Fragment Loi figurative n° 9 / 31 – Papier original : RO 15-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Loi figurative n° 298 p. 125 v° / C2 : p. 152
Éditions savantes : Faugère II, 254, XIX / Michaut 28 / Brunschvicg 679 / Tourneur p. 257-3 / Le Guern 237 / Lafuma 253 / Sellier 285
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Bibliographie ✍
DE LUBAC Henri, Exégèse médiévale, Les quatre sens de l’Écriture, II, 2, Paris, Aubier, 1964. DE NADAÏ Jean-Christophe, Jésus selon Pascal, Paris, Desclée, 2008. JANSENIUS Cornelius, Augustinus, tome III, Louvain, Zeger, 1640,. MESNARD Jean, “La théorie des figuratifs dans les Pensées de Pascal”, La culture du XVIIe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1992. MESNARD, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993, p. 258. SELLIER Philippe, Pascal et la liturgie, Paris, Presses Universitaires de France, 1966, p. 75. SELLIER, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970, p. 34. SELLIER Philippe, “Jésus-Christ chez Pascal”, in Port-Royal et la littérature, II, Pascal, Paris, Champion, 2010. |
✧ Éclaircissements
Sellier Philippe, Pascal et la liturgie, p. 75. Sellier date ce fragment du lundi ou du mardi de Pâques : il rappelle l’antienne des petites Heures pour les derniers jours saints, Humiliavit semetipsum usque ad mortem, mortem autem crucis ; la préface de Pâques et du temps pascal, Mortem… moriendo destruxit ; et l’Évangile du lundi de Pâques, Luc, XXIV, 13-25, v. 33 et 26. L’oraison du même jour demande pour le peuple de Dieu perfectam libertatem. Une date possible serait le lundi 22 avril, Pâques 1658.
Figures.
Jésus-Christ leur ouvrit l’esprit pour entendre les Écritures.
Allusion à l’épisode des pèlerins d’Emmaüs, dans Luc, XXIV, 27, « Et commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur expliquait ce qui avait été dit de lui dans toutes les Écritures » ; et 32, « Alors ils se dirent l’un à l’autre : N’est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant dans nous, lorsqu’il nous parlait durant le chemin, et qu’il nous expliquait les Écritures ? »
Deux grandes ouvertures sont celles‑là :
Ouverture : se dit figurément en morale des avis, des expédients qu’on trouve dans les jugements, dans les affaires, qui en avancent le succès. Voilà une bonne ouverture pour vous faire sortir de cette mauvaise affaire ; votre partie vous en a fait elle-même l’ouverture. L’ouverture de cet avis a entraîné tous les juges (Furetière).
Loi figurative 5 (Laf. 249, Sel. 281). Clef du chiffre.
1. Toutes choses leur arrivaient en figures.
Saint Paul, Épître aux Corinthiens, X, 11. « Or toutes ces choses qui leur arrivaient étaient des figures ; et elles ont été écrites pour nous servir d’instruction à nous autres, qui nous trouvons à la fin des temps » (tr. Sacy).
Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299). Figures. La lettre tue - Tout arrivait en figures.
Loi figurative 5 (Laf. 249, Sel. 281). Figuratives. Clef du chiffre. Veri adoratores.
La figure ouvre l’esprit à la vérité spirituelle : Pascal insiste ici sur l’adjectif vrai et l’adverbe vraiment. Les expressions semblables à Vrais adorateurs, dont Pascal a établi une liste, sont des additions au texte principal, destinées à préciser le sens de la notion de figure. Elles ont une structure complexe : l’adjectif vrai sert à mettre en cause la signification du mot qu’il accompagne, dans la mesure où il implique que le sens auquel on l’entend ordinairement n’est pas le bon, comme l’indique Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299) : Vous seriez vraiment libres ; donc l’autre liberté, savoir la liberté politique, n’est qu’une figure de liberté ; la seule vraie liberté est celle qui délivre des chaînes du péché. Voir Descotes Dominique, L’argumentation chez Pascal, p. 243. Voir aussi les textes suivants :
Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299). Circoncision du cœur, vrai jeûne, vrai sacrifice, vrai temple : les prophètes ont indiqué qu’il fallait que tout cela fût spirituel.
Laf. 818, Sel. 660. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel. Moïse ne vous a point tirés de captivité et ne vous a pas rendus véritablement libres.
De ce fait, la notion de figure, qui renvoie toute la vérité aux réalités spirituelles, ne laisse plus au sens littéral aucune réalité substantielle : il perd pour ainsi dire toute consistance, et il ne peut avoir qu’une fonction de signe de ce qui le dépasse.
