Miracles III – Fragment n° 9 / 11 – Papier original : RO 447-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 196 p. 465 à 467 / C2 : p. 264 à 266
Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janv. 1670 p. 244 /
1678 n° 14 p. 236
Éditions savantes : Faugère I, 282, XLVII et I, 284, LII (doublon) ; II, 179, IV ; II, 99, XXIII ; I, 260, XXXIX ; II, 234, XXVII ; I, 272, XXII ; I, 279, XLIII / Havet XXIII.28 ; XXIV.15 bis ; XXV.34, 75 ; XXIV.46 ter ; XXIII.44 ; Prov. 447 p. 292 / Brunschvicg 844, 285, 390, 533, 887, 933 / Tourneur p. 158-3 / Le Guern 705 / Lafuma 894 à 900 (série XXXIV, notée XXXIII par erreur) / Sellier 448
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Transcription savante (origine : Recueil des originaux. Nous corrigeons les fautes de Pascal)
Jamais on ne s’est fait martyriser pour les miracles qu’on dit avoir veus, car 4 ceux que les Turcs 5 croyent 6 par tradition la folie des hommes va |
les trois marques de la Religion la perpetuité, la bonne vie, les miracles Ils destruisent la perpetuité par la probabilité, la bonne vie par leur moralle les miracles en destruisant ou leur verité, ou leur consequence. ---------------- si on les croit l’Eglise n’aura que faire de perpetuité sainteté ny miracles 1 Les heretiques les nient, ou en nient la consequence, eux de mesme 2 mais il faudroit n’avoir point de sincerité pour les nier, ou avoir perdu 3 le sens pour nier la consequence -------------- La Religion est proportionéé a toutes sortes d’e[s]prits, les premiers s’arrestent au seul establissement, & cette Religion est telle que son seul establissement est suffisant pour plus instruits vont jusqu’au commencement du monde. les anges la voyent encore |
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peut estre jusqu’au martire, mais non pour ceux qu’on a veus,
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mieux & de plus loing. ---- -------
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Les Jansenistes ressemblent aux heretiques par la reformation des mœurs mais vous |
Mon dieu que ce so[nt] de sots discours, Dieu auroit il fait le monde pour le daner, demanderoit il tant de gens si foibles &c. Pirronisme est le remede a ce mal & rabbattra 7 cette vanité. ---------- Albe vous a nomm[é] 9 Comminuentes 8 cor st. paul. voila le caractere chrestien. Je ne vous connois plus 10 Corneille voila le caractere inhumain. le caractere humain est le contraire ------------- |
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leur ressemblez en mal |
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Ceux qui ont escrit cela en latin parlent en francois |
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le mal les mettre en francois il falloit faire le bien de les condamner |
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seule Il y a une heresie qu’on explique differemment dans l’ecole & dans le monde |
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Notes
1 P. Faugère puis E. Havet : « sainte vie, miracles ». L. Brunschvicg a corrigé. Ph. Sellier : « sainteté et miracles ».
2 C1 puis L. Brunschvicg : « de mêmes » (au pluriel).
3 P. Faugère puis E. Havet, L. Brunschvicg, L. Lafuma et M. Le Guern : « encore perdre ». Z. Tourneur a corrigé. L. Lafuma a d’abord édité « encore perdu » et a ‘corrigé’ dans son errata en « encore perdre ».
4 L. Brunschvicg et Ph. Sellier ajoutent « [pour] » pour constituer une phrase grammaticalement correcte.
5 P. Faugère puis E. Havet : « uns ». L. Brunschvicg a corrigé.
6 P. Faugère ajoute « (c’est) » pour constituer une phrase grammaticalement correcte. Havet, Lafuma et Le Guern considèrent que l’expression de Pascal est correcte sans ajout.
7 C1 et C2 : « rabattre ». P. Faugère a corrigé.
8 C1 et C2 : « circumridentes ». P. Faugère puis E. Havet et L. Brunschvicg : « comminutum ». Z. Tourneur a corrigé.
9 C1 et C2 puis M. Le Guern : « nommés » (au lieu de nommé). P. Faugère a corrigé.
10 C1 et C2 ont omis de souligner cette citation de Corneille et ont formé une nouvelle phrase avec « Corneille voilà le caractère inhumain ». P. Faugère a corrigé.
