Glossaire

 

Indifférence, Indifférent.

Indifférence : situation dans laquelle aucune action ne s’impose plutôt qu’une autre, ou dans laquelle on n’aime ni ne préfère rien, de sorte qu’on ne prend aucun parti. On peut être indifférent en matière de religion lorsqu’aucune ne paraît préférable ou plus vraie que les autres. Pour Pascal, l’indifférence est l’opposition à la religion la plus difficile à vaincre.

Voir Preuves par discours I (Laf. 421, Sel. 680), Preuves par discours II (Laf. 428, Sel. 682), Preuves par discours II (Laf. 431, Sel. 683) et Preuves par discours III (Laf. 439, Sel. 690).

 

Indignité, Indigne.

Indigne : qui ne mérite pas quelque chose. Se dit aussi des méchantes, ou vilaines actions, de tout ce qui est bas, honteux ou qui cause quelque infamie (Furetière).

Voir Loi figurative 25 (Laf. 270, Sel. 301), A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182) et Preuves par discours III (Laf. 448, Sel. 690).

 

Indivisible.

Point indivisible : point au sens géométrique, c’est-à-dire réellement indivisible, parce qu’il n’a ni dimension, ni partie ; voir Euclide, Éléments, I, Déf. 1. Ne pas confondre avec le sens physique, où indivisible signifie plus petit que toute grandeur perceptible : voir  la traduction d’Euclide de Hérigone, Cursus mathematicus, I, Éléments d’Euclide, I, Déf. 1, non paginé : le point physique est le moindre objet de la vue, comme la pointe d’une aiguille. Voir l’opuscule De l’esprit géométrique et les Lettres de A. Dettonville, qui usent de la méthode des indivisibles.

Voir Vanité 9 (Laf. 21, Sel. 55), Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230), Pensées diverses (Laf. 682, Sel. 561) et Preuves par discours I (Laf. 420, Sel. 680).

 

Indulgence.

En termes techniques, une indulgence est la remise extra-sacramentelle des peines temporelles dont on reste encore passible après la rémission du péché. Voir Bartmann Bernard, Précis de théologie dogmatique, II, p. 449 sq.

Bouyer Louis, Dictionnaire théologique, Tournai, Desclée, 1963, p. 334-335. Une indulgence est la remise de la peine temporelle due pour un péché préalablement pardonné, remise faite par l’autorité ecclésiastique en vertu du pouvoir des clés, et qui peut être soit plénière, soit partielle. Par pouvoir des clés, il faut entendre le pouvoir du pardon des fautes accordé par le Christ à son Église selon Matthieu XVI, 18 et XVIII, 18 ; voir Bartmann Bernard, Précis de théologie dogmatique, II, p. 451.

La pratique des indulgences suscita des contestations à partir du moment où l’impécuniosité de la papauté fit admettre le rachat de certaines pénitences par espèces sonnantes et trébuchantes. En 1511, venu à Rome, Luther a été profondément choqué par la procédure initiée par le pape Léon X permettant à des pénitents de racheter une part de la punition temporelle que leur valaient leurs péchés.

Arnauld Antoine, L’innocence et la vérité défendues, Sixième partie, art. VI et suivants, Des indulgences, Œuvres, XXX, p. 296 sq., s’élève contre le jésuite Brisacier, dont les thèses sur les indulgences exposaient la religion au mépris des infidèles.

Voir Pensées diverses (Laf. 733, Sel. 614).

 

Infaillibilité, Infaillible.

Infaillible : qui ne peut se tromper ni être trompé (Furetière). Infaillibilité : pleine certitude, qualité qui fait que l’on ne peut faillir, ni errer. Elle ne s’attribue qu’à Dieu et à ceux à qui il a bien voulu la communiquer, comme les prophètes, les évangélistes et les apôtres. On conteste à l’époque de Pascal sur l’infaillibilité du pape.