Cette idée ne présente pas de difficulté lorsque l’on envisage les prophéties : on comprend aisément que, dans leurs livres, les prophètes annoncent des biens charnels et matériels, mais qu’ils entendent par là des réalités spirituelles. Cependant, la formule de saint Paul que Pascal reprend ici, « Toutes choses leur arrivaient en figures », a un sens plus précis : ce sont les événements de l’histoire sainte, ceux que relatent les auteurs sacrés, qui sont figuratifs. Voir sur ce point le commentaire de Jean Mesnard, Les Pensées de Pascal, 2e éd., 1993, p. 258 : « On pourrait hésiter à considérer cette exégèse des prophéties comme du même type que celle de l’histoire et de la loi. Dans le cas des prophéties, l’opposition entre la lettre et l’esprit est interne au langage et le sens littéral n’a pas de réalité ». Mais dans le cas de l’histoire et de la Loi, « une réalité tangible sert de support à l’interprétation figurative ». La différence n’est cependant pas essentielle, car « en fait pour Pascal, le langage est la structure de toutes choses. Dieu s’exprime par les événements, comme il le fait par les mots du texte sacré : c’est bien ainsi que les Juifs concevaient leur histoire. Dans tous les cas, le sens littéral cache le sens figuré. Comme les figures employées par les prophètes, les événements et les rites, pris à la lettre, empêchent de comprendre l’intention de Dieu, qui est d’en faire le signe d’une autre chose. La vérité, dissimulée par la lettre, réside toujours dans la fin vers laquelle tendent les figures. Pour le lecteur d’aujourd’hui, où toute l’histoire juive est réduite effectivement à l’état de langage, l’Ancien Testament offre un contenu d’une parfaite unité. Il « n’est que figuratif ».
C’est donc au sens strict que toutes choses arrivent en figures.
De Lubac Henri, Exégèse médiévale, II, 2, p. 60. Comme dit saint Paul, omnia in figura. Cela englobe toute la loi ancienne, et toute l’histoire sainte. Importance de cette formule chez saint Augustin : p. 62-63. Tout arrivait en figure parce que tout est propter nos, pour nous ; tout nous concerne dans l’Ancien Testament : p. 63. Le peuple juif, dans sa vie, son histoire et son langage, est tout entier figuratif : p. 81.
On n’est pas loin de la pensée de Jansénius, Augustinus, t. III, l. III, ch. VI, Quis fuerit veteis Testamenti et hominum sub eo viventium fuse declaratur, col. 282, qui soutient que « nihil aliud fuisse Testamentum illud perspicuum est nisi magnam quasi comoediam, quae non tam propter per seipsam quam propter id cui praefigurando serviebat, hoc est, propter Testamentum novum ». Les histoires que rapporte le vieux Testament ne sont en réalité qu’une grande comédie dont les épisodes n’ont pas de valeur propre, mais sont tous des symboles des réalités spirituelles que révélera le Nouveau Testament. Voir Mesnard Jean, “La théorie des figuratifs dans les Pensées de Pascal”, La culture du XVIIe siècle, p. 432.
La notion de figure marque la vanité du monde, par opposition à la seule vérité, la grandeur de Dieu. Voir Orcibal Jean, La spiritualité de Saint-Cyran, p. 10-11.
Vere Israelita,
Jean, I, XLVII : « Jésus voyant Nathanaël, qui le venait trouver, dit de lui : Voici un vrai Israélite sans déguisement et sans feinte ».
Vere liberi,
Jean, VIII, 36 : « Si donc le Fils vous met en liberté, vous serez véritablement libres ».
Laf. 818, Sel. 660. Moïse ne vous a point tirés de captivité et ne vous a pas rendus véritablement libres.
Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299). Vous seriez vraiment libres ; donc l’autre liberté n’est qu’une figure de liberté.
Voir Laf. 807, Sel. 654. Joh. 8. Dicebat ergo Jesus, si manseritis vere mei discipuli eritis et veritas liberabit vos.
Responderunt semen Abrahae sumus et nemini servimus unquam.
Il y a bien de la différence entre les disciples et les vrais disciples. On les reconnaît en leur disant que la vérité les rendra libres. Car ils répondent qu’ils sont libres et qu’il est en eux de sortir de l’esclavage du diable. Ils sont bien disciples, mais non pas vrais disciples.
Vrai pain du ciel.
L’expression vrai pain du ciel est tirée de Jean, VI, 32, « Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel ».
Laf. 818, Sel. 660. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel.
Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299). Je suis le vrai pain du ciel.
