Pensées diverses II – Fragment n° 7 / 37 – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 105 p. 351 v° / C2 : p. 307

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 248 / 1678 n° 29 p. 241

Éditions savantes : Faugère I, 275, XXXIII / Havet XXIV.21 / Brunschvicg 908 / Le Guern 511 / Lafuma 599 (série XXIV) / Sellier 496

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Bibliographie

 

 

DESCOTES Dominique, “Les Provinciales et l’axiomatique des probabilités”, La campagne des Provinciales, Chroniques de Port-Royal, 58, Paris, 2008, p. 189-197.

Dictionnaire de théologie catholique, art. Probabilisme (étude par le P. Deman).

Les Provinciales ou lettres écrites par Louis de Montalte..., Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, 1700 [Notes de Nicole-Wendrock, traduites par Mlle de Joncoux].

Ludovici Montaltii Litterae provinciales de morali et politica jesuitarum disciplina a Willelmo Wendrockio... translatae, Coloniae apud Nicolaum Schouten, 1658.

MESNARD Jean, “Pascal et le problème moral”, La culture du XVIIe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 355-362.

 

Sur la casuistique et son histoire, voir

BOARINI Serge, La casuistique classique : genèse, formes, devenir, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2009.

HURTUBISE Pierre, La casuistique dans tous ses états. De Martin Azpilcueta à Alphonse de Liguori, Ottawa, Novalis, 2005, p. 68 sq.

PONTAS, Dictionnaire des cas de conscience ou décisions, par ordre alphabétique, des plus considérables difficultés touchant la morale et la discipline ecclésiastique, article Probabilisme, publié par l’abbé Migne, 1847, t. 1, p. 395 sq.

THIROUIN Laurent, Le hasard et les règles, Paris, Vrin, 1991.

TOULMIN Stephen et JONSEN Albert R., The abuse of casuistry. A history of moral reasoning, Los Angeles-London, University of California Press, 1988.

 

 

Éclaircissements

 

Mais est‑il probable que la probabilité assure ?

 

L’ouverture sur le mot Mais implique qu’il s’agit d’une réponse dans un dialogue qui doit ressembler à l’entretien de « Montalte » avec le père jésuite sur la casuistique dans les Provinciales. Mais le fragment est tout de même profondément lié au fond des Pensées, dont l’objet est de susciter une véritable recherche, et non de proposer au lecteur une illusoire tranquillité de conscience. Voir le dossier thématique sur le dialogue.

Le mot de probabilité chez Pascal n’a pas le même sens que de nos jours. Dans le Traité du triangle arithmétique, qui contient les fondements du calcul des probabilités au sens actuel, Pascal n’emploie jamais le terme de probabilité (voir sur ce point le livre de Laurent Thirouin, Le hasard et les règles) ; il emploie le terme spécialisé de partis : probabilité n’apparaît que dans les Provinciales, dans le domaine de la théologie morale.

D’autre part, la probabilité est envisagée dans les Provinciales sous un angle très particulier, celui des opinions probables des casuistes dont les jésuites sont les promoteurs et les défenseurs. Nous n’entrerons pas ici dans une explication approfondie de la pensée de Pascal sur la probabilité ni sur la casuistique, pour laquelle on doit renvoyer aux Provinciales et à la littérature critique afférente.

Nous distinguerons deux aspects, le point de vue logique et le point de vue moral.

Sur le sens logique de la probabilité, Pascal ne s’est pas exprimé explicitement. Sa pensée est cependant parfaitement nette. On en trouve un écho et une reformulation dans les notes de Nicole-Wendrock sur la Ve Provinciale dans les éditions collectives qui ont été publiées en latin d’abord, et en français ensuite, avec la traduction de ces notes par Mlle de Joncoux.

Ludovici Montaltii Litterae provinciales de morali et politica jesuitarum disciplina a Willelmo Wendrockio... translatae, Coloniae apud Nicolaum Schouten, 1658.

Les Provinciales ou lettres écrites par Louis de Montalte..., Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, 1700.

