Pensées - page 57
Je ne me servirai pas, pour vous
convaincre de son existence, de la foi
par laquelle nous la connaissons certainement,
ni de toutes les autres
preuves que nous en avons, puisque
vous ne les voulez pas recevoir. Je ne
veux agir avec vous que par vos principes
mêmes ; et je prétends vous
faire voir par la manière dont vous
raisonnez tous les jours sur les choses
de la moindre conséquence, de
quelle sorte vous devez raisonner en
celle-ci, et quel parti vous devez
prendre dans la décision de cette importante
question de l’existence de
Dieu. Vous dites donc que nous sommes
incapables de connaître s’il y a
un Dieu. Cependant il est certain que
Dieu est, ou qu’il n’est pas ; il n’y a
point de milieu. Mais de quel côté
pencherons-nous ? La raison, dites-
vous, n’y peut rien déterminer. Il y a
un chaos infini qui nous sépare. Il se
joue un jeu à cette distance infinie,
où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-
vous ? Par raison vous ne pouvez
assurer ni l’un ni l’autre ; par raison
vous ne pouvez nier aucun des deux.
Ne blâmez donc pas de fausseté |