Dossier de travail - Fragment n° 8 / 35  – Papier original : RO 77-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 6 p. 191 v° / C2 : p. 2

Éditions de Port-Royal : Chap. II - Marques de la véritable religion : 1669 et janvier 1670 p. 26  /

1678 n° 11 p. 24-25

Le texte complet a été ajouté dans l’édition de 1678 : Chap. XV - Preuves de Jésus-Christ par les prophéties : 1678 n° 12 p. 124-125

Éditions savantes : Faugère II, 202, [XXII] / Havet XVIII.18 / Brunschvicg 617 / Tourneur p. 300-5 / Le Guern 369 / Lafuma 390 / Sellier 9

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Bibliographie

 

 

BARTMANN Bernard, Précis de théologie dogmatique, II, ch. III, § 147, Mulhouse, Salvator, 1941, p. 200 sq.

BOSSUET Jacques Bénigne, Œuvres, éd. Velat et Champailler, Pléiade, NRF, Gallimard, Paris, 1961.

GOYET Thérèse, “La méthode prophétique selon Pascal”, in Méthodes chez Pascal, Paris, P. U. F., 1979, p. 63-74.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993.

MESNARD Jean, “Au cœur de l’apologétique pascalienne : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, p. 414-425.

SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970.

SELLIER Philippe, Port-Royal et la littérature, I, 2e éd., Paris, Champion, 2010, et II, 2e éd., Paris, Champion, 2012.

SELLIER Philippe, “Après qu’Abraham parut : Pascal et le prophétisme”, in Port-Royal et la littérature, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 471-483.

TAVARD Georges, La Tradition au XVIIe siècle en France et en Angleterre, Paris, Cerf, 1969.

 

 

Éclaircissements

 

Perpétuité.

 

Magnard Pierre, Le vocabulaire de Pascal, Paris, Ellipses, 2001, p. 47 sq.

Voir la liasse Perpétuité.

L’Église a reçu la promesse d’une durée jusqu’à la fin du monde : la perpetuitas, ou la perennitas. Cette durée est associée à la garantie d’une pérennité, d’une immutabilité (absence de changement), alors qu’en raison des circonstances historiques et des influences étrangères, les États humains subissent nécessairement des changements intérieurs et extérieurs. La perpétuité et l’immutabilité donnent à l’Église la garantie de l’indéfectibilité. L’immutabilité est un élément essentiel de la perpétuité : c’est elle qui est la raison de la durée continuelle, et même la raison de toutes les propriétés caractéristiques de l’Église : immuable, sainte, catholique et apostolique. L’Église est perpétuelle et immuable tant dans sa forme intérieure que dans sa forme extérieure. La cause de cette indéfectibilité est le Saint Esprit, qui est envoyé à l’Église dans le but de constituer son principe de vie intérieur et permanent jusqu’à la fin du monde.

Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, éd. Pléiade. Différence entre l’argument de perpétuité et l’argument d’antiquité : p. 765. L’antiquité n’affecte que la durée ; la perpétuité consiste en ce que la religion a subsisté sur les mêmes fondements depuis le commencement du monde. L’idée de continuité est ici plus importante que celle de durée.

Tavard Georges, La tradition au XVIIe siècle, p. 43. La perpétuité enferme l’idée que la doctrine catholique a été continuellement enseignée par le passé.

Pascal attribue cependant à la perpétuité une importance fondamentale. La perpétuité figure parmi les preuves qu’il considère comme décisives en faveur de la religion chrétienne.

Voir Miracles III (Laf. 894, Sel. 448). Les trois marques de la religion : la perpétuité, la bonne vie, les miracles.

