Glossaire
Foi.
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La foi est la croyance fondée sur l’autorité du témoignage d’autrui. On parle de foi humaine ou divine selon l’origine de ce qui est révélé : la foi divine vient de Dieu, l’autre de l’homme. Mais quand on parle de la foi divine, on entend aussi cette « foi sans raisonnement » inséparable de l’amour que le cœur porte à Dieu.
Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., p. 325. La foi don de Dieu.
Harrington Thomas, Vérité et méthode dans les Pensées de Pascal, p. 118. La foi humaine fait croire par raisonnement, elle ne transforme pas le cœur et ne modifie pas son esclavage à la concupiscence ; la foi divine fait croire les vérités chrétiennes par sentiment du cœur ; elle comporte l’humiliation ; c’est un don gratuit de Dieu qui effectue une conversion. La foi humaine est figure de la foi divine : p. 119. Elle peut en être l’instrument.
Magnard Pierre, Le vocabulaire de Pascal, Paris, Ellipses, 2001, p. 21-23.
Voir aussi Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181), Ordre 5 (Laf. 7, Sel. 41), Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), Soumission 13 (Laf. 179, Sel. 210), etc.
Expression De bonne foi : voir Vanité 38 (Laf. 52, Sel. 85).
Folie.
Démence, extravagance, aliénation d’esprit, dérèglement de la raison. La folie achevée, selon Nicole, « consiste dans le dérèglement de l’imagination, qui vient de ce que les images qu’elle présente sont si vives que l’esprit ne distingue plus les fausses des véritables ». Folie signifie aussi imprudence et témérité (folie de vouloir affronter les périls sans nécessité), mais aussi passion dominante contraire à la raison (Furetière).
Voir Vanité 2 (Laf. 14, Sel. 48), Vanité 14 (Laf. 26, Sel. 60), Raisons des effets 19 (Laf. 101, Sel. 134), Philosophes 6 (Laf. 144, Sel. 177), Preuves de Moïse 2 (Laf. 291, Sel. 323), etc.
Fonder, Fondement.
Fondement : ce terme d’architecture désigne ce qui soutient fermement un bâtiment et l’empêche de s’écrouler. Dans l’abstrait, on désigne par fondement les bases d’une doctrine ou d’une science. Dans les Pensées, la recherche porte sur les fondements de la religion chrétienne.
Sellier Philippe, “Le “fondement” prophétique dans les Pensées”, Courrier du Centre International Blaise Pascal, 16, 1994, p. 21-24.
Sellier Philippe, “Des fondements... qui ne peuvent être mis en doute par quelque personne que ce soit”, in Cousson Agnès (dir.), Passions géométriques. Mélanges en l’honneur de Dominique Descotes, Paris, Champion, 2019, p. 53-69.
Voir Fausseté 9 (Laf. 211, Sel. 244), Miracles II (Laf. 832 et 834, Sel. 421-422), Fausseté 15 (Laf. 217, Sel. 250), Fondement 1 (Laf. 223, Sel. 256), Fondement 20 (Laf. 243, Sel. 276), etc.
Force, Fort.
La force est légitime lorsqu’il s’agit de régler et de faire respecter l’ordre public. Elle n’est donc dans son ordre que lorsqu’elle règle les actions extérieures des hommes. Elle cesse d’être légitime lorsqu’elle prétend régler leur pensée et leurs idées : elle devient alors violence et instrument de la tyrannie. Voir les rapports entre justice et force.
L’expression force naturelle se trouve, notamment dans les fragments sur les miracles, pour remarquer que toutes les forces de la nature n’étant pas connues, il est difficile de discerner les miracles. Voir notamment le questionnaire adressé par Pascal à Barcos : voir Miracles I (Laf. 830, Sel. 419) et Miracles III (Laf. 891, Sel. 445).
Voir aussi Raisons des effets 20 (Laf. 103, Sel. 135), Pensées diverses (Laf. 711, Sel. 589), Vanité 13 (Laf. 25, Sel. 59), Vanité 16 (Laf. 28, Sel. 62), Vanité 38 (Laf. 52, Sel. 85), etc.
Formaliste.
