Fragment Loi figurative n° 21 / 31  – Papier original : RO 39-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Loi figurative n° 307 p. 131-131 v° / C2 : p. 159

Éditions savantes : Faugère II, 272, VI / Havet XXV.162 / Brunschvicg 719 / Tourneur p. 261-5 / Le Guern 249 / Lafuma 266 / Sellier 297

 

 

 

On pourrait peut-être penser que quand les prophètes ont prédit que le sceptre ne sortirait point de Juda jusqu’au roi éternel, ils auraient parlé pour flatter le peuple et que leur prophétie se serait trouvée fausse à Hérode. Mais pour montrer que ce n’est pas leur sens, et qu’ils savaient bien au contraire que ce royaume temporel devait cesser, ils disent qu’ils seront sans roi et sans prince, et longtemps durant. Osée.

 

 

Pascal traite ici d’une hypothèse à laquelle il a fait face à plusieurs reprises, celle qui fait des porteurs de la Révélation des démagogues plus soucieux de plaire au peuple que de lui apporter la vérité. Il montre à quelles conséquences destructrices peut conduire le refus d’admettre le sens figuré des prophéties. Admettons que les prophètes aient voulu flatter le peuple en lui promettant le règne éternel de Juda. On est alors bien obligé de conclure que l’histoire a démenti cette prédiction, puisque Hérode n’était pas de Juda. Les prophètes sont alors discrédités à deux titres : d’une part parce que leurs prophéties étaient inspirées par la démagogie, d’autre part parce que l’événement les a démenties.

La doctrine qui veut que les prophètes aient mis dans leurs prophéties des expressions figurées permet de résoudre la difficulté. On montre en effet que les prophètes n’ont pas seulement promis à Juda un règne éternel, ils ont aussi dit au contraire que les Juifs seront longtemps sans roi et sans prince, ce qui montre clairement que la promesse du règne éternel n’était que figurative.

Pascal fait ainsi d’une pierre deux coups. Primo, il disculpe les prophètes du reproche d’avoir parlé par démagogie. Secundo, il les justifie aussi de s’être trompés : car le règne promis n’était pas la lignée de Juda, mais celui du Christ.

 

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Fragments connexes

 

Loi figurative 18 (Laf. 263, Sel. 294). Le sceptre jusqu’au Messie sans roi ni prince.

Preuves de Moïse 2 (Laf. 291, Sel. 323). Cette religion si grande en miracles, saints, purs, irréprochables, savants et grands témoins, martyrs ; rois - David - établis ; Isaïe prince du sang ; si grande en science après avoir étalé tous ses miracles et toute sa sagesse, elle réprouve tout cela et dit qu’elle n’a ni sagesse, ni signe, mais la croix et la folie.

Preuves de Jésus-Christ 13 (Laf. 310, Sel. 341). Preuves de J.-C. L’hypothèse des apôtres fourbes est bien absurde.

Preuves de Jésus-Christ 17 (Laf. 315, Sel. 346). David grand témoin. Roi, bon, pardonnant, belle âme, bon esprit, puissant. Il prophétise et son miracle arrive. Cela est infini.

Preuves de Jésus-Christ 19 (Laf. 317, Sel. 348). J.-C. prédit quant au temps et à l’état du monde. Le duc ôté de la cuisse, et la 4e monarchie.

Prophéties 16 (Laf. 337, Sel. 369). Hérode cru le Messie. Il avait ôté le sceptre de Juda, mais il n’était pas de Juda. Cela fit une secte considérable.[...] Comment fallait-il que fût le Messie, puisque par lui le sceptre devait être éternellement en Juda et qu’à son arrivée le sceptre devait être ôté de Juda.

Preuve par les Juifs III (Laf. 453, Sel. 693). Pour montrer que les vrais juifs et les vrais chrétiens n’ont qu’une même religion.

La religion des juifs semblait consister essentiellement en la paternité d’Abraham, en la circoncision, aux sacrifices, aux cérémonies, en l’arche, au temple, en Jérusalem, et enfin en la loi et en l’alliance de Moïse.

Je dis qu’elle ne consistait en aucune de ces choses, mais seulement en l’amour de Dieu et que Dieu réprouvait, toutes les autres choses.

[...] Que Dieu fera une nouvelle alliance par le Messie et que l’ancienne sera rejetée.

[...] Que les Juifs devaient être sans prophètes. Amos.

Sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans idole.

Que les Juifs subsisteraient toujours néanmoins en peuple. Jér. 31. 36.

Prophéties I (Laf. 483, Sel. 718). Vous, Juda, vous serez loué de vos frères, et vainqueur de vos ennemis ; les enfants de votre père vous adoreront. Juda, faon de lion, vous êtes monté à la proie, ô mon fils ! et vous êtes couché comme un lion, et comme une lionnesse qui s’éveillera. Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le législateur d’entre ses pieds, jusqu’à ce que Silo vienne ; et les nations s’assembleront à lui, pour lui obéir.

 

Mots-clés : Cesser – HérodeOséePeuplePrédictionPrinceProphèteRoiRoyaumeSceptreSensTemporel.