Prophéties VIII – Fragment n° 1 / 2 – Papier original : RO 382-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 74 p. 305  / C2 : p. 527

Le texte a été ajouté dans l’édition de Port-Royal de 1678 : Chap. XIII - Que la loy estoit figurative n° 3 p. 96-97

Éditions savantes : Faugère II, 253, XVI ; II, 310, XXXV / Havet XVI.5 / Brunschvicg 659 et 700 / Tourneur p. 350 / Le Guern 455 / Lafuma 500 et 501 (série XIX) / Sellier 737

 

 

 

 

A été ajouté dans l’édition de Port-Royal de 1678

 

Chapitre XIII - Que la loy estoit figurative : 1678 n° 3 p. 96-97

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. 1678 1

Transcription du manuscrit

 

 

 

 

 

 Pour voir clairement que l’ancien Testament n’est que figuratif, et que par les biens temporels les Prophètes entendaient d’autres biens ; il ne faut que prendre garde, premièrement qu’il serait indigne de Dieu de n’appeler les hommes qu’à la jouissance des félicités temporelles. Secondement que les discours des Prophètes expriment très clairement la promesse des biens temporels, et qu’ils disent néanmoins que leurs discours sont obscurs, et que leur sens n’est pas celui qu’ils expriment à découvert, qu’on ne l’entendra qu’à la fin des temps [en marge : Jér. 23. 20 et 30. 24.]. Donc ils entendaient parler d’autres sacrifices, d’un autre libérateur, etc.

Enfin il faut remarquer que leurs discours sont contraires et se détruisent si l’on pense qu’ils n’aient entendu par les mots de loi et de sacrifice, autre chose que la loi de Moïse et ses sacrifices : et il y aurait contradiction manifeste et grossière dans leurs livres, et quelquefois dans un même chapitre. D’où il s’ensuit qu’il faut qu’ils aient entendu autre chose.

 

 

Beau de voir des yeux de la foi l’histoire d’Hérode, de César.

 

Figures.

 

Pour montrer que l’Ancien Testament est 2, n’est que, figuratif et que les prophètes entendaient par les biens temporels d’autres biens, c’est 1. que cela serait indigne de Dieu ; 2. que leurs discours expriment très clairement la promesse des biens temporels et qu’ils disent néanmoins que leurs discours sont obscurs et que leur sens ne sera point entendu. D’où il paraît que ce sens secret 3 n’était point celui qu’ils exprimaient à découvert et que, par conséquent ils entendaient parler d’autres sacrifices, d’un autre libérateur, etc. Ils disent qu’on ne l’entendra qu’à la fin des temps : Jér. 33, ult.

La deuxième preuve est que leurs discours sont contraires et se détruisent. De sorte que si on pose qu’ils n’aient entendu par les mots de loi et de sacrifice autre chose que celle de Moïse, il y a contradiction manifeste et grossière. Donc ils entendaient autre chose, se contredisant quelquefois dans un même chapitre.

Or pour entendre le sens d’un auteur...

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 Ce mot est absent des Copies.

3 Cette partie de phrase est absente des Copies (saut du même au même).

 

Commentaire

 

Les éditeurs explicitent la preuve additionnelle 1 (voir le commentaire).

Ils renforcent les articulations logiques du raisonnement, pour mettre plus nettement en relief la « contradiction manifeste et grossière » qu’impliquerait, dans le discours des prophètes, l’interprétation littérale restrictive des « mots de loi et de sacrifice » comme « loi de Moïse ». Le texte original y perd en nervosité, mais par ces corrections qui soulignent la progression logique des idées, les éditeurs ne font que développer un caractère de l’original.

La suppression de l’allusion à Jérémie répond sans doute à une volonté d’éclaircissement, car le sens de cette note n’est pas évident pour le lecteur.