Voir aussi Preuves par les Juifs VI (Laf. 482, Sel. 717). Preuves. 1. La religion chrétienne, par son établissement, par elle-même établie si fortement, si doucement, étant si contraire à la nature. 2. La sainteté, la hauteur et l’humilité d’une âme chrétienne. 3. Les merveilles de l’Écriture sainte. 4. Jésus-Christ en particulier. 5. Les apôtres en particulier. 6. Moïse et les prophètes en particulier. 7. Le peuple juif. 8. Les prophéties. 9. La perpétuité : nulle religion n’a la perpétuité. 10. La doctrine, qui rend raison de tout. 11. La sainteté de cette loi. 12. Par la conduite du monde.

 

Qu’on considère que depuis le commencement du monde l’attente ou l’adoration du Messie subsiste sans interruption,

 

Mais chez Pascal la perpétuité est l’expression de la présence de la croyance dans le Messie sauveur de l’humanité corrompue depuis les origines jusqu’à la fin du monde. Le Messie a en ce sens toujours été cru.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, p. 271 sq. L’argument de la perpétuité consiste à soutenir que la vraie religion a toujours existé. Voir Perpétuité 3 (Laf. 281, Sel. 313) : Perpétuité. Cette religion qui consiste à croire que l’homme est déchu d’un état de gloire et de communication avec Dieu en un état de tristesse, de pénitence et d’éloignement de Dieu, mais qu’après cette vie nous serons rétablis par un Messie qui devait venir, a toujours été sur la terre. Cela s’entend au sens strict : la religion juive, sous la forme figurative, était déjà la religion chrétienne. Les promesses faites par Dieu aux patriarches se rapportaient à un Messie dont les saints de l’Ancien Testament connaissaient le mystère (Enoch, Lamech, Noé, Abraham, Isaac, Jacob).

Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 271 sq. Voir saint Augustin, Epist. 102-49 à Deogratias, q. 2, n. 15. « Depuis le commencement du genre humain… [le Messie] n’a pas cessé d’être annoncé et il y eut toujours des hommes pour croire en lui, d’Adam à Moïse », en Israël et parmi les autres nations. La religion a toujours été prêchée. Mais Pascal supprime le développement optimiste de saint Augustin, qui suppose que d’autres nations que les Juifs ont pu connaître la vraie religion. La possibilité pour la vérité d’exister ailleurs que chez les Juifs brouillait la question. Voir aussi p. 600-601, sur le thème de la perpétuité dans les Pensées : dès les origines du monde, Dieu s’est fait connaître à certains hommes, qui croyaient déjà en la Trinité et en la rédemption du péché par le Christ. La Bible mentionne Enoch, Lamech, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David, Isaïe. La perpétuité est la trace de la stabilité divine dans le monde changeant.

Mesnard Jean, “Au cœur de l’apologétique pascalienne : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, p. 414-425. Voir p. 416 sq. Pascal aboutit à l’argument de la perpétuité par une extension progressive de son argumentation à partir de l’argument des miracles. Il aboutit à la preuve par les prophéties, qui peut être considérée globalement : parmi les miracles, signes par excellence qui traduisent l’insertion de Dieu dans l’histoire contemporaine, la réalisation des prophéties prise dans son ensemble a une valeur probante. C’est un miracle subsistant. Et comme la perpétuité de la religion chrétienne est un miracle visible, et que la perpétuité s’exprime par la constance de la prophétie, cet argument général s’élargit lui-même dans l’argument de la perpétuité, qui est plus ample encore : p. 418-419.

Sellier Philippe, Port-Royal et la littérature, II, 2e éd., p. 197 sq. Le christianisme a « toujours été sur la terre ». Indications chronologiques fournies par la Bible de Port-Royal : p. 125.

Voir Miracles III (Laf. 860, Sel. 439) : Toujours ou les hommes ont parlé du vrai Dieu, ou le vrai Dieu a parlé aux hommes. S’il y avait un Dieu, il fallait que la foi de Dieu fût sur la terre et Miracles II (Laf. 834, Sel. 422).

 

qu’il s’est trouvé des hommes qui ont dit que Dieu leur avait révélé qu’il devait naître un Rédempteur qui sauverait son peuple.

