Fragment Soumission et usage de la raison n° 12 / 23  – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 232 p. 81 v° / C2 : p. 109

Éditions savantes : Brunschvicg 747 bis / Le Guern 167 / Lafuma 178 / Sellier 209

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Transcription savante (origine : Copies C1 et C2)

 

 

 

Voyez les deux sortes d’hommes dans le tiltre Perpétuité.

 

 

 

Premières éditions et copies des XVIIe - XVIIIe siècles et du début du XIXe

 

Port-Royal n’a pas retenu ce renvoi comme un texte.

La copie Périer ne le reproduit pas.

1er éditeur : L. Brunschvicg (1904).

 

Remarque

 

G. Michaut mentionne ce renvoi dans une note p. 386 à propos du fragment 894 (Morale chrétienne 16 - Laf. 366, Sel. 398) « Deux sortes d’hommes en chaque religion (voyez perpétuité) » : « Déjà à la page 82 de B [=C1], après 489 [Soumission 11] on lisait : Voyez les deux sortes d’hommes au titre Perpétuité. » Michaut est sceptique à propos du fragment 894 et pose la question « Est-ce une pensée ou un titre introduit par le copiste ? ». Il est en effet troublant de constater que les papiers originaux de ces deux « fragments » n’ont pas été retrouvés.

Ces deux fragments font référence au fragment Perpétuité 8 (Laf. 286, Sel. 318) qui porte le titre Deux sortes d’hommes en chaque religion :

Parmi les païens, des adorateurs de bêtes, et les autres adorateurs d’un seul dieu dans la religion naturelle.

Parmi les Juifs, les charnels et les spirituels, qui étaient les chrétiens de la Loi ancienne.

Parmi les chrétiens, les grossiers, qui sont les Juifs de la Loi nouvelle.

Les Juifs charnels attendaient un Messie charnel et les chrétiens grossiers croient que le Messie les a dispensés d’aimer Dieu. Les vrais Juifs et les vrais chrétiens adorent un Messie qui leur fait aimer Dieu.

Ce texte n’a aucune relation directe avec le fragment Soumission 11 qui le précède dans les Copies et le verso du papier correspondant (RO 229-3) est vierge :

Contradiction est une mauvaise marque de vérité.

Plusieurs choses certaines sont contredites.

Plusieurs fausses passent sans contradiction.

Ni la contradiction n’est marque de fausseté ni l’incontradiction n’est marque de vérité.

Il existe plusieurs exemples dans les Pensées où Pascal utilise le terme « Voyez » pour faire référence à un autre texte :

Dans Perpétuité 3 (Laf. 281, Sel. 313), dont le texte est autographe, il renvoie à un texte de son édition des Essais de Montaigne : Voyez le rond dans Montaigne.

Dans Prophéties 17 (Laf. 338, Sel. 370), dont le texte est aussi autographe, il écrit : Voyez Philon Juif.

Les Copies transcrivent aussi un renvoi à Perpétuité à la fin du dossier Rendre la religion aimable, après le fragment Religion aimable 2 (Laf. 222, Sel. 255) : « Voyez Perpétuité ». Ce renvoi est autographe et écrit au verso du papier de Religion aimable 2. Il fait référence au fragment Perpétuité 11 (Laf. 289, Sel. 321) au verso duquel nous avons découvert le mot Aimable qui renvoie à Rendre la religion aimable 2. Ce système de renvois a été écrit par Pascal avant qu’il ne découpe ces deux papiers et ne les sépare dans deux liasses différentes. Ce cas diffère du fragment Soumission 12 : le système de renvois permet de conserver le lien entre deux fragments de même thème alors que dans le cas de Soumission 12 le renvoi fait référence à un nouveau thème.

Le nature du renvoi est ici différente : dans les deux premiers cas, Pascal fait référence à des ouvrages externes. Dans le troisième cas, il conserve un lien entre deux fragments. Dans le cas de Morale chrétienne 16 (Laf. 366, Sel. 398) et Soumission 12, il fait référence à un texte qu’il a classé dans une autre liasse.

Pascal semble distinguer titre et chapitre : Dans Vanité 31 (Laf. 43-44, Sel. 78), il écrit Il faut commencer par là le chapitre des puissances trompeuses ; dans Fondement 1 (Laf. 223, Sel. 256) : Il faut mettre au chapitre des fondements ce qui est en celui des figuratifs touchant la cause des figures. Il serait toutefois imprudent de conclure que Pascal projetait de composer un livre divisé en chapitres, au sens précis du terme. Le mot chapitre a au XVIIe siècle un sens abstrait, et « se dit figurément de certaines matières particulières qu’on désigne ou dont on parle » ; Furetière donne pour exemple : « n’attaquez pas cet homme sur le droit, il est plus fort que vous sur ce chapitre-là ». En ce sens, titre signifie presque la même chose que chapitre.

Il y a  tout lieu de penser que le renvoi conservé uniquement par les Copies était écrit sur un petit morceau de papier relié à la liasse mais qui a été négligé et perdu. Ce renvoi n’est pas une initiative du Copiste.

 

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