervicem vestram ne induratis amplius » ; « Ayez donc soin de circoncire la chair de votre cœur, et ne rendez pas davantage votre tête dure et inflexible ». Commentaire de la Bible de Port-Royal, Le Deutéronome, tr. Sacy, Paris, Desprez, 1694, p. 125. Chapitre X, Verset 16, p. 133-135. Circoncision du cœur : « cette chair du cœur de l’homme en marque la sensualité, et non pas la flexibilité. Dieu avait créé ce cœur parfait. L’homme en péchant l’a rendu charnel au lieu de spirituel qu’il était. Et la loi nouvelle a été établie par Jésus-Christ pour le rétablir dans l’état où il fut créé ». Moïse parle ici non « en législateur de la loi ancienne, mais en docteur de la vérité, et en directeur des âmes ». Sur la figure de la circoncision du cœur ordonnée par Jésus-Christ : Moïse recommandait déjà la circoncision parfaite et spirituelle. Saint Ambroise note qu’il recommandait les deux circoncisions, intérieure et extérieure, la vraie et la figure : le corps et l’âme ont besoin d’être circoncis par le retranchement de la sensualité. La circoncision extérieure de la chair tend à abattre la révolte de la chair ; celle du cœur tend à abattre la révolte de l’esprit.
Jansénius, Pentateuchus, Deutéronome, XXX, 6, p. 372. C’est selon saint Augustin une promesse évidente de la grâce. Mais saint Cyprien pense plutôt à la circoncision du cœur apportée par le Christ. « Circumcidet Dominus cor tuum, purgando a vitiis tuis, unde LXX circumpurgabit cor tuum, et clarius Chaldaeus, auferet insipientiam cordis tui. Omnia enim vitia sunt quaedam cordis insipientia, sicut e contrario in omni virtute sapientia. Monet autem August. quaest. 53 in verbis cotineri evidentem pollicitationem gratiae. Promittit enim Deus se facturum esse, quod jubere solet ut fiat. Cyprianus tamen lib. I contra Judaeos, putat hoc loco praedici circumcisionem cordis per Christum afferendam, et ut Lactant. libr. 4 cap. 17 per eundem, circumcisionem carnalem esse tollendam. »