Fragment Soumission et usage de la raison n° 20 / 23 – Papier original : RO 409-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 235 p. 83 v° / C2 : p. 111
Éditions de Port-Royal : Chap. V - Soumission, et usage de la raison : 1669 et janvier 1670 p. 49 / 1678 n° 6 p. 51
Éditions savantes : Faugère II, 349, III / Havet XIII.8 / Brunschvicg 265 / Tourneur p. 231-4 / Le Guern 174 / Lafuma 185 / Sellier 217
La foi dit bien ce que les sens ne disent pas, mais non pas le contraire de ce qu’ils voient. Elle est au-dessus et non pas contre.
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Dans ce fragment, Pascal résume en termes lapidaires sa conception des rapports de la foi avec les sens et la raison. Il tire les conséquences de l’instruction que son père lui a donnée dans sa jeunesse, pour se placer dans une tradition qui va de saint Augustin et saint Thomas à Galilée, et dont il a donné les principes dans ses Provinciales et sa Préface au traité du vide. Il propose une doctrine qui préserve à la fois les droits de la foi et de la science, sans pour autant enlever à la foi sa position dominante. Ce fragment dessine donc le domaine que la foi chrétienne, qui ne se rend pas tyrannique, fixe à l’exercice de la raison.
Fragment connexe
Pensées diverses (Laf. 701, Sel. 579). Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu’il se trompe il faut observer par quel côté il envisage la chose car elle est vraie ordinairement de ce côté-là et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela car il voit qu’il ne se trompait pas et qu’il manquait seulement à voir tous les côtés. Or on ne se fâche pas de ne pas tout voir, mais on ne veut pas être trompé, et peut-être que cela vient de ce que naturellement l’homme ne peut tout voir, et de ce que naturellement il ne se peut tromper dans le côté qu’il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.