Pensées diverses III – Fragment n° 42 / 85 – Papier original : RO 431-5
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 129 p. 375 / C2 : p. 333-333 v°
Éditions savantes : Faugère I, 252, XVIII / Havet XXV.24 / Brunschvicg 64 / Tourneur p. 103-2 / Le Guern 583 / Lafuma 689 (série XXV) / Sellier 568
Ce n’est pas dans Montaigne mais dans moi que je trouve tout ce que j’y vois.
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Lecteur de Montaigne, Pascal se retrouve en lui. L’auteur des Essais est pour lui un « maître à écrire », selon l’expression de Jean Mesnard. Dans cette brève « pensée », se trouve en germe toute une esthétique littéraire, selon laquelle, quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu’on entend, laquelle on ne savait pas qu’elle y fût, de sorte qu’on est porté à aimer celui qui nous la fait sentir, car il ne nous a point fait montre de son bien mais du nôtre.
Fragments connexes
Pensées diverses (Laf. 605, Sel. 502). L’homme est plein de besoins. Il n’aime que ceux qui peuvent les remplir tous. C’est un bon mathématicien dira-t-on, mais je n’ai que faire de mathématique ; il me prendrait pour une proposition. C’est un bon guerrier : il me prendrait pour une place assiégée. Il faut donc un honnête homme qui puisse s’accommoder à tous mes besoins généralement.
Pensées diverses (Laf. 652, Sel. 536). Quand un discours naturel peint une passion ou un effet on trouve dans soi-même la vérité de ce qu’on entend, laquelle on ne savait pas qu’elle y fût, de sorte qu’on est porté à aimer celui qui nous la fait sentir, car il ne nous a point fait montre de son bien mais du nôtre. Et ainsi ce bien fait nous le rend aimable, outre que cette communauté d’intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l’aimer.
Pensées diverses (Laf. 737, Sel. 617). On se persuade mieux pour l’ordinaire par les raisons qu’on a soi-même trouvées que par celles qui sont venues dans l’esprit des autres.
Pensées diverses (Laf. 780, Sel. 644). Préface de la première partie.
Parler de ceux qui ont traité de la connaissance de soi-même, des divisions de Charron, qui attristent et ennuient. De la confusion de Montaigne, qu’il avait bien senti le défaut d’une droite méthode. Qu’il l’évitait en sautant de sujet en sujet, qu’il cherchait le bon air.
Le sot projet qu’il a de se peindre et cela non pas en passant et contre ses maximes, comme il arrive à tout le monde de faillir, mais par ses propres maximes et par un dessein premier et principal. Car de dire des sottises par hasard et par faiblesse c’est un mal ordinaire, mais d’en dire par dessein c’est ce qui n’est pas supportable et d’en dire de telles que celles-ci.