Voir Pensées diverses (Laf. 516, Sel. 452), Pensées diverses (Laf. 726, Sel. 607) et Preuves par discours II (Laf. 432, Sel. 684).

 

Infidèle.

Celui qui manque de foi. On appelle aussi infidèles les peuples qui ne sont pas dans la vraie religion, particulièrement les mahométans (Furetière).

Voir Transition 1 (Laf. 193, Sel. 226), Fondement 14 (Laf. 237, Sel. 269), Prophéties 26 (Laf. 347, Sel. 379), Conclusion 6 (Laf. 382, Sel. 414) et Miracles II (Laf. 856, Sel. 436).

 

Infini.

Sur la notion difficile d’infini, voir le dossier thématique L’infini.

Sur les idées de Pascal sur l’infini, voir l’ouvrage de Gardies Jean-Louis, Pascal entre Eudoxe et Cantor, Paris, Vrin, 1984.

Voir Pensées diverses (Laf. 682, Sel. 561), Pensées diverses (Laf. 723, Sel. 601), Misère 14 (Laf. 65, Sel. 99), Divertissement 3 (Laf. 135, Sel. 167), Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181), etc.

 

Iniquité.

Injustice, méchanceté ; ce qui est contraire et opposé à l’équité. En termes de l’Écriture, se dit de toutes sortes de crimes, de péchés, de méchancetés (Furetière).

Voir Excellence 1 (Laf. 189, Sel. 221), Loi figurative 24 (Laf. 269, Sel. 300) et Prophéties III (Laf. 485, Sel. 720).

 

Injure.

Parmi les moyens rhétoriques qui permettent de s’en prendre aux erreurs d’un adversaire, il existe plusieurs degrés.

Le moindre est l’invective, qui s’en prend aux idées avec fermeté, mais sans atteindre la personne et surtout sans la blesser. C’est une forme de réfutation modérée qui couvre les défauts de l’adversaire et ne porte pas atteinte à sa réputation. Elle est justifiée particulièrement contre la vanité. Pascal la pratique dans le texte Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681). La réfutation forte a pour but « d’humilier et de confondre un écrivain emporté, qui emploie toute sorte de méchants moyens pour décrier la vérité, et qui peut lui nuire par la bonne opinion qu’un grand nombre de personnes ont de sa probité et de sa suffisance ; ce qui oblige, afin de le faire connaître pour tel qu’il est, de ne point dissimuler ses excès en les représentant fortement, mais sans exagérer au-delà de ce qui en est ». L’injure (injuria) en revanche vise la personne pour la blesser et la déshonorer : c’est celle à laquelle s’oppose la réfutation forte, et la seule qu’un controversiste chrétien doit s’interdire.

Voir la Dissertation selon la méthode des géomètres pour la justification de ceux qui emploient en écrivant dans certaines rencontres des termes que le monde estime durs, in Arnauld Antoine, Œuvres, t. XXVII, p. 50 sq. ; et la Réponse à la lettre d’une personne de condition, § XXI, p. 64 sq. Voir Descotes Dominique, “Force et violence dans le discours chez Antoine Arnauld”, in Antoine Arnauld. Philosophie de la connaissance, Études réunies par J.-C. Pariente, Vrin, Paris, 1995, p. 33-64 ; et Moreau Denis, Deux cartésiens, p. 50. La XIe Provinciale traite aussi de ce sujet.

Voir aussi Commencement 12 (Laf. 162, Sel. 194).

 

Injustice, Injuste.

Ce qui se fait contre les lois d’un pays, ou contre l’équité naturelle (Furetière). Le mot a aussi un sens intellectuel, pour désigner l’inégalité de traitement que le parti-pris (la prévention) oppose à des opinions proposées.

Lire le dossier sur Pascal et le problème de la justice.

Voir Misère 23 (Laf. 74, Sel. 108), Pensées diverses (Laf. 625, Sel. 518), Ordre 7 (Laf. 9, Sel. 43), Misère 6 (Laf. 58, Sel. 91), A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182), etc.