Les apôtres ne se sont pas montrés formalistes, c’est-à-dire excessivement attachés aux formes de la loi lorsqu’il a été question, après le départ du Christ, de fixer les principes de la morale et la loi de Moïse. Ils ont considéré que l’essentiel pour recevoir une personne dans l’Église était sa conversion spirituelle. Pour Pascal, l’attachement intransigeant aux formes de la loi est caractéristique de l’esprit juif.
Voir Morale chrétienne 17 (Laf. 367, Sel. 400).
Formalités.
Les formalités sont les cérémonies et sacrements de la loi de Moïse, auxquels les Juifs sont extrêmement attachés, au point de tomber dans une forme de superstition. Le même trait existe parmi les chrétiens que Pascal appelle les dévots. Le vice opposé à cet excès est une marque d’orgueil, défaut qui témoigne d’une disposition du cœur encore plus mauvaise.
Voir Morale chrétienne 14 (Laf. 364, Sel. 396).
Fortune.
Le mot désigne parfois la richesse acquise, mais plus souvent il signifie le bonheur ou le malheur, ce qui arrive par hasard, qui est fortuit et imprévu. On parle de bonne et de mauvaise fortune.
Voir Divertissement 7 (Laf. 139, Sel. 171), Pensées diverses (Laf. 552, Sel. 461) et Pensées diverses (Laf. 626, Sel. 519).
Fou.
Heller Lane M., “La folie dans l’Apologie pascalienne”, Méthodes chez Pascal, Paris, P. U. F., 1979, p. 297-308. Voir p. 305, pour l’intervention de T. Goyet. Liste des textes pascaliens sur la folie cités par Pascal : p. 303-304.
Gouhier Henri, Blaise Pascal. Conversion et apologétique, Vrin, Paris, 1986, p. 90 sq., sur la sagesse et la folie de la religion. Il faut faire une différence entre les deux sagesses de l’homme et de Dieu : p. 90. Ce qui est folie pour l’homme est sagesse pour Dieu et inversement. L’idée de la folie est liée à l’idée que Pascal se fait de la conversion : p. 92. Du point de vue humain, dans la langue commune, le mot folie signifie l’absence de la sagesse naturelle ; mais dans le langage chrétien il désigne le manque de sagesse surnaturelle : p. 93. Si la vraie sagesse est folie, celui qui ne cherche pas est fou de n’être pas fou : p. 93.
Voir Commencement 10 (Laf. 160, Sel. 192).
Foudre.
Foudre est au XVIIe siècle un mot masculin. Il désigne le phénomène météorologique que le mot désigne aujourd’hui. En langue classique foudre peut désigner un coup moral ou politique qui foudroie l’esprit qu’il frappe. Dans Le Cid, on recommande à Dom Gomez rebelle de craindre encor le foudre.
Voir Pensées diverses (Laf. 765, Sel. 631).
Fourbe.
L’hypothèse des apôtres fourbes est une objection contre la divinité du Christ, qui suppose que les apôtres se sont mis d’accord pour mentir sur la mort de Jésus et sa résurrection. Pascal a pu s’informer dans Grotius et dans Charron des implications de cette idée. Il existe aussi une hypothèse des apôtres trompés, qui vise à peu près au même but.
Voir Preuves de Jésus-Christ 13 (Laf. 310, Sel. 341).
Fronde.
Lire le dossier thématique sur la Fronde.
Référence : Misère 9 (Laf. 60, Sel. 94).
Fronder.
Voir Jungo Michel, Le vocabulaire de Pascal dans les fragments pour une apologie, p. 66.
Vaugelas Claude, Remarques sur la langue française, utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, Paris, Éd. Champ libre, 1981, p. 53.
Dictionnaire de l’Académie, Fronder : jeter, ruer des pierres avec une fronde ; il se dit aussi de tout ce qu’on jette avec violence. Il signifie figurément blâmer, condamner, critiquer hautement. Il n’eut pas sitôt ouvert la bouche, que tout le monde le fronda. On a frondé sa harangue. Fronder signifie aussi parler contre le gouvernement. C’est un homme qui ne fait que fronder tout le jour.
Voir Ordre 8 (Laf. 10, Sel. 44).
Fureur.
Se dit en morale des emportements de la fougue, de la colère, lorsqu’elle est violente et démesurée. On attribue à Dieu de la fureur (Furetière). Le mot à l’époque de Pascal, répond à l’idée de ce que nous appellerions la folie furieuse.
Voir Prophéties IV (Laf. 486, Sel. 728).
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