 

Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 600-601. Dès les origines du monde, Dieu s’est fait connaître à certains hommes, qui croyaient déjà en la Trinité et en la rédemption du péché par le Christ. La Bible mentionne Enoch, Lamech, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David, Isaïe. La perpétuité est la trace de la stabilité divine dans le monde changeant.

Sellier Philippe, Port-Royal et la littérature, II, 2e éd., p. 197 sq. Le christianisme a « toujours été sur la terre ». Indications chronologiques fournies par la Bible. Chronologie de la Bible de Sacy : p. 125. Ancienneté des livres de Moïse : p. 126.

 

Qu’Abraham est venu ensuite dire qu’il avait eu révélation qu’il naîtrait de lui par un fils qu’il aurait,

 

Genèse, XXII, 15. « L’ange du Seigneur appela Abraham du ciel pour la seconde fois, et lui dit : 16. Je jure par moi-même, dit le Seigneur, que puisque vous avez fait cette action, et que pour m’obéir vous n’avez point épargné votre fils unique, 17. Je vous bénirai, et je multiplierai votre race comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le rivage de la mer. Votre postérité possédera les villes de ses ennemis, 18. Et toutes les nations de la terre seront bénies en celui qui sortira de vous, parce que vous avez obéi à ma voix. »

Sellier Philippe, “Après qu’Abraham parut : Pascal et le prophétisme”, in Port-Royal et la littérature, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 471-483.

 

que Jacob a déclaré que de ses douze enfants il naîtrait de Juda,

 

Genèse, XLIX, 10, récit de la prophétie de Jacob. « Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu’à ce que celui qui doit être envoyé soit venu ; et c’est lui qui sera l’attente des nations ».

Loi figurative 21 (Laf. 266, Sel. 297). On pourrait peut-être penser que quand les prophètes ont prédit que le sceptre ne sortirait point de Juda jusqu’au roi éternel ils auraient parlé pour flatter le peuple et que leur prophétie se serait trouvée fausse à Hérode. Mais pour montrer que ce n’est pas leur sens, et qu’ils savaient bien au contraire que ce royaume temporel devait cesser, ils disent qu’ils seront sans roi et sans prince. Et longtemps durant. Osée.

Preuves de Jésus-Christ 19 (Laf. 317, Sel. 348). Jésus-Christ prédit quant au temps et à l’état du monde. Le duc ôté de la cuisse, et la quatrième monarchie. 

 

que Moïse et les prophètes sont venus ensuite déclarer le temps et la manière de sa venue.

 

Dossier de travail (Laf. 392, Sel. 11). Figures. Dieu voulant se former un peuple saint, qu’il séparerait de toutes les autres nations, qu’il délivrerait de ses ennemis, qu’il mettrait dans un lieu de repos a promis de le faire et a prédit par ses prophètes le temps et la manière de sa venue. Mais le temps a été prédit clairement, la manière dont le Messie devait arriver a été prédite en termes figuratifs.

Loi figurative 11 (Laf. 255, Sel. 287). Dieu, pour rendre le Messie connaissable aux bons et méconnaissable aux méchants l’a fait prédire en cette sorte, si la manière du Messie eût été prédite clairement il n’y eût point eu d’obscurité même pour les méchants.

Si le temps eût été prédit obscurément il y eût eu obscurité même pour les bons ne leur eût pas fait entendre que par exemple le ם signifie 600 ans. Mais le temps a été prédit clairement et la manière en figures.

Par ce moyen les méchants prenant les biens promis pour matériels s’égarent malgré le temps prédit clairement et les bons ne s’égarent pas.

Car l’intelligence des biens promis dépend du cœur qui appelle bien ce qu’il aime, mais l’intelligence du temps promis ne dépend point du cœur. Et ainsi la prédiction claire du temps et obscure des biens ne déçoit que les seuls méchants.

Voir la liasse Loi figurative.