L’expression le pain du ciel fait allusion à l’épisode de la manne accordée par Dieu aux Juifs dans le désert, Exode, XVI, 4 : « Le Seigneur dit à Moïse : Je vais vous faire pleuvoir des pains du ciel : que le peuple aille en amasser ce qui lui suffira pour chaque jour, afin que j’éprouve s’il marche ou non dans ma loi » ; v. 8 : « Moïse ajouta : Le Seigneur [...] au matin [...] vous rassasiera de pains » ; et v. 14-15 : « La surface de la terre en étant couverte, on vit paraître dans le désert quelque chose de menu et comme pilé au mortier, qui ressemblait à ces petits grains de gelée blanche qui pendant l’hiver tombent sur la terre. Ce que les enfants d’Israël ayant vu, ils se dirent l’un à l’autre : Manhu ? c’est-à-dire : Qu’est-ce que cela ? Car ils ne savaient ce que c’était. Moïse leur dit : C’est là le pain que le Seigneur vous donne à manger ».
Le commentaire de Sacy sur le sens spirituel de cet épisode comporte une comparaison entre la manne et l’eucharistie.
2. Un Dieu humilié jusqu’à la croix. Il a fallu que le Christ ait souffert pour entrer en sa gloire. Qu’il vaincrait la mort par sa mort.
La dernière formule est une addition.
Sellier Philippe, “Jésus-Christ chez Pascal”, in Port-Royal et la littérature, II, Pascal, p. 495 sq. Sur l’anéantissement et la kénose du Christ, qui constituent l’une des grandes ouvertures que le Christ incarné est venu révéler au monde.
Le Dieu humilié jusqu’à la Croix : Ép. Phil. II, 8, « Il s’est rabaissé lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, et jusqu’à la mort de la croix ».
Luc, XXIV, 26 : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît et qu’il entrât ainsi dans sa gloire ? ».
Sur le thème du Dieu humilié : voir Fondement 18 (Laf. 241, Sel. 273). Un Dieu humilié, et jusqu’à la mort de la croix. Deux natures en Jésus-Christ. Deux avènements. Deux états de la nature de l’homme. Un Messie triomphant de la mort par sa mort.
Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299). Figures. La lettre tue - Tout arrivait en figures - Il fallait que le Christ souffrît - Un Dieu humilié - Voilà le chiffre que St Paul nous donne.
De Nadaï Jean-Christophe, Jésus selon Pascal, Paris, Desclée, 2008, p. 40 sq. L’Incarnation comme anéantissement, dans l’héritage bérullien. Exinanition de la personne divine du Verbe en la nature créée : p. 41. L’anéantissement de la condition divine dans la condition humaine en Jésus : en se faisant homme, le Verbe de Dieu renoncerait à exercer sa puissance propre, de sorte que Jésus aurait à demander pour soi-même la puissance du Saint-Esprit : p. 164-165. L’âme du Christ représentée destituée de toute consolation divine selon le Mémorial : p. 166. Voir p. 247 sq., sur l’agonie du Christ.
La contrepartie de ce thème de la kénose du Christ se trouve dans le fragment Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339), sur la grandeur cachée du Christ dans son humiliation même.
Sur le triomphe sur la mort, voir Sellier Ph., Pascal et saint Augustin, p. 34.
Fondement 18 (Laf. 241, Sel. 273). Un Dieu humilié, et jusqu’à la mort de la croix. Deux natures en Jésus-Christ. Deux avènements. Deux états de la nature de l’homme. Un Messie triomphant de la mort par sa mort.
Laf. 818, Sel. 660. La victoire sur la mort.
Deux avènements.
Le premier avènement est celui par lequel le Christ est venu sur la terre annoncer l’Évangile et racheter les hommes par la crucifixion.
Le second avènement est le retour glorieux du Christ à la fin du monde, pour juger les hommes.
A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182). Ce n’est pas en cette sorte qu’il a voulu paraître dans son avènement de douceur, parce que tant d’hommes se rendant indignes de sa clémence il a voulu les laisser dans la privation du bien qu’ils ne veulent pas. Il n’était donc pas juste qu’il parût d’une manière manifestement divine et absolument capable de convaincre tous les hommes. Mais il n’était pas juste aussi qu’il vînt d’une manière si cachée qu’il ne pût être reconnu de ceux qui le chercheraient sincèrement. Il a voulu se rendre parfaitement connaissable à ceux‑là. Et ainsi voulant paraître à découvert à ceux qui le cherchent de tout leur cœur, et caché à ceux qui le fuient de tout leur cœur, il a tempéré...
Le fragment Loi figurative 29 (Laf. 274, Sel. 305) signale que même les rabbins admettent qu’il doit y avoir deux avènements du Messie.
Fondement 1 (Laf. 223, Sel. 256). Il faut mettre au chapitre des fondements ce qui est en celui des figuratifs touchant la cause des figures. Pourquoi Jésus-Christ prophétisé en son premier avènement, pourquoi prophétisé obscurément en la manière.
Fondement 18 (Laf. 241, Sel. 273). Un Dieu humilié, et jusqu’à la mort de la croix. Deux natures en Jésus-Christ. Deux avènements. Deux états de la nature de l’homme. Un Messie triomphant de la mort par sa mort.
