L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 324

et qu’on passât tous les jours

en diverses occupations, comme quand

on fait un voyage, on souffrirait

presque autant que si cela était véritable,

et on appréhenderait le dormir,

comme on appréhende le réveil,

quand on craint d’entrer dans de tels

malheurs en effet. Et en effet il ferait

à peu près les mêmes maux que la

réalité. Mais parce que les songes

sont tous différents, et se diversifient,

ce qu’on y voit affecte bien moins

que ce qu’on voit en veillant, à cause

de la continuité, qui n’est pas pourtant

si continue et égale qu’elle ne

change aussi, mais moins brusquement,

si ce n’est rarement, comme

quand on voyage ; et alors on dit : il

me semble que je rêve : car la vie est

un songe un peu moins inconstant.

19.  Les Princes et les Rois se

jouent quelquefois. Ils ne sont pas

toujours sur leurs trônes ; ils s’y

ennuieraient. La grandeur a besoin

d’être quittée pour être sentie.

20.  Mon humeur ne dépend

guère du temps. J’ai mon brouillard

et mon beau temps au-dedans de moi.

Le bien et le mal de mes affaires même

 

 

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