Fragment Misère n° 1 / 24 – Papier original :  RO 23-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Misère n° 74 p. 15 / C2 : p. 33

Éditions savantes : Faugère II, 89, XXIV / Havet XXV.28 / Brunschvicg 429 / Tourneur p. 180-2 / Le Guern 49 / Maeda II p.209 / Lafuma 53 / Sellier 86

 

 

 

 

Bassesse de l’homme jusqu’à se soumettre aux bêtes, jusques à les adorer.

 

 

 

Dans la lignée de Montaigne, Pascal consacre plusieurs fragments au thème sceptique et épicurien de l’infériorité de l’homme à l’animal (voir Contrariétés 3 - Laf. 121, Sel. 153, et Contrariétés 14 - Laf. 131, Sel. 164, par exemple). Mais dans ce fragment, il tente de donner à la bassesse de la nature humaine une origine qui ne tient pas seulement à un état de fait, mais à la volonté même de l’homme. Ce qui avilit l’homme, c’est qu’il est arrivé que volontairement, il fasse des bêtes un objet de culte et d’adoration, et qu’il se soumette à elles comme à des divinités. La remarque est de portée plus profonde que lorsqu’on lui reproche d’avoir des facultés inférieures à celles des bêtes : si la soumission est volontaire, cela signifie que l’avilissement de l’homme n’est pas seulement un état de fait accidentel, mais l’effet de sa liberté même, qu’il en est responsable, et non pas la Nature.

 

Analyse détaillée...

Images des divinités égyptiennes tirées des livres du jésuite A. Kircher

Fragments connexes

 

Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181). Lui seul est son véritable bien. Et depuis qu'il l'a quitté c'est une chose étrange qu'il n'y a rien dans la nature qui n'ait été capable de lui en tenir la place, astres, ciel, terre, éléments, plantes, choux, poireaux, animaux, insectes, veaux, serpents, fièvre, peste, guerre, famine, vices, adultère, inceste. Et depuis qu'il a perdu le vrai bien tout également peut lui paraître tel jusqu'à sa destruction propre, quoique si contraire à Dieu, à la raison et à la nature tout ensemble.

Perpétuité 8 (Laf. 286, Sel. 318). 2 sortes d'hommes en chaque religion.

Parmi les païens des adorateurs de bêtes, et les autres adorateurs d'un seul Dieu dans la religion naturelle.

Parmi les juifs les charnels et les spirituels qui étaient les chrétiens de la loi ancienne.

Parmi les chrétiens les grossiers qui sont les juifs de la loi nouvelle.

Les juifs charnels attendaient un Messie charnel et les chrétiens grossiers croient que le Messie les a dispensés d'aimer Dieu. Les vrais Juifs et les vrais chrétiens adorent un Messie qui leur fait aimer Dieu.

 

Mots-clés : AdorerAnimalBassesseHommeSoumission.