Loi figurative 15 (Laf. 260, Sel. 291). Les prophètes ont dit clairement qu’Israël serait toujours aimé de Dieu et que la loi serait éternelle et ils ont dit que l’on n’entendrait point leur sens et qu’il était voilé. Et d’autant plus qu’on y trouve des contrariétés manifestes dans le sens littéral. Combien doit-on donc estimer ceux qui nous découvrent le chiffre et nous apprennent à connaître le sens caché, et principalement quand les principes qu’ils en prennent sont tout à fait naturels et clairs ? C’est ce qu’a fait J.-C. et les apôtres. Ils ont levé le sceau. Il a rompu le voile et a découvert l’esprit. Ils nous ont appris pour cela que les ennemis de l’homme sont ses passions, que le rédempteur serait spirituel et son règne spirituel, qu’il y aurait deux avènements, l’un de misère pour abaisser l’homme superbe, l’autre de gloire pour élever l’homme humilié, que J.-C. serait Dieu et homme.
Loi figurative 16 (Laf. 261, Sel. 292). Le temps du premier avènement est prédit, le temps du second ne l’est point, parce que le premier devait être caché, le second devait être éclatant, et tellement manifeste que ses ennemis mêmes le devaient reconnaître, mais comme il ne devait venir qu’obscurément et que pour être connu de ceux qui sonderaient les Écritures...
La comparaison de l’avènement du Christ avec le pain est proposée dans la lettre de Pascal à Melle de Roannez n° 4, 29 octobre 1656, OC III, p. 1005. Texte p. 1035 sq. Voir p. 1006 pour la date. « Il y a si peu de personnes à qui Dieu se fasse paraître par ces coups extraordinaires, qu’on doit bien profiter de ces occasions, puisqu’il ne sort du secret de la nature qui le couvre que pour exciter notre foi à le servir avec d’autant plus d’ardeur que nous le connaissons avec plus de certitude.
Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n’y aurait point de mérite à le croire ; et s’il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. Mais il se cache ordinairement, et se découvre rarement à ceux qu’il veut engager dans son service. Cet étrange secret, dans lequel Dieu s’est retiré, impénétrable à la vue des hommes, est une grande leçon pour nous porter à la solitude loin de la vue des hommes. Il est demeuré caché, sous le voile de la nature qui nous le couvre, jusque l’Incarnation ; et quand il a fallu qu’il ait paru, il est encore plus caché en se couvrant de l’humanité. Il était bien plus reconnaissable quand il était invisible, que non pas quand il s’est rendu visible. Et enfin, quand il a voulu accomplir la promesse qu’il fit à ses apôtres de demeurer avec les hommes jusqu’à son dernier avènement, il a choisi d’y demeurer dans le plus étrange et le plus obscur secret de tous, qui sont les espèces de l’Eucharistie. C’est ce sacrement que saint Jean appelle dans l’Apocalypse une manne cachée ; et je crois qu’Isaïe le voyait en cet état, lorsqu’il dit en esprit de prophétie : « Véritablement tu es un Dieu caché. » C’est là le dernier secret où il peut être. Le voile de la nature qui couvre Dieu a été pénétré par plusieurs infidèles, qui, comme dit saint Paul, ont reconnu un Dieu invisible par la nature visible. Les chrétiens hérétiques l’ont connu à travers son humanité, et adorent Jésus-Christ Dieu et homme. Mais de le reconnaître sous des espèces de pain, c’est le propre des seuls catholiques : il n’y a que nous que Dieu éclaire jusque-là. On peut ajouter à ces considérations le secret de l’esprit de Dieu caché encore dans l’Écriture. Car il y a deux sens parfaits, le littéral et le mystique ; et les Juifs s’arrêtant à l’un ne pensent pas seulement qu’il y en ait un autre et ne songent pas à le chercher ; de même que les impies, voyant les effets naturels, les attribuent à la nature, sans penser qu’il y en ait un autre auteur ; et comme les Juifs, voyant un homme parfait en Jésus-Christ, n’ont pas pensé à y chercher une autre nature : « Nous n’avons pas pensé que ce fût lui », dit encore Isaïe ; et de même enfin que les hérétiques, voyant les apparences parfaites du pain dans l’Eucharistie, ne pensent pas à y chercher une autre substance. Toutes choses couvrent quelque mystère ; toutes choses sont des voiles qui couvrent Dieu. Les Chrétiens doivent le reconnaître en tout. Les afflictions temporelles couvrent les maux éternels qu’elles causent. Prions Dieu de nous le faire reconnaître et servir en tout ; et rendons-lui des grâces infinies de ce que, s’étant caché en toutes choses pour les autres, il s’est découvert en toutes choses et en tant de manières pour nous. »