L’une des notes de cette édition contient une ample Dissertation théologique sur la probabilité due à Antoine Arnauld, dont la lecture est vivement conseillée.

Voir Descotes Dominique, “Les Provinciales et l’axiomatique des probabilités”, La campagne des Provinciales, Chroniques de Port-Royal, 58, Paris, 2008, p. 189-197.

Dans la langue de l’époque, probable signifie incertain, quoique susceptible d’être appuyé sur quelques raisons. C’est en quelque sorte du démontrable en attente. Aussi les casuistes probabilistes tirent-ils le sens du mot en faveur de leur discipline. Pascal cite les définitions qu’il donnent :

Provinciale V, § 15. « Nos auteurs », dit le jésuite, « vous y répondront mieux que moi, dit-il. Voici comme ils en parlent tous généralement [...] : Une opinion est appelée probable, lorsqu’elle est fondée sur des raisons de quelque considération » (cité d’après le jésuite Escobar y Mendoza Antoine (1589-1669), auteur d’un Liber Theologiae moralis viginti et quatuor Societatis Jesu doctoribus reseratus. Lyon, 1644 ; voir Examen III, cap. III, De conscientia probabili). Une opinion probable est donc pour les casuistes une opinion qui n’est pas prouvée vraie, mais que l’on a des raisons de penser telle et qui sera peut-être démontrée un jour. Contrairement au vrai et au faux, la probabilité d’une opinion est fonction du poids des raisons qui l’appuient, de sorte que le probable comporte du plus et du moins : il peut diminuer indéfiniment sans atteindre la fausseté (une opinion démontrée fausse n’est par définition jamais probable), ou grandir indéfiniment sans atteindre la certitude (une opinion démontrée n’est plus probable, mais vraie).

Pascal poursuit, dans la Provinciale V, 14 : « D’où il arrive quelquefois qu’un seul docteur fort grave peut rendre une opinion probable. Et en voici la raison : car un homme adonné particulièrement à l’étude ne s’attacherait pas à une opinion, s’il n’y était attiré par une raison bonne et suffisante » (Voir Escobar, Liber theologiae moralis). Cette définition tend à faire de la probabilité un caractère intrinsèque de la proposition envisagée : lorsqu’une opinion a été jugée probable par un docteur en théologie « grave », elle devient probable en elle-même, et doit l’être pour tout le monde : la probabilité devient comme un caractère objectif d’une opinion. Il en résulte aussi que deux opinions contraires peuvent être probables, si elles sont soutenues chacune par un docteur grave ; deux casuistes peuvent être « de contraires avis ; mais, parce qu’ils étaient tous deux savants, chacun rend son opinion probable » : selon Diana, « Ponce et Sanchez sont de contraires avis ; mais, parce qu’ils étaient tous deux savants, chacun rend son opinion probable » (Provinciale V, § 17).

Dans la casuistique, les opinions des casuistes se contredisent, mais sans s’entredétruire : « l’affirmative et la négative de la plupart des opinions ont chacune quelque probabilité, au jugement de nos docteurs », explique le bon Père Jésuite, « et assez pour être suivies avec sûreté de conscience. Ce n’est pas que le pour et le contre soient ensemble véritables dans le même sens, cela est impossible ; mais c’est seulement qu’ils sont ensemble probables, et sûrs par conséquent ». Les opinions probables ne se suppriment pas entre elles : elles se renforcent et confirment du même coup l’ensemble du système de la probabilité.

Dans le monde des probabilités, comme une opinion ne supprime pas l’opinion contraire, ni ne peut être supprimée par elle, comme dit le fragment Laf. 653, Sel. 537, seule l’addition est admise : Chacun peut mettre, puisque n’importe quel docteur grave peut inventer des maximes selon sa fantaisie, mais nul ne peut ôter. Par conséquent le raisonnement par l’absurde qui, en géométrie, permet de décider de la vérité d’une proposition en dernière instance, n’a pas lieu dans le domaine des opinions probables, où la proposition et sa contradictoire subsistent ensemble. Ainsi s’explique la prolifération cancéreuse des opinions probables, caricature du développement à l’infini des sciences.