 

Qu’ils ont dit que la loi qu’ils avaient n’était qu’en attendant celle du Messie, que jusque-là elle serait perpétuelle, mais que l’autre durerait éternellement, qu’ainsi leur loi ou celle du Messie dont elle était la promesse serait toujours sur la terre, qu’en effet elle a toujours duré,

 

Preuves par les Juifs III (Laf. 453, Sel. 693). Pour montrer que les vrais juifs et les vrais chrétiens n’ont qu’une même religion.

La religion des juifs semblait consister essentiellement en la paternité d’Abraham, en la circoncision, aux sacrifices, aux cérémonies, en l’arche, au temple, en Jérusalem, et enfin en la loi et en l’alliance de Moïse.

Je dis qu’elle ne consistait en aucune de ces choses, mais seulement en l’amour de Dieu et que Dieu réprouvait, toutes les autres choses.

Que Dieu n’acceptera point la parenté d’Abraham. Que les Juifs seront punis de Dieu comme les étrangers s’ils l’offensent.

[...] Que les étrangers seront reçus de Dieu comme les juifs s’ils l’aiment.

[...] Que les vrais Juifs ne considéraient leur mérite que de Dieu et non d’Abraham.

[...] Que la circoncision du cœur est ordonnée.

[...] Que Dieu dit qu’il le ferait un jour.

[...] Que les Juifs, manque de cet amour, seraient réprouvés pour leurs crimes et les païens élus en leur place.

[...] Que les biens temporels sont faux et que le vrai bien est d’être uni à Dieu.

[...] Que leurs fêtes déplaisaient à Dieu. Amos. 5. 21.

Que les sacrifices des Juifs déplaisent à Dieu [...] même de la part des bons.

[...] Que les sacrifices des païens seront reçus de Dieu. Et que Dieu retirera sa volonté des sacrifices des Juifs.

[...] Que Dieu fera une nouvelle alliance par le Messie et que l’ancienne sera rejetée.

[...] Que le temple serait rejeté.

[...] Que les sacrifices seraient rejetés et d’autres sacrifices purs établis.

Que l’ordre de la sacrificature d’Aaron serait réprouvé et celle de Melchisedech introduite par le Messie.

[...] Que cette sacrificature serait éternelle.

[...] Que Jérusalem serait réprouvée et Rome admise.

[...] Que le nom des Juifs serait réprouvé et un nouveau nom donné.

[...] Que ce dernier nom serait meilleur que celui de Juifs et éternel.

Qu’en effet elle a toujours duré. Voir la liasse Perpétuité.

 

qu’enfin est venu Jésus-Christ dans toutes les circonstances prédites.

 

Voir la liasse Prophéties.

La Préface de la traduction d’Isaïe dans la Bible de Port-Royal explique clairement pourquoi les prophéties doivent être considérées comme la plus grande et la plus solide preuve de Jésus-Christ et de la religion chrétienne.

« Nous voyons aussi que Jésus-Christ dans l’Évangile, et que saint Pierre et saint Paul dans leurs épîtres, ont un soin très particulier de faire voir que les prédictions des prophètes ont été vérifiées par l’établissement de la Loi nouvelle. « Il faut nécessairement », dit le Sauveur, « que tout ce qui a été prédit de moi dans la Loi et les Prophètes soit accompli. Dieu avait prédit par la bouche de tous les Prophètes, dit saint Pierre, que son Christ souffrirait la mort, et nous avons vu qu’il l’a soufferte ». Et saint Paul ne marque pas seulement qu’il prêche l’Évangile « selon que Dieu l’avait prédit auparavant par la bouche de ses prophètes », mais il ajoute que toute l’Église « a pour fondement l’autorité des apôtres et des prophètes », Super ædificati supra fundamentum Apostolorum atque Prophetarum. Car les prophètes ont prédit plusieurs siècles auparavant tout ce que Dieu devait faire pour le salut du monde, et les Apôtres ayant fait voir que Dieu a accompli par Jésus-Christ et par son Église tout ce qu’il avait promis autrefois, ont confirmé ce témoignage qu’ils ont rendu à la certitude des prophéties par une infinité de prodiges, et par la conversion de toute la terre à la loi de Jésus-Christ, qui est le plus grand de tous les miracles. »

 

Cela est admirable.

