Pensées - page 73
IX.
Injustice, et corruption de
l’homme.
1. L’homme est visiblement fait
pour penser, c’est toute sa dignité,
et tout son mérite. Tout son
devoir est de penser comme il faut ; et
l’ordre de la pensée est de commencer
par soi, par son auteur, et sa fin.
Cependant à quoi pense-t-on dans le
monde ? Jamais à cela ; mais à se divertir,
à devenir riche, à acquérir de
la réputation, à se faire Roi, sans
penser à ce que c’est que d’être Roi,
et d’être homme.
2. La pensée de l’homme est
une chose admirable par sa nature. Il
fallait qu’elle eût d’étranges défauts
pour être méprisable. Mais elle en a
de tels que rien n’est plus ridicule.
Qu’elle est grande par sa nature !
Qu’elle est basse par ses défauts !
3. S’il y a un Dieu il ne faut aimer
que lui, et non les créatures. Le
raisonnement des impies dans le livre
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