Ce qui a dû frapper Pascal, c’est que cette doctrine, se passant du principe de contradiction, ne comporte aucune limite interne. Une fois la définition fondamentale de l’opinion probable admise, elle forme un corps sur lequel la réfutation n’a aucune prise. Comme le doute radical de Montaigne, elle est au-delà des atteintes de la raison et de l’esprit géométrique : elle est proprement irréfutable. S’il y a moyen de s’opposer à la doctrine des probabilités, ce n’est pas parce qu’elle enferme une contradiction interne, mais parce qu’elle conduit à des conséquences insupportables d’un point de vue qui n’est pas celui des casuistes. C’est la conclusion de la Xe Provinciale : lorsque le jésuite déclare que les casuistes détruisent la loi fondamentale d’amour de Dieu, « Montalte » rompt la conférence et le plante là. Le casuiste est récusé, mais non réfuté à proprement parler.

Pascal et les augustiniens ne nient pas l’existence d’opinions probables. Mais ils les envisagent sous un autre angle. Le probable n’existe pas en lui-même, il n’y a pas d’opinion essentiellement probable : il est toujours relatif à une certaine disposition de l’esprit, qui se trouve dans l’ignorance si une idée est en elle-même vraie ou fausse. Arnauld l’explique clairement dans sa Dissertation théologique sur la probabilité (tr. Joncoux, I, éd. 1700, p. 107 sq.) : « On peut considérer toutes les opinions sur la morale, ou absolument et en elles-mêmes, ou par rapport à nous, et au degré de connaissance que nous en avons. Si on les regarde absolument et en elles-mêmes, elles sont toutes ou vraies ou fausses : il n’y en a point de probables : car ce qui est faux n’est point probable, mais improbable ; et ce qui est vrai est plus que probable, puisqu’il est tout à fait certain. Ainsi il n’y a rien de probable à l’égard de Dieu, qui voit toutes choses telles qu’elles sont en elles-mêmes ». En revanche, « si on regarde ces mêmes opinions par rapport à notre manière de les concevoir, alors il faut en admettre un autre genre, qui est celui des opinions probables » : « comme il y a des opinions dont on connaît certainement la vérité, d’autres dont on connaît certainement la fausseté, il y en a aussi dont certaines personnes ne connaissent pas évidemment la fausseté ou la vérité ; et celles-là à l’égard de ces personnes, sont appelées probables ou douteuses ». Autrement dit, « la probabilité des opinions ne vient que des ténèbres de l’esprit humain », dont elle manifeste la faiblesse : le doute et l’incertitude sont toujours relatifs à un esprit, dont ils marquent l’impuissance à connaître ou à comprendre telle chose ou telle vérité. Dans la mesure où le doute se définit comme l’incapacité à connaître alors que l’on veut connaître, c’est une misère au sens technique des Pensées, c’est-à-dire, suivant l’expression de Jean Mesnard, vouloir sans pouvoir. « Il s’ensuit de là que nous trouvons plus ou moins d’opinions probables à proportion que notre esprit est plus ou moins éclairé par la lumière de la vérité ». La probabilité caractérise une pensée ou une proposition, non un fait : dire qu’un événement est probable, signifie que l’on voit aussi peu de raisons pour qu’il arrive ou n’arrive pas. On est loin de la conception objectiviste qui définit la probabilité d’un événement par sa fréquence sur une longue durée.

De ce fait, Arnauld tend à identifier probable et douteux. Mais dans le doute, il ne faut pas se contenter de dormir dans une paix spirituelle profonde. Pascal pense au contraire en tutioriste : « Je ne me contente pas du probable, [...] je cherche le sûr », ce qui conduit en général à prendre un parti plus exigeant.

