Règle de la créance  – Fragment n° 5 / 8 – Papier original : RO 295-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 81 p. 313 v°  / C2 : p. 407

Éditions savantes : Faugère II, 404 / Brunschvicg 364 / Tourneur p. 61-2 / Le Guern 461 / Lafuma 508 (série XX) / Sellier 676

 

 

 

Rarum est enim ut satis se quisque vereatur.

 

 

Rarum est enim ut satis se quisque vereatur : « Il est rare, en effet, qu’on se respecte assez soi-même ».

 

Ce fragment fait partie des excerpta tirés de Montaigne par Pascal (voir les fragments précédents). L’originalité de ces notes, consiste en ce qu’il utilise les Essais comme un réservoir d’excerpta d’auteurs autres que Montaigne. Parmi les citations en question, la plupart n’a pas été intégrée à des textes étoffés, mais certaines d’entre elles ont été utilisées dans d’autres fragments. Quoiqu’ils ne soient assortis d’aucun commentaire, ces extraits présentent donc l’intérêt de nous renseigner sur les techniques de composition de Pascal. Cette citation peut entrer dans des perspectives pascaliennes à partir du moment où on le rattache à la critique du mépris de soi.

 

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Fragments connexes

 

Contrariétés 6 (Laf. 123, Sel. 156). Contradiction, mépris de notre être, mourir pour rien, haine de notre être.

Pensées diverses (Laf. 597, Sel. 494). Le moi est haïssable. Vous Miton le couvrez, vous ne l’ôtez point pour cela. Vous êtes donc toujours haïssable. Point, car en agissant comme nous faisons obligeamment pour tout le monde on n’a plus sujet de nous haïr. Cela est vrai, si on ne haïssait dans le moi que le déplaisir qui nous en revient. Mais si je le hais parce qu’il est injuste qu’il se fait centre de tout, je le haïrai toujours. En un mot le moi a deux qualités. Il est injuste en soi en ce qu’il se fait centre de tout. Il est incommode aux autres en ce qu’il les veut asservir, car chaque moi est l’ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres. Vous en ôtez l’incommodité, mais non pas l’injustice. Et ainsi vous ne le rendez pas aimable à ceux qui en haïssent l’injustice. Vous ne le rendez aimable qu’aux injustes qui n’y trouvent plus leur ennemi. Et ainsi vous demeurez injuste, et ne pouvez plaire qu’aux injustes.

 

Mots-clés : MéprisRespect.