Pensées diverses II – Fragment n° 28 / 37 – Papier original : RO 49-4
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 113 p. 359 / C2 : p. 315 v°
Éditions savantes : Faugère II, 80, IV / Brunschvicg 214 / Tourneur p. 93-1 / Le Guern 532 / Lafuma 625 (série XXIV) / Sellier 518
L’injustice.
Que la présomption soit jointe à la nécessité [...], c’est une extrême injustice.
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Exemple de fragment dont la lecture est rendue difficile en raison de l’état du papier original. Le rapport avec les grands thèmes de la critique de l’inconscience des hommes de leur propre misère est cependant visible.
Fragments connexes
Misère 5 (Laf. 57, Sel. 90). Il n’est pas bon d’être trop libre.
Il n’est pas bon d’avoir toutes les nécessités.
Raisons des effets 19 (Laf. 101, Sel. 134). Le peuple a les opinions très saines. Par exemple.
[...]
3. De s’offenser pour avoir reçu un soufflet ou de tant désirer la gloire, mais cela est très souhaitable à cause des autres biens essentiels qui y sont joints. Et un homme qui a reçu un soufflet sans s’en ressentir est accablé d’injures et de nécessités.
Preuves par discours I (Laf. 421, Sel. 680). Il est faux que nous soyons dignes que les autres nous aiment. Il est injuste que nous le voulions. Si nous naissions raisonnables et indifférents, et connaissant nous et les autres nous ne donnerions point cette inclination à notre volonté. Nous naissons pourtant avec elle, nous naissons donc injustes.
Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681). C’est donc assurément un grand mal que d’être dans ce doute ; mais c’est au moins un devoir indispensable de chercher, quand on est dans ce doute ; et ainsi celui qui doute et qui ne cherche pas est tout ensemble et bien malheureux et bien injuste.
Pensées diverses (Laf. 638, Sel. 529). Quand on se porte bien on admire comment on pourrait faire si on était malade. Quand on l’est on prend médecine gaiement, le mal y résout ; on n’a plus les passions et les désirs de divertissements et de promenades que la santé donnait et qui sont incompatibles avec les nécessités de la maladie. La nature donne alors des passions et des désirs conformes à l’état présent. Il n’y a que les craintes que nous nous donnons nous-mêmes, et non pas la nature, qui nous troublent parce qu’elles joignent à l’état où nous sommes les passions de l’état où nous ne sommes pas.
Mots-clés : Injustice – Nécessité – Présomption.