L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 261

Avec elle on ne peut être que mal

content ; sans elle on ne peut être que

content.

64.  La vraie et unique vertu

est de se haïr ; car on est haïssable par

sa concupiscence ; et de chercher un

être véritablement aimable, pour l’aimer.

Mais comme nous ne pouvons aimer

ce qui est hors de nous, il faut

aimer un être qui soit en nous, et qui

ne soit pas nous. Or il n’y a que l’Être

universel qui soit tel. Le Royaume de

Dieu est en nous ; le bien universel

est en nous, et n’est pas nous.

65.  Il est injuste qu’on s’attache

à nous, quoiqu’on le fasse avec plaisir

et volontairement. Nous tromperons

ceux à qui nous en ferons naître

le désir ; car nous ne sommes la fin

de personne, et nous n’avons pas de

quoi les satisfaire : ne sommes-nous

pas prêts à mourir, et ainsi l’objet

de leur attachement mourrait. Comme

nous serions coupables de faire

croire une fausseté, quoique nous

la persuadassions doucement, et qu’on

la crût avec plaisir, et qu’en cela on

nous fît plaisir ; de même nous sommes

coupables, si nous nous faisons

 

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