Pensées - page 274
l’âme ? Et comment aimer le corps
ou l’âme, sinon pour ses qualités, qui
ne sont point ce qui fait ce moi, puisqu’elles
sont périssables ? Car aimerait-
on la substance de l’âme d’une
personne abstraitement, et quelques
qualités qui y fussent ? Cela ne se
peut, et serait injuste. On n’aime
donc jamais personne, mais seulement
les qualités. Ou si on aime la
personne, il faut dire que c’est l’assemblage
des qualités qui fait la personne.
15. Les choses qui nous tiennent
le plus au cœur ne sont rien le
plus souvent ; comme, par exemple,
de cacher qu’on ait peu de bien. C’est
un néant que notre imagination grossit
en montagne. Un autre tour d’imagination
nous le fait découvrir
sans peine.
16. Il y a des vices qui ne tiennent
à nous que par d’autres, et qui,
en ôtant le tronc, s’emportent comme
des branches.
17. Quand la malignité a la raison
de son côté, elle devient fière,
et étale la raison en tout son lustre.
Quand l’austérité ou le choix sévère |