Fragment Philosophes n° 4 / 8 – Papier original : RO 191-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Philosophes n° 195 p. 61 / C2 : p. 85-86

Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janv. 1670 p. 292-293 / 1678 n° 50 p. 289-290

Éditions savantes : Faugère II, 95, XIII / Havet XXIV.61 bis / Brunschvicg 463 / Tourneur p. 214-2 / Le Guern 132 / Lafuma 142 / Sellier 175

______________________________________________________________________________________

 

 

Transcription savante (origine : Recueil des originaux et Copies C1 et C2)

 

 

Contre les Philosophes qui ont Dieu sans J.C. 1   Philosophes

                    que

   Ils croyent   Dieu    & ne l’ayment pas est seul digne d’estre aymé & d’estre 2

     admiré, & ont desiré d’estre aymez & admirez des hommes. S’ils 3 se trouvent

     pleins Et ils ne connoissent pas leur corruption  S’ils se sentent pleins de

    sentiments 4 pour l’aymer & l’adorer, & qu’ils y trouvent leur joye principalle,

     qu’ils s’estiment bons a la bonne heure  Mais s’ils s’y trouvent repugnants

    s’il[s] n’[ont] aucune pente qu’a se vouloir establir dans l’estime des hommes

                                                             seulement

   & que pour toute perfection ils facent que ce soit que les hommes tr sans

    forcer les hommes ils trouvent leur per 5 leur facent trouver leur 6 bonheur

    a les aymer. Je diray que cette perfection est horrible, que c’est oster

  a Dieu quoy ils ont connu Dieu, & n’ont pas desiré uniquement que

  les hommes l’aymassent, 7 que les hommes s’arrestassent a eux. Ils ont voulu estre

    l’objet du bonheur volontaire des hommes

 

 

Notes

 

1 L. Brunschvicg propose ce titre barré entre crochets.

2 P. Faugère, E. Havet, G. Michaut et L. Brunschvicg ne répètent pas ce terme. Ils éditent « seul digne d’être aimé et admiré ».

3 L. Brunschvicg : « Ils » ; Z. Tourneur et L. Lafuma : « S’ils ».

4 Les Copies C1 et C2 ne mettent pas d’s.

5 L. Brunschvicg : « joie » ; Z. Tourneur et L. Lafuma : « per ».

6 L. Brunschvicg : « le ».

7 Les Copies C1 et C2 ajoutent « Ils ont voulu ». P. Faugère ajoute mais en signalant que le mot est absent du manuscrit. E. Havet ajoute « [mais] ». G. Michaut, L. Brunschvicg puis M. Le Guern font de même mais sans le signaler entre crochets. Voir la transcription diplomatique.

 

Premières éditions et copies des XVIIe - XVIIIe siècles et du début du XIXe

 

Le fragment a été retenu dans l’édition de Port-Royal.

Voir cette étude...

 

Cependant la présence du texte dans l’édition de Port-Royal a dû échapper à Louis Périer car il l’a exceptionnellement transcrit dans la copie Périer p. 117 (sans le titre) : (en rouge : les différences constatées avec les Copies C1 et C2)

Ils croient que Dieu est seul digne d’etre aimé et d’etre admiré et ont désiré d’etre aimés et admirés des homes, et ils ne connoissent pas leur corruption. S’ils se sentent pleins de sentimens pour l’aimer et l’adorer, et qu’ils y trouvent leur joie principalle, qu’ils s’estiment bons à la bonne heure ; mais s’ils s’y trouvent répugnans ; s’ils n’ont aucune pente qu’à se vouloir établir dans l’estime des homes et que pour toutes perfections il fassent seulement que sans forcer les homes, ils leur fassent trouver leur bonheur à les aimer, je dirai que cette perfection est horrible.

Quoi ils ont connu Dieu et n’ont pas desiré uniquement que les hommes l’aimassent ;    que les hommes s’arrêtassent à eux : Ils ont voulu etre l’objet du bonheur volontaire des hommes.

La transcription est singulière : le copiste a d’abord commencé par transcrire le premier paragraphe puis il a transcrit Philosophes 1 (Laf. 140, Sel. 172) puis il a transcrit le deuxième paragraphe de Philosophes 4. Il est probable que cette erreur soit due au copiste et n’était pas sur le manuscrit Périer.

La copie ne reproduit pas l’expression ils ont voulu qui avaient été ajoutée dans les Copies et ajoute un s à sentiment. Peut-être faut-il interpréter cette transcription comme un retour à l’original.

Lire la suite...