L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 73

 

 

IX.

Injustice, et corruption de

l’homme.

 

1. L’homme est visiblement fait

pour penser, c’est toute sa dignité,

et tout son mérite. Tout son

devoir est de penser comme il faut ; et

l’ordre de la pensée est de commencer

par soi, par son auteur, et sa fin.

Cependant à quoi pense-t-on dans le

monde ? Jamais à cela ; mais à se divertir,

à devenir riche, à acquérir de

la réputation, à se faire Roi, sans

penser à ce que c’est que d’être Roi,

et d’être homme.

2.  La pensée de l’homme est

une chose admirable par sa nature. Il

fallait qu’elle eût d’étranges défauts

pour être méprisable. Mais elle en a

de tels que rien n’est plus ridicule.

Qu’elle est grande par sa nature !

Qu’elle est basse par ses défauts !

3.  S’il y a un Dieu il ne faut aimer

que lui, et non les créatures. Le

raisonnement des impies dans le livre

 

 

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