Fragment Vanité n° 31 / 38 – Papiers originaux : RO 361-361 v° et 369-369 v°

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Vanité n° 51 à 65 p. 82 à 13  / C2 : p. 24 à 30

Éditions de Port-Royal : Chap. XXV - Faiblesse de l’homme : 1669 et janv. 1670 p. 190 à 198 /

1678 n° 4, 7, 8, 11, 13, 14 et 16 p. 186 à 194

Éditions savantes : Faugère II, 47 à 53, I-I à V / Havet III.3 et III.19 / Michaut 601 / Brunschvicg 82 et 83 / Tourneur p. 173-6 / Le Guern 41 / Maeda II p. 13 / Lafuma 44 et 45 / Sellier 78

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Éclaircissements

 

  

Bibliographie

Définitions de l’imagination

L’ordre dans “Imagination”

Analyse du texte de RO 361 : C’est cette partie dominante dans l’homme...

Analyse du texte de RO 362 (361 v°) : Ne diriez-vous pas que ce magistrat dont la vieillesse vénérable impose le respect...

Analyse du texte de RO 369 : Nos magistrats ont bien connu ce mystère...

Analyse du texte de RO 370 (369 v°) : Parce, dit-on, que vous avez cru dès l’enfance...

 

 

 Imagination

 

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, Sedes, 1993, p. 193-195. Définition pascalienne de l’imagination, d’abord comme faculté de l’imaginaire opposée à la faculté du réel qu’est la raison, puis plus rigoureusement comme faculté qui procure l’opinion du vrai, alors que la raison donne la vérité effective. Le nœud de la pensée de Pascal est que le jeu de l’imagination est indiscernable de celui de la raison.

Arnauld Antoine, Réflexions sur l’éloquence des prédicateurs, Œuvres, XCII, p. 382. Citation de la formule de saint Augustin, pour défendre l’usage de l’imagination dans la rhétorique des prédicateurs. Définition de l’imagination par Goibaud du Bois : p. 383. « L’imagination est un sens intérieur dont la fonction n’est que de recevoir et de représenter à l’âme les images de tout ce qui a fait quelque impression sur nous [...]. C’est la faculté qui agit la première en nous, avant que nous ayons l’usage de la raison ».

Définition de Richelet : faculté de l’âme pour concevoir les choses sensibles. Dictionnaire universel : « détermination de l’esprit à croire ou à vouloir les choses selon les impressions des sens » : p. 134.

Encyclopédie saint Augustin, Paris, Cerf, 2005, p. 731 sq.

Ferreyrolles Gérard, Les reines du monde, p. 17 sq., sur la “maîtresse d’erreur et de fausseté”. Voir p. 124 sq., sur la tradition intellectuelle sur l’imagination. Platon et Aristote : p. 125. Les Stoïciens : p. 125. Imagination et opinion. L’édition de Port-Royal remplace à plusieurs reprises imagination par fantaisie et opinion.

Shiokawa Tetsuya, “Imagination, fantaisie et opinion...”, Equinoxe VI, p. 69. Conception aristotélicienne de l’imagination : p. 71. Conception magique et matérialiste : p. 72. La phantasia des stoïciens : p. 74. L’opinion selon Montaigne, Essais, XIV : p. 74. Opinion, fantaisie, et imagination : p. 75. La phantasia, représentation imprimée dans l’âme par les objets qui fournit la matière à l’assentiment : critère par lequel on connaît la vérité des choses : p. 76. Par contraste avec la phantasia qui sert de principe à la connaissance, l’opinion (dogma) est en principe le jugement qu’on porte sur elle ; assentiment faible et trompeur, par opposition à la science : p. 76. La critique sceptique consiste à tout ramener à l’opinion : p. 76-77. La correction de Port-Royal est pertinente : p. 78. Réhabilitation de l’imagination par la recherche de la raison des effets : p. 80.

Chevalier Jacques, Pascal, Paris, Plon, 1922, p. 219 sq.

Marin Louis, Pascal et Port-Royal, p. 135 sq.

Lire le dossier thématique sur l’imagination…

 

L’ordre dans “Imagination”

Pascal tente manifestement dans ce texte de faire un « à la manière de » Montaigne. La description sceptique des méfaits de l’imagination, le recours à des exemples concrets empruntés à la vie ordinaire, l’usage de l’humour et de l’ironie sont des procédés qu’il emprunte aux Essais. Mais comme dans l’Entretien avec M. de Sacy, le développement ramène les idées de type montaignien à un ordre beaucoup plus systématique, qui apparaît à la relecture.

Pascal supprime les exemples baroques, grossièrement burlesques ou obscènes (voir par exemple Essais, I, XXI, éd. Garnier I, p. 101, les exemples de Cippus, du passage de Lucrèce, De natura rerum, IV, v. 1029).

D’autre part, la construction logique se fonde sur un principe dont Pascal développe par ordre des conséquences qui présentent le désordre qui règne dans le monde des hommes. On peut comparer ce texte avec d’autres fragments développés. Il parvient ainsi à présenter de manière cohérente une réalité qui semble exclure tout ordre, en formant une sorte de système du non-système.

Comparer avec Misère 9 (Laf. 60, Sel. 94). Pascal commence sur un principe qui supprime toute possibilité pour l’homme de discerner la vraie justice parmi les innombrables lois et coutumes qui existent dans le monde, puis à partir de là, il déploie les diverses inventions des hommes en matière d’ordre social, pour conclure à la fin que la seule loi constante, c’est de n’en pas chercher, et de suivre les lois particulières de son pays.

On peut aussi comparer avec Laf. 978, Sel. 743, sur l’amour propre. Pascal ouvre le texte sur un principe : l’amour propre ne connaît que soi et ramène tout à soi. Il montre ensuite la manière dont il déforme le jugement humain et déforme les normes essentielles (justice). Puis il montre comment les différents amours propres des hommes établissent une sorte de système d’échanges de bons offices, et créent par égoïsme un ordre social supportable par tout le monde. Cette technique rappelle l’ordre du Traité de l’équilibre des liqueurs et du premier chapitre du Traité de la pesanteur de la masse de l’air.

Dans le fragment Vanité 31, il existe un ordre du raisonnement dissimulé sous une fantaisie apparente. Au commencement Pascal pose que l’imagination rend indiscernables les opinions vraies et les opinions fausses, parce qu’elle les marque du même sceau. Puis il montre que de ce principe résulte que l’imagination contamine les autres facultés, et surtout empêche la raison de produire des opinions dont la vérité est assurée, faute d’un critère sûr. Le mouvement suivant montre comment l’imagination anime les hommes de toutes conditions et leur apporte satisfaction. Enfin viennent des exemples concrets (le magistrat au sermon, le philosophe sur la planche), suivant un ordre qui conduit le lecteur lui-même à user de son imagination. Le dernier mouvement du texte montre comment l’imagination est un principe qui peut être considéré comme la raison de nombreux effets, notamment dans la politique, le monde judiciaire, les militaires et les rois, et les discussions des savants (sur le vide en particulier). Pascal s’arrête lorsqu’il va passer à d’autres sources d’erreur, dont il esquisse seulement les effets, maladie et intérêt propre.