Fragment Soumission et usage de la raison n° 3 / 23  – Papier original : RO 270-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 227 p. 81 / C2 : p. 107

Éditions savantes : Faugère II, 214, IV / Havet XXV.94 / Brunschvicg 812 / Tourneur p. 228-6 / Le Guern 158 / Lafuma 169 / Sellier 200

 

 

 

Je ne serais pas chrétien sans les miracles, dit saint Augustin.

 

 

L’argument des miracles constitue un paradoxe dans les Pensées : Pascal a consacré plusieurs dossiers (dossiers XXXIII et XXXIV dans l’édition Lafuma, et XXX-XXXII dans l’édition Sellier) aux miracles. Mais la table des titres montre qu’après avoir envisagé d’en faire un fondement de son apologétique, il a renoncé à en tirer un argument en faveur de la religion chrétienne parce qu’il ne l’a pas trouvé assez convaincant pour des lecteurs incrédules. Les miracles, selon lui, ne sont pas propres à convertir un « athée », parce que l’on peut toujours imputer un fait apparemment miraculeux à une succession de causes et d’effets que la science humaine n’est pas encore parvenue à éclaircir. Le présent fragment, dans lequel Pascal invoque, en faveur de l’utilité des miracles, l’autorité de saint Augustin, semble donc être un vestige isolé d’un ensemble qui a été relégué dans des dossiers exclus de l’apologie.

Toutefois, la place de ce fragment dans la liasse Soumission s’explique par le fait que la croyance aux miracles est un exemple significatif de soumission et d’usage de la raison.

 

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Fragments connexes

 

Soumission 18 (Laf. 184, Sel. 215). On n'aurait point péché en ne croyant pas J.-C. sans les miracles.

Miracles II (Laf. 846, Sel. 429). J.-C. a vérifié qu'il était le Messie, jamais en vérifiant sa doctrine sur l'Écriture ou les prophéties, et toujours par ses miracles.

Il prouve qu'il remet les péchés par un miracle.

Ne vous éjouissez point de vos miracles, dit J.-C., mais de ce que vos noms sont écrits aux cieux.

S'ils ne croient point Moïse, ils ne croiront pas un ressuscité.

Nicodème reconnaît par ses miracles que sa doctrine est de Dieu. Scimus quia venisti a deo magister, nemo enim potest facere quae tu facis nisi deus fuerit cum illo. Il ne juge pas des miracles par la doctrine, mais la doctrine par les miracles.

Les Juifs avaient une doctrine de Dieu comme nous en avons une de J.-C. Et confirmée par miracles et défense de croire à tous faiseurs de miracles; et de plus ordre de recourir aux grands prêtres et de s'en tenir à eux. Et ainsi toutes les raisons que nous avons pour refuser de croire les faiseurs de miracles, ils les avaient à l'égard de leurs prophètes. Et cependant ils étaient très coupables de refuser les prophètes à cause de leurs miracles et J.-C. Et n'eussent point été coupables s'ils n'eussent point vu les miracles. Nisi fecissem peccatum non haberent.

Donc toute la créance est sur les miracles.

Miracles II (Laf. 854, Sel. 434). Si vous ne croyez en moi croyez au moins aux miracles. Il les renvoie comme au plus fort.

 

Mots-clés : AugustinChrétienMiracle.