Le présent fragment ne se comprend qu’une fois ces fondements bien compris. La question ne porte pas sur une opinion supposée probable particulière. Le texte est plus général : la question porte donc sur la probabilité en elle-même ; il ne s’agit pas de savoir si la validité d’une opinion donnée est probable ou non, mais si la doctrine des probabilités dans son ensemble peut être créditée, non pas d’une certitude quelconque, mais même d’une certaine probabilité : la probabilité, quelle que soit l’opinion supposée probable, mérite-t-elle que lui accorde sa confiance ? Il n’est certainement pas vrai que la probabilité donne l’assurance de ne pas pécher, pense Pascal, pour les raisons que nous avons expliquées. Mais demande Pascal, peut-on même dire qu’il est probable que la probabilité d’une opinion puisse donner une assurance ? Le problème est donc pour ainsi dire du degré supérieur : il met en cause la doctrine des opinions probables dans son ensemble. Pascal entend visiblement qu’il n’est même pas probable que la probabilité assure.

Probabilité qualifie une opinion. Assurance qualifie une action. Une opinion qui semble probable dans la théorie donne une assurance morale dans la pratique. Il ne faut donc pas confondre ces deux ordres de choses différents.

 

Différence entre repos et sûreté de conscience. Rien ne donne l’assurance que la vérité. Rien ne donne le repos que la recherche sincère de la vérité.

 

Aux yeux de Pascal, les conséquences de la doctrine des probabilistes sont catastrophiques non seulement pour la morale, mais pour la pensée en général.

Car il pense que, comme il n’est jamais difficile de trouver des arguments en faveur de quelque opinion que ce soit, et que l’appui d’un « docteur grave » et savant est lui-même une raison de l’admettre, on devine qu’il est aisé de se mettre en sûreté de conscience sur toute opinion, du moment qu’on la trouve bonne.

La question que pose Pascal touche la sûreté de la conscience chez les fidèles qui suivent le probabilisme des casuistes probabilistes. Il ne s’agit plus d’une question de logique, mais de l’attitude spirituelle qui en découle. C’est proprement l’objet de la deuxième partie du fragment.

Le principe des casuistes est que, dès lors qu’une opinion est probable, même si elle est très peu probable, elle met le fidèle qui la suit en sûreté de conscience, c’est-à-dire qu’il peut le suivre sans compromettre son salut. Dès lors que la conscience se sent en sûreté, l’homme n’a plus besoin de rechercher le bien, puisqu’il est sûr de le posséder. Comme la recherche du bien ne peut se faire, pour un augustinien comme Pascal, que par le moyen de la prière, c’est toute la vie spirituelle chrétienne qui se trouve détruite par les conséquences de la doctrine des opinions probables. La tendance innée de l’homme soumis à la concupiscence est alors de suivre la voie qui lui semble la plus plaisante, qui satisfait sa cupidité.

La doctrine des opinions probables permet ainsi aux fidèles de choisir en toute tranquillité de conscience la conduite qui leur plaît, et non celle qui est conforme à la morale chrétienne : voir Provinciale V, § 18 :

« Mais, mon Père, lui dis-je, on doit être bien embarrassé à choisir alors ! Point du tout, dit-il, il n’y a qu’à suivre l’avis qui agrée le plus. Et quoi ! si l’autre est plus probable ? Il n’importe, me dit-il. Et si l’autre est plus sûr ? Il n’importe, me dit encore le Père ; [...] Nous voici bien au large, lui dis-je, mon Révérend Père, grâces à vos opinions probables. Nous avons une belle liberté de conscience. Et vous autres casuistes, avez-vous la même liberté dans vos réponses ? Oui, me dit-il, nous répondons aussi ce qu’il nous plaît, ou plutôt ce qu’il plaît à ceux qui nous interrogent [...]. Voici les paroles de Layman, que le livre de nos vingt-quatre a suivies : Un docteur étant consulté peut donner un conseil, non seulement probable selon son opinion, mais contraire à son opinion, s’il est estimé probable par d’autres, lorsque cet avis contraire au sien se rencontre plus favorable et plus agréable à celui qui le consulte, si forte baec illi favorabilior seu exoptatior sit. »

