Prophéties III   – Papier original : onze feuillets probablement découpés en 16 papiers post mortem

                                 RO 309-2, 311-1, 311-2, 313-1, 313-2, 315-1, 315-2, 315-3,

                                 RO 289-1, 289-2, 291-1, 291-2, 293-1, 293-2, 295-1, 295-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 69 p. 271 à 277  / C2 : p. 489 à 497

Éditions savantes : Faugère II, 283, XXVI / Havet XVIII (remarques) ; XVIII.22 (note) / Brunschvicg 722 / Tourneur p. 328 / Le Guern 450 / Lafuma 485 (série XIV) / Sellier 720

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Éclaircissements

 

 

Généralités et Bibliographie

Daniel, 2

Dan., 8

Daniel, 9, 20

Daniel, 11

25

 

 

Dan., 8.

 

Daniel ayant vu le combat du bélier et du bouc, qui le vainquit et qui domina sur la terre, duquel la principale corne étant tombée quatre autres en étaient sorties vers les quatre vents du ciel, de l’une desquelles étant sortie une petite corne qui s’agrandit vers le midi, vers l’orient et vers la terre d’Israël, et s’éleva contre l’armée du ciel, en renversa des étoiles et les foula aux pieds, et enfin abattit le prince et fit cesser le sacrifice perpétuel et mit en désolation le sanctuaire.

Voilà ce que vit Daniel. Il en demandait l’explication et une voix cria en cette sorte : Gabriel faites-lui entendre la vision qu’il a eue. Et Gabriel lui dit :

Le bélier que vous avez vu est le roi des Mèdes et des Perses, et le bouc est le roi des Grecs, et la grande corne qu’il avait entre ses yeux est le premier roi de cette monarchie. Et ce que cette corne étant rompue quatre autres sont venues en la place, c’est que quatre rois de cette nation lui succéderont, mais non pas en la même puissance. Or sur le déclin de ces royaumes, les iniquités étant accrues, il s’élèvera un roi insolent et fort mais d’une puissance empruntée, auquel toutes choses succéderont à son gré, et il mettra en désolation le peuple saint et, réussissant dans ses entreprises avec un esprit double et trompeur, il en tuera plusieurs et s’élèvera enfin contre le prince des princes, mais il périra malheureusement, et non pas néanmoins par une main violente.

 

Pascal résume les premiers versets, puis traduit les versets 20 à 25 de Daniel, VIII. Le tire de la Bible de Port-Royal donne le résumé du chapitre : Vision d’un bélier qui représente la monarchie des Perses et des Mèdes, et d’un bouc qui représente la monarchie des Grecs. Grande corne de ce bouc, à laquelle quatre autres succèdent ; autre corne qui sort de l’une de ces quatre, et représente un prince cruel et impie.

Daniel, VIII, 20.

« Aries, quem vidisti habere cornua, rex Medorum est atque Persarum. 21. Porro hircus caprarum, rex Graecorum est, et cornu grande, quod erat inter oculos ejus, ipse est rex primus. 22.Quod autem fracto illo surrexerunt quatuor pro eo : quatuor reges de gente ejus consurgent, sed non in fortitudine ejus. 23. Et post regnum eorum, cum creverint iniquitates, consurget rex impudens facie, et intelligens propositiones. 24. Et roborabitur fortitudo ejus, sed non in viribus suis : et supra quam credi potest, universa vastabit, et prosperabitur, et faciet. Et interficiet robustos, et populum sanctorum. 25. Secundum voluntatem suam et dirigetur dolus in manu ejus : et cor suum magnificabit, et in copia rerum omnium occidet plurimos : et contra principem principum consurget, et sine manu conteretur. »

Traduction de Port-Royal :

« 20. Le bélier que vous avez vu qui avait des cornes, est le roi des Perses et des Mèdes. 21. Le bouc est le roi des Grecs, et la grande corne qu’il avait entre les deux yeux est le premier de leurs rois. 22. Les quatre cornes qui se sont élevées après que la première a été rompue, sont les quatre rois qui s’élèveront de sa nation, mais non dans sa force et dans sa puissance ; 23. et après leur règne, lorsque les iniquités se seront accrues, il s’élèvera un roi qui aura l’impudence sur le front, qui entendra les paraboles et les énigmes. 24. Sa puissance s’établira, mais non par ses forces, et il fera un ravage étrange et au-delà de toute créance : il réussira heureusement, et fera tout ce qu’il aura entrepris. Il fera mourir selon qu’il lui plaira les plus forts et le peuple des saints. 25. Il conduira avec succès tous ses artifices et toutes ses tromperies ; son cœur s’enflera de plus en plus ; et se voyant comblé de toutes sortes de prospérités, il en fera mourir plusieurs ; il s’élèvera contre le prince des princes, et il sera enfin réduit en poudre sans la main des hommes. »

Un roi qui aura l’impudence sur le front : le roi dont il est question doit être Antiochus Épiphane (175-165). Voir Daniel, IX. La note de Port-Royal indique que « Antiochus avait un esprit subtil, pénétrant et plein de lumière, qui ne servit néanmoins qu’à le rendre plus méchant par l’usage criminel qu’il en fit pour trahir les hommes et pour s’élever contre Dieu avec une audace qui lui a fait mériter que l’Écriture le désignât, en disant de lui qu’il aurait l’impudence sur le front ». Mais « l’impie Antiochus [...] fut enfin réduit en poudre sans la main des hommes, c’est-à-dire qu’il périt misérablement, comme il est marqué dans l’histoire des Maccabées, par un jugement du ciel et par un coup tout visible de la main de Dieu, qui ne se servit d’aucun homme pour l’humilier, mais qui fit sortir les vers de son corps tout vivant, pour le convaincre, avant sa mort même, de cette sotte et impudente vanité que l’avait porté à se regarder comme le maître de la mer et de la terre ». Voir Daniel, VIII, 25, sur la mort d’Antiochus Épiphane.

Comparer avec Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, in Œuvres, Pléiade, p. 825 sq. Double signification : la prophétie, d’abord, s’est réalisée : l’épopée et la persécution d’Antiochus se sont déroulées comme Daniel l’annonçait. Mais il semble aussi que ce soit un symbole de l’échec à venir des persécutions : l’histoire a une double valeur prophétique, d’abord comme histoire à venir prévue, ensuite comme histoire figurative.