Glossaire
Oracle.
Réponse que les païens s’imaginaient recevoir de leurs dieux. Se dit figurément des décisions données par des personnes d’autorité. Se dit aussi des personnes mêmes qui donnent ces sortes de décisions (Dictionnaire de l’Académie).
Voir Fondement 20 (Laf. 243, Sel. 276) et Miracles I (Laf. 830, Sel. 419).
Oraison.
Se dit d’une prière adressée à Dieu ou aux saints. Se dit aussi d’un discours composé pour être prononcé en public.
La « prière pour le roi », Oratio pro rege, n’a pas de rapport avec la thèse à démontrer. Philippe Sellier renvoie à l’Ingenua et vera oratio ad regem christianissimum perscripta, de eo quod postulatur, ut jesuitae restituantur in regno Galliae, Lyon, 1602, d’Antoine Arnauld l’Avocat, père du Grand Arnauld, pamphlet contre les Jésuites.
Voir Pensées diverses (Laf. 775, Sel. 639).
Ordinaire.
Ce qu’on a accoutumé de faire, ce qui a accoutumé d’être. À l’ordinaire : d’une manière accoutumée. L’idée de coutume est donc comprise dans le mot. Cette considération de l’ordinaire de la vie des hommes constitue proprement le point de vue du moraliste.
Ordinaire signifie aussi commun, vulgaire. On dit en termes de palais recevoir les parties en procès ordinaire ou simplement recevoir en procès ordinaire, pour dire civiliser une affaire, c’est-à-dire réduire une cause criminelle à une procédure ordinaire et civile.
Voir Ennui 3 (Laf. 79, Sel. 114), Raisons des effets 2 (Laf. 81, Sel. 116), Loi figurative 30 (Laf. 275, Sel. 306), Pensées diverses (Laf. 724, Sel. 605), Pensées diverses (Laf. 745, Sel. 618) et Pensées diverses (Laf. 815, Sel. 659).
Ordonner, Ordre.
Ordre est un terme polysémique chez Pascal.
Au sens de la liasse Ordre, il s’agit de la disposition rhétorique des idées ou des arguments dans le discours.
Au sens du Traité des ordres numériques, le mot désigne les différentes suites arithmétiques qui figurent sur le Triangle arithmétique. C’est par ignorance élémentaire du lexique mathématique de Pascal que s’est accréditée l’idée que le mot ordre implique toujours qu’il est impossible d’engendrer un ordre supérieur par addition d’éléments de l’ordre inférieur.
Au sens du fragment Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339), le mot désigne les différents domaines des corps, des esprits et de la charité, séparés par une disproportion qui met entre eux une distance infinie.
Pascal distingue donc des ordres capables d’être engendrés les uns à partir des autres, et d’autres ordres entre lesquels règne une disproportion.
Le mot indique presque toujours une hiérarchie, mais ce n’est pas toujours nécessaire. Certains ordres coexistent sans qu’il y ait lieu de distinguer entre eux du plus et du moins (par exemple l’ordre de l’esthétique, qui diffère des trois autres sans qu’il y ait sens à dire qu’il est supérieur ou inférieur aux autres ordres naturels).
Voir aussi Misère 7 (Laf. 58, Sel. 92), Preuves de Jésus-Christ 1 (Laf. 298, Sel. 329), Dossier de travail (Laf. 387, Sel. 6), Pensées diverses (Laf. 683, Sel. 562), Pensées diverses (Laf. 684, Sel. 563), Pensées diverses (Laf. 694, Sel. 573), Preuves par les Juifs VI (Laf. 467, Sel. 704), etc.
Orgueil.
Lire le dossier thématique sur l’orgueil.
Voir dans les Écrits sur la grâce, le Traité de la prédestination, et le dossier Concupiscence.
L’orgueil est le terme français qui correspond au latin superbia, et en style théologique augustinien à la libido dominandi, forme de la concupiscence qui consiste à imposer tyranniquement une autorité qui rapporte tout à soi, au lieu de rapporter tout à Dieu.
Voir Misère 20 (Laf. 71, Sel. 105), A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182), A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182), Excellence 2 (Laf. 190, Sel. 222), Excellence 5 (Laf. 192, Sel. 225), etc.
Orgues.
Le père de Pascal était un spécialiste de la théorie et de la pratique des orgues. Mersenne lui a rendu hommage en lui dédicaçant un livre de son Harmonie universelle.
Bluche François, Dictionnaire du grand siècle, p. 1131 sq. L’usage de l’orgue est presque exclusivement réservé à l’époque aux lieux de culte ; en lieu laïc, on ne trouve que des cabinets d’orgue, instruments d’étude des organistes, ou des curiosités pour riches. Au culte, l’orgue a pour mission de soulager le chœur par l’alternance et non d’accompagner le chœur et l’assemblée : il meuble les temps morts de l’office. Le métier d’organiste est très prenant, avec 400 offices par an en moyenne.
Voir Misère 3 (Laf. 55, Sel. 88).
Original.
Terme relatif à copie, qui peut servir de modèle. Ce livre n’est pas conforme à l’original. Voir Vanité 27 (Laf. 40, Sel. 74).
On appelle ironiquement un original un homme qui a quelque chose d’extravagant, de singulier et de ridicule dans ses manières ou dans son esprit.
Origine.
Commencement, naissance, principe et source de quelque chose. Le mot désigne aussi la cause de quelque effet.
Voir Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), Preuves par les Juifs I (Laf. 451, Sel. 691) et Preuves par les Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694).
Ornement.
Parure, embellissement, ce qui pare quelque chose, ce qui la rend plus belle, plus agréable. Pascal appelle ainsi les vêtements que les magistrats portent dans leurs fonctions. On parle aussi d’ornements littéraires et rhétoriques, que Pascal estime devoir supprimer.
Voir Raisons des effets 6 (Laf. 87, Sel. 121) et Pensées diverses (Laf. 797, Sel. 650).
Osée.
Le premier des douze petits prophètes. Voir la Préface du livre d’Osée dans la Bible de Port-Royal et les explications de Chédozeau Bernard, L’univers biblique catholique au siècle de Louis XIV, I, p. 261-262.
Voir Loi figurative 13 (Laf. 257, Sel. 289), Loi figurative 21 (Laf. 266, Sel. 297), Prophéties 13 (Laf. 334, Sel. 366), Preuves par les Juifs III (Laf. 453, Sel. 693), Prophéties V (Laf. 487, Sel. 734), etc.
Ôter.
Supprimer. Pascal reproche à l’idéal de l’honnêteté de couvrir ou de cacher le moi, alors que la religion chrétienne veut qu’on le supprime, ou qu’on l’anéantisse (termes plus forts que le verbe ôter).
Voir Fausseté 9 (Laf. 211, Sel. 244) et Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339).
Ouverture.
Au sens littéral, le mot désigne un trou qui donne accès à quelque chose. En termes figurés, il désigne un moyen de parvenir à la compréhension d’une idée, d’une doctrine ou d’une pensée. Il signifie aussi le commencement de certaines choses. L’ouverture de cœur est la franchise et la sincérité (Dictionnaire de l’Académie).
Voir Loi figurative 9 (Laf. 253, Sel. 285).
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