L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 57

Je ne me servirai pas, pour vous

convaincre de son existence, de la foi

par laquelle nous la connaissons certainement,

ni de toutes les autres

preuves que nous en avons, puisque

vous ne les voulez pas recevoir. Je ne

veux agir avec vous que par vos principes

mêmes ; et je prétends vous

faire voir par la manière dont vous

raisonnez tous les jours sur les choses

de la moindre conséquence, de

quelle sorte vous devez raisonner en

celle-ci, et quel parti vous devez

prendre dans la décision de cette importante

question de l’existence de

Dieu. Vous dites donc que nous sommes

incapables de connaître s’il y a

un Dieu. Cependant il est certain que

Dieu est, ou qu’il n’est pas ; il n’y a

point de milieu. Mais de quel côté

pencherons-nous ? La raison, dites-

vous, n’y peut rien déterminer. Il y a

un chaos infini qui nous sépare. Il se

joue un jeu à cette distance infinie,

où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-

vous ? Par raison vous ne pouvez

assurer ni l’un ni l’autre ; par raison

vous ne pouvez nier aucun des deux.

Ne blâmez donc pas de fausseté

 

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