L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 274

l’âme ? Et comment aimer le corps

ou l’âme, sinon pour ses qualités, qui

ne sont point ce qui fait ce moi, puisqu’elles

sont périssables ? Car aimerait-

on la substance de l’âme d’une

personne abstraitement, et quelques

qualités qui y fussent ? Cela ne se

peut, et serait injuste. On n’aime

donc jamais personne, mais seulement

les qualités. Ou si on aime la

personne, il faut dire que c’est l’assemblage

des qualités qui fait la personne.

15.   Les choses qui nous tiennent

le plus au cœur ne sont rien le

plus souvent ; comme, par exemple,

de cacher qu’on ait peu de bien. C’est

un néant que notre imagination grossit

en montagne. Un autre tour d’imagination

nous le fait découvrir

sans peine.

16.  Il y a des vices qui ne tiennent

à nous que par d’autres, et qui,

en ôtant le tronc, s’emportent comme

des branches.

17.  Quand la malignité a la raison

de son côté, elle devient fière,

et étale la raison en tout son lustre.

Quand l’austérité ou le choix sévère

 

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