Glossaire
Mode.
Mode enferme l’idée de modernité, mais surtout de goût du moment, par opposition à ce qui date, et par opposition à coutume. Manifestation de l’inconstance des hommes.
Mode du duel : voir Pensées diverses (Laf. 644, Sel. 529 bis).
Voir aussi Misère 10 (Laf. 61, Sel. 95).
Modèle.
Le modèle pour Pascal n’est pas une ressemblance avec la réalité, mais le produit d’un rapport de correspondance entre l’objet qui plaît et la nature de l’homme auquel il plaît.
Marin Louis, “Réflexions sur la notion de modèle chez Pascal”, Revue de métaphysique et de morale, 1967, p. 89-108.
Voir Dossier de travail (Laf. 388, Sel. 7), Pensées diverses (Laf. 585, Sel. 486) et Pensées diverses (Laf. 679, Sel. 558).
Mœurs.
Le mot mœurs désigne, en un sens très large, les attitudes, les manières d’agir et les habitudes des hommes dans la société civile. De ce terme viennent plusieurs mots dont il faut bien distinguer le sens. Les moralistes sont des écrivains qui observent la société dans laquelle ils vivent et la mettent en représentation dans leurs écrits (La Bruyère en est le modèle). C’est en quelque sorte l’ancêtre des sociologues actuels. Il ne faut pas confondre moraliste et moralisateur, qui suppose l’intention de donner à autrui des leçons de bonne conduite et de pensée conforme de manière désagréablement dogmatique. Un auteur de comédies comme Molière castigat ridendo mores (châtie les mœurs en riant), d’une manière qui n’a rien de pédant.
Voir Raisons 5 (Laf. 86, Sel. 120), Raisons 17 (Laf. 98-99, Sel. 132), Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), etc.
Mohatra.
Provinciale VIII, éd. Cognet, Garnier, p. 139-141. Cas de casuistique en faveur des emprunteurs et des usuriers. « Le contrat Mohatra est celui par lequel on achète des étoffes chèrement et à crédit, pour les revendre au même instant à la même personne argent comptant et à bon marché. Voilà ce que c’est que le contrat Mohatra, par où vous voyez qu’on reçoit une certaine somme comptant, en demeurant obligé pour davantage ».
Voir Pensées diverses (Laf. 700, Sel. 578).
Moi.
Lire le dossier thématique sur le moi.
Le moi, selon Pascal, est tyrannique et par égocentrisme cherche toujours à se rendre maître des autres.
Voir aussi Misère 17 (Laf. 68, Sel. 102), Misère 21 (Laf. 72, Sel. 106), Divertissement 3 (Laf. 135, Sel. 167), Morale chrétienne 22 (Laf. 373, Sel. 405), Dossier de travail (Laf. 396, Sel. 15), etc.
Moine.
Religieux vivant sous une règle.
Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES, 1993, p. 53. L’histoire de la querelle qui agita l’ordre des Frères Mineurs au cours des XIIIe et XIVe siècles à propos de la forme de leur capuchon, est une sorte de leitmotiv dont on use souvent à Port-Royal pour illustrer la vanité des querelles entre religieux.
Voir Vanité 6 (Laf. 18, Sel. 52).
Moïse.
Prophète et chef des Juifs, qui fit sortir son peuple d’Égypte et le conduisit dans le désert vers la Terre promise. Il fut aussