Pensées - page 261
Avec elle on ne peut être que mal
content ; sans elle on ne peut être que
content.
64. La vraie et unique vertu
est de se haïr ; car on est haïssable par
sa concupiscence ; et de chercher un
être véritablement aimable, pour l’aimer.
Mais comme nous ne pouvons aimer
ce qui est hors de nous, il faut
aimer un être qui soit en nous, et qui
ne soit pas nous. Or il n’y a que l’Être
universel qui soit tel. Le Royaume de
Dieu est en nous ; le bien universel
est en nous, et n’est pas nous.
65. Il est injuste qu’on s’attache
à nous, quoiqu’on le fasse avec plaisir
et volontairement. Nous tromperons
ceux à qui nous en ferons naître
le désir ; car nous ne sommes la fin
de personne, et nous n’avons pas de
quoi les satisfaire : ne sommes-nous
pas prêts à mourir, et ainsi l’objet
de leur attachement mourrait. Comme
nous serions coupables de faire
croire une fausseté, quoique nous
la persuadassions doucement, et qu’on
la crût avec plaisir, et qu’en cela on
nous fît plaisir ; de même nous sommes
coupables, si nous nous faisons |