Premières éditions et copies des XVIIe - XVIIIe siècles et du début du XIXe
Une note a été intégrée dans le chapitre Pensées chrétiennes de l’édition de Port-Royal.
La copie Périer reproduit la plupart des autres notes, p. 136 v° et p. 137 : (en rouge : différences avec C1 et C2)
Les trois marques de la Religion, la perpétuité, la bonne vie, les miracles.
Ils détruisent la perpétuité par la probabilité ; la bonne vie, par leur morale.............................
les miracles en détruisant ou leur vérité ou leurs conséquences.
Si on les croit l’Eglise n’aura que faire de perpétuité, sainteté, ni miracles.
Les hérétiques les nient, ou en nient leurs conséquences : Eux de même ; mais il faudroit n’avoir point de sincérité pour les nier ou avoir perdu le Sens pour nier la Conséquence.
Jamais on ne s’est fait martiriser pour les miracles qu’on dit avoir vûs ; Car ceux que les Turcs croient par la Tradition, la folie des hommes ne peut être jusqu’au martire : mais non pour ceux qu’on a vus.
Mon Dieu ! Que ce sont de sots discours ! Dieu auroit il fait le monde pour le damner ? Damneroit il tant de gens si foible &c. Pyrrhonisme est le remede à ce mal et rabattre cette vanité.
Autres copies :
Une phrase a été conservée sans faute dans la copie Montempuys, p. 7 :
Les trois marques de la Religion, la perpetuité, la bonne vie, les miracles. Ils detruisent la perpetuité par la probabilité, la bonne vie par leur morale, les miracles en detruisant ou leur verité ou leur consequence.
Marie-Scolastique Le Sesne de Ménilles de Théméricourt reproduit une partie du texte, p. 60 :
trois marques de la Religion, la Perpetuité, la bonne vie, les miracles.
Ils detruisent la perpetuité par la probabilité, la bonne vie par leur morale, les miracles, ou leur vérité, ou leurs conséquences. Si on les croit, l’Eglise n’aura que faire de perpetuité, sainteté, et miracles.
Les heretiques les nient, et en nient la consequence, et eux de même, mais il faudroit n’avoir point de sincerité pour les nier, ou avoir perdu le sens pour nier la conseqce.
Les Jansenistes ressemblent aux heretiques par la reformation des mœurs, mais vous leur ressemblés en mal.
On remarquera que la dernière phrase n’est ni dans Montempuys ni dans la copie Périer.
1ers éditeurs :
Les fragments sur les miracles ont servi à l’élaboration de la Troisième lettre à M. L’évêque de Soissons à l’occasion du miracle opéré à Paris dans la paroisse de Sainte-Marguerite par Mgr Colbert de Croissy, intitulée Pensées de M. Pascal sur les miracles, dont il n’y a eu jusqu’ici qu’une partie d’imprimée. 1727.
V. Cousin, Rapport (1843), cite une note, p. 170 :
Mon Dieu ! que ce sont de sots discours : Dieu auroit-il fait le monde pour le damner, etc. ? Pyrrhonisme est le remède à ce mal et rabat cette vanité.
P. Faugère (1844).
Remarques
P. Faugère puis E. Havet et L. Lafuma éditent le fragment en 7 articles.
P. Faugère édite une partie de la première note (Les trois marques [...] nier la conséquence) deux fois : la première fois avec plusieurs erreurs (tome I, p. 282) selon le manuscrit de pascal, la seconde (I, p. 284) selon le IIe Recueil Guerrier, qui reproduit fidèlement le texte d’une des Copies.
Il regroupe la note Mon Dieu [...] rabattra cette vanité et Pensées diverses (Laf. 658, Sel. 542) dans un même article (tome II, p. 99-100).
E. Havet considère que les notes, qui ont été présentées dans des cartouches par Pascal, sont liées aux Provinciales.
L. Brunschvicg édite le fragment en 6 articles. Il regroupe les premières notes (Les trois marques [...] nier la conséquence) avec la note qui est située en face de ces notes, dans la marge de gauche (Jamais on ne s’est fait martyriser [...] ceux qu’on a vus).