 

L’idée d’admiration est généralement associée à celle de disproportion.

La formule cela est admirable apparaît à plusieurs reprises dans les Pensées, souvent par ironie, pour exprimer l’étonnement que l’on doit ressentir devant l’énormité de la vanité humaine.

Vanité 4 (Laf. 16, Sel. 50). Vanité. Qu’une chose aussi visible qu’est la vanité du monde soit si peu connue, que ce soit une chose étrange et surprenante de dire que c’est une sottise de chercher les grandeurs. Cela est admirable.

Pascal l’emploie aussi lorsqu’il veut contester une opinion qu’il juge contraire au bon sens, par exemple dans le fragment Raisons des effets 8 (Laf. 89, Sel. 123). Raison des effets. Cela est admirable : on ne veut pas que j’honore un homme vêtu de brocatelle et suivi de sept ou huit laquais. Et quoi, il me fera donner les étrivières si je ne le salue. Cet habit, c’est une force. C’est bien de même qu’un cheval bien enharnaché à l’égard d’un autre. Montaigne est plaisant de ne pas voir quelle différence il y a, et d’admirer qu’on y en trouve et d’en demander la raison. De vrai, dit-il, d’où vient, etc.

En revanche, l’expression est employée ici pour souligner le caractère extraordinaire, disproportionné à la nature de l’homme que doit susciter l’histoire prophétique du peuple juif et de la perpétuité de la religion chrétienne.

Preuves par les Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694). Je vois la religion chrétienne fondée sur une religion précédente, où voici ce que je trouve d’effectif. [...] Je trouve donc ce peuple grand et nombreux sorti d’un seul homme, qui adore un seul Dieu, et qui se conduit par une loi qu’ils disent tenir de sa main ils soutiennent qu’ils sont les seuls du monde auxquels Dieu a révélé ses mystères. Que tous les hommes sont corrompus et dans la disgrâce de Dieu, qu’ils sont tous abandonnés à leurs sens et à leur propre esprit. Et que de là viennent les étranges égarements et les changements continuels qui arrivent entre eux et de religions et de coutumes. Au lieu qu’ils demeurent inébranlables dans leur conduite, mais que Dieu ne laissera point éternellement les autres peuples dans ces ténèbres, qu’il viendra un Libérateur, pour tous, qu’ils sont au monde pour l’annoncer aux hommes, qu’ils sont formés exprès pour être les avant-coureurs et les hérauts de ce grand avènement, et pour appeler tous les peuples à s’unir à eux dans l’attente de ce Libérateur. La rencontre de ce peuple m’étonne, et me semble digne de l’attention. Je considère cette loi qu’ils se vantent de tenir de Dieu et je la trouve admirable. C’est la première loi de toutes et de telle sorte qu’avant même que le mot de loi fût en usage parmi les Grecs, il y avait près de mille ans qu’ils l’avaient reçue et observée sans interruption. Ainsi je trouve étrange que la première loi du monde se rencontre aussi la plus parfaite, en sorte que les plus grands législateurs en ont emprunté les leurs comme il paraît par la loi des 12 tables d’Athènes qui fut ensuite prise par les Romains et comme il serait aisé de le montrer, si Josèphe et d’autres n’avaient assez traité cette matière.

Inversement, le style de Jésus-Christ est admirable, parce que sa simplicité paraît disproportionnée à sa grandeur divine.

Preuves de Jésus-Christ 12 (Laf. 309, Sel. 340). Preuves de Jésus-Christ. Jésus-Christ a dit les choses grandes si simplement qu’il semble qu’il ne les a pas pensées, et si nettement néanmoins qu’on voit bien ce qu’il en pensait. Cette clarté jointe à cette naïveté est admirable.