L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 270

s’aimer.

5.  Le corps aime la main, et

la main, si elle avait une volonté, devrait

s’aimer de la même sorte que le

corps l’aime. Tout amour qui va au-

delà est injuste.

6.  Si les pieds et les mains avaient

une volonté particulière, jamais

ils ne seraient dans leur ordre

qu’en la soumettant à celle du corps :

hors de là ils sont dans le désordre et

dans le malheur : mais en ne voulant

que le bien du corps, ils font leur

propre bien.

7.  Les membres de notre

corps ne sentent pas le bonheur de

leur union, de leur admirable intelligence,

du soin que la nature a d’y

influer les esprits, de les faire croître

et durer. S’ils étaient capables de le

connaître, et qu’ils se servissent de cette

connaissance pour retenir en eux-

mêmes la nourriture qu’ils reçoivent,

sans la laisser passer aux autres membres,

ils seraient non seulement injustes,

mais encore misérables, et se

haïraient plutôt que de s’aimer, leur

béatitude aussi bien que leur devoir

consistant à consentir à la conduite

 

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