Pensées diverses II – Fragment n° 22 / 37 – Papier original : RO 8-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 110 p. 357 v°  / C2 : p. 313 v°-315

Éditions savantes : Faugère II, 92, IV / Havet XXV.29 / Brunschvicg 394 / Tourneur p. 91-3 / Le Guern 526 / Lafuma 619 (série XXIV) / Sellier 512

 

 

 

Tous leurs principes sont vrais, des pyrrhoniens, des stoïques, des athées, etc., mais leurs conclusions sont fausses, parce que les principes opposés sont vrais aussi.

 

 

Fragment doublement paradoxal, dans la mesure où il commence par déclarer que tous les philosophes ont raison, y compris les athées, et puis qu’ils sont tout de même dans l’erreur. Mais le plus surprenant est que cette double affirmation découle directement d’une règle de l’art de persuader formulée dans le célèbre fragment Laf. 701, Sel. 579.

 

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Fragments connexes

 

Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164). Que fera donc l’homme en cet état ? doutera-t-il de tout, doutera-t-il s’il veille, si on le pince, si on le brûle, Doutera-t-il s’il doute, doutera-t-il s’il est. On n’en peut venir là, et je mets en fait qu’il n’y a jamais eu de pyrrhonien fait. La nature soutient la raison impuissante et l’empêche d’extravaguer jusqu’à ce point.

Fondement 21 (Laf. 244, Sel. 277). Objection des athées.

Mais nous n’avons nulle lumière.

Pensées diverses (Laf. 701, Sel. 579). Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu’il se trompe il faut observer par quel côté il envisage la chose car elle est vraie ordinairement de ce côté-là et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela car il voit qu’il ne se trompait pas et qu’il manquait seulement à voir tous les côtés. Or on ne se fâche pas de ne pas tout voir, mais on ne veut pas être trompé, et peut-être que cela vient de ce que naturellement l’homme ne peut tout voir, et de ce que naturellement il ne se peut tromper dans le côté qu’il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.

Miracles III (Laf. 882, Sel. 444). Athées.

Quelle raison ont-ils de dire qu’on ne peut ressusciter ? Quel est plus difficile de naître ou de ressusciter, que ce qui n’a jamais été soit, ou que ce qui a été soit encore ? Est-il plus difficile de venir en être que d’ y revenir. La coutume nous rend l’un facile, le manque de coutume rend l’autre impossible.

Populaire façon de juger.

 

Mots-clés : AthéeConclusionPrincipePyrrhonien – Stoïcien.