L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 269

voyant point de corps dont on dépende,

l’on croit ne dépendre que de

soi, et l’on veut se faire centre et

corps soi-même. Mais on se trouve

en cet état comme un membre séparé

de son corps, qui n’ayant point en

soi de principe de vie, ne fait que

s’égarer et s’étonner dans l’incertitude

de son être. Enfin quand on commence

à se connaître, l’on est comme

revenu chez soi ; on sent que l’on

n’est pas corps ; on comprend que

l’on n’est qu’un membre du corps universel ;

qu’être membre, est n’avoir

de vie, d’être et de mouvement, que

par l’esprit du corps et pour le corps ;

qu’un membre séparé du corps auquel

il appartient n’a plus qu’un être

périssant et mourant ; qu’ainsi l’on ne

doit s’aimer que pour ce corps, ou

plutôt qu’on ne doit aimer que lui,

parce qu’en l’aimant on s’aime soi-

même, puisqu’on n’a d’être qu’en

lui, par lui, et pour lui.

4.  Pour régler l’amour qu’on se

doit à soi-même, il faut s’imaginer un

corps composé de membres pensants ;

car nous sommes membres du tout ;

et voir comment chaque membre devrait

 

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