Pensées diverses IV – Fragment n° 10 / 23 – Papier original : RO 235-1
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 160 p. 393 / C2 : p. 363
Éditions de Port-Royal : Chap. VII - Qu’il est plus avantageux de croire que de ne pas croire : 1669 et janvier 1670 p. 58 / 1678 n° 2 p. 60
Éditions savantes : Faugère II, 174, II / Havet X.2 / Brunschvicg 239 / Tourneur p. 117-2 / Le Guern 631 / Lafuma 748 (série XXVI) / Sellier 621
Obj[ection] : Ceux qui espèrent leur salut sont heureux en cela, mais ils ont pour contrepoids la crainte de l’enfer. — Rép[onse] : Qui a plus de sujet de craindre l’enfer ? Ou celui qui est dans l’ignorance s’il y a un enfer, et dans la certitude de la damnation s’il y en a ; ou celui qui est dans une certaine persuasion qu’il y a un enfer, et dans l’espérance d’être sauvé s’il est ?
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Le présent fragment ne porte pas sur l’enfer lui-même, mais sur la peur qu’il doit inspirer. Le problème de la crainte du châtiment, de la damnation et de l’enfer est de ceux qui ont suscité de vives querelles à l’époque de Pascal. Celui-ci propose une conclusion paradoxale : ne pas croire à l’enfer est une excellente raison d’en avoir peur. Le texte repose cependant sur une base théologique qui demande à être éclaircie par une mise au point préliminaire.
Fragments connexes
Commencement 3 (Laf. 152, Sel. 185). Entre nous et l’enfer ou le ciel il n’y a que la vie entre-deux qui est la chose du monde la plus fragile.
Commencement 8 (Laf. 158, Sel. 190). Par les partis vous devez vous mettre en peine de rechercher la vérité, car si vous mourez sans adorer le vrai principe vous êtes perdu. Mais dites-vous, s’il avait voulu que je l’adorasse il m’aurait laissé des signes de sa volonté. Aussi a-t-il fait, mais vous les négligez. Cherchez-les donc, cela le vaut bien.
Preuves par discours I (Laf. 418, Sel. 680), argument du pari.
Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681). Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir ; mais ce que j’ignore le plus est cette mort même que je ne saurais éviter.
Comme je ne sais d’où je viens, aussi je ne sais où je vais ; et je sais seulement qu’en sortant de ce monde je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d’un Dieu irrité, sans savoir à laquelle de ces deux conditions je dois être éternellement en partage. Voilà mon état, plein de faiblesse et d’incertitude.
Mots-clés : Bonheur – Crainte – Damnation – Enfer – Espérance – Objection – Réponse – Salut.