Mais par « ce qui plaît », un augustinien comme Pascal entend naturellement la concupiscence. Il l’indique dans le premier Écrit des curés de Paris, § 6 : « On voit, en ce peu de mots, l’esprit de ces casuistes, et comment, en détruisant les règles de la piété, ils font succéder au précepte de l’Écriture, qui nous oblige de rapporter toutes nos actions à Dieu, une permission brutale de les rapporter toutes à nous-mêmes : c’est-à-dire, qu’au lieu que Jésus-Christ est venu pour amortir en nous les concupiscences du vieil homme, et y faire régner la charité de l’homme nouveau, ceux-ci sont venus pour faire revivre les concupiscences et éteindre l’amour de Dieu, dont ils dispensent les hommes, et déclarent que c’est assez pourvu qu’on ne le haïsse pas. »

Pascal stigmatise cette tentation dans la quinzième Provinciale (§ 5) à propos de l’autorisation de la calomnie par les casuistes :

« Ô théologie abominable et si corrompue en tous ses chefs que si, selon ses maximes, il n’était probable et sûr en conscience qu’on peut calomnier sans crime pour conserver son honneur, à peine y aurait-il aucune de ses décisions qui fût sûre ? Qu’il est vraisemblable, mes Pères, que ceux qui tiennent ce principe le mettent quelquefois en pratique ! L’inclination corrompue des hommes s’y porte d’elle-même avec tant d’impétuosité qu’il est incroyable qu’en levant l’obstacle de la conscience, elle ne se répande avec toute sa véhémence naturelle ».

Mesnard Jean, “Pascal et le problème moral”, La culture du XVIIe siècle, p. 355-362. Pascal s’en prend ici à la recherche de la sûreté de conscience, ou de ce que nous appellerions le confort moral ou intellectuel. La bonne conscience n’est pas une attitude morale saine à ses yeux. L’action bonne ne s’accompagne pas nécessairement d’un sentiment de sécurité, obtenu par l’abdication de l’effort personnel et soumission à un casuiste soi-disant « grave ». Pascal croit à la nécessité du scrupule, de l’insatisfaction et du désir. La véritable assurance ne se trouve que dans une recherche incessante et non dans une sécurité à la manière des pharisiens. Le scrupule est le moteur de la recherche ; l’étouffer, c’est glisser vers le légalisme, laisser libre cours à la concupiscence.

Sur la recherche sincère de la vérité : voir le dossier thématique La recherche de Dieu.

L’idée sous-jacente à ce jugement est formulée dans la Pensée n° 12M (Laf. 926, Sel. 755) : l’orgueil humain est tel que l’on se fait une idole de la vérité même, car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole qu’il ne faut point aimer ni adorer, et encore moins faut-il aimer ou adorer son contraire, qui est le mensonge. La persuasion de détenir en toute bonne conscience la vérité conduit tout à la fois au dogmatisme et à l’abandon de la recherche d’une vérité que l’on est persuadé de posséder déjà.

Ce principe a des applications différentes.

Dans les Pensées Pascal reproche au libertin paresseux ou à son ami Mitton leur refus de la recherche : voir Miracles II (Laf. 853, Sel. 433). Reprocher à Mitton de ne point se remuer quand Dieu le reprochera.

Mais il s’adresse aussi aux chrétiens qui trouvent leur confort moral sous la direction des casuistes corrompus, en leur rappelant que la caution des docteurs probabilistes ne leur vaudra aucune indulgence pour leurs fautes. Voir le Projet de mandement, § 13.

« Nous [sc. l’évêque qui devait publier le Mandement en question] déclarons donc hautement que ceux qui seraient dans ces erreurs seraient absolument inexcusables de recevoir la fausseté de ces mains étrangères, qui la leur offrent au préjudice de la vérité qui leur est présentée par les mains paternelles de leurs propres pasteurs ; et qu’ils soient doublement coupables dans ces impiétés, et pour avoir reçu des opinions qu’ils ne devaient jamais admettre, et pour les avoir reçues de ceux qu’ils ne devaient point écouter. »

Et de même dans la Provinciale XI, § 16-19, qui contient un ample développement dans le même esprit.