Dossier de travail - Fragment n° 5 / 35 – Papier original : RO 485-6
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 4 p. 191 / C2 : p. 1
Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 262 / 1678 n° 47 p. 254
Éditions savantes : Faugère II, 387 / Havet XXIV.26 ter / Brunschvicg 241 / Tourneur p. 300-2 / Le Guern 366 / Lafuma 387 / Sellier 6
Ordre.
J’aurais bien plus de peur de me tromper et de trouver que la religion chrétienne soit vraie, que non pas de me tromper en la croyant vraie.
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Ce fragment est une réponse à la constatation formulée dans le fragment Ordre 10 (Laf. 12, Sel. 46) : Les hommes ont mépris pour la religion. Ils en ont haine et peur qu'elle soit vraie. Pour guérir cela il faut [...] la rendre [...] aimable, faire souhaiter aux bons qu'elle fût vraie et puis montrer qu'elle est aimable parce qu'elle promet le vrai bien. Dans l’argument du pari (Preuves par discours I - Laf. 418, Sel. 680), Pascal compare les espérances qui correspondent à chaque option, pour et contre la religion chrétienne. Dans le présent fragment, il compare au contraire les craintes auxquelles chacune expose, pour montrer que, si les deux conditions comportent quelque crainte, celle de l’incrédule est beaucoup plus assurée et plus assurée dans ses effets que celle du chrétien : si la religion chrétienne est vraie, le chrétien qui la croit peut craindre de ne pas être sauvé ou de sombrer dans le néant ; mais l’incrédule qui ne la croit pas a toutes les raisons de s’attendre à un destin fâcheux dans l’au-delà.
Fragments connexes
Ordre 10 (Laf. 12, Sel. 46). Ordre.
Les hommes ont mépris pour la religion. Ils en ont haine et peur qu'elle soit vraie. Pour guérir cela il faut commencer par montrer que la religion n'est point contraire à la raison. Vénérable, en donner respect. La rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu'elle fût vraie et puis montrer qu'elle est vraie.
Vénérable parce qu'elle a bien connu l'homme.
Aimable parce qu'elle promet le vrai bien.
Commencement 8 (Laf. 158, Sel. 190). Par les partis vous devez vous mettre en peine de rechercher la vérité, car si vous mourez sans adorer le vrai principe vous êtes perdu. Mais dites-vous, s’il avait voulu que je l’adorasse il m’aurait laissé des signes de sa volonté. Aussi a-t-il fait, mais vous les négligez, cherchez-les donc, cela le vaut bien.
Preuves par discours I (Laf. 418, Sel. 680). Infini rien.
Pensées diverses (Laf. 748, Sel. 621). Objection. Ceux qui espèrent leur salut sont heureux en cela, mais ils ont pour contrepoids la crainte de l’enfer.
Réponse. Qui a plus sujet de craindre l’enfer, ou celui qui est dans l’ignorance s’il y a un enfer, et dans la certitude de la damnation s’il y en a ; ou celui qui est dans une certaine persuasion qu’il y a un enfer, et dans l’espérance d’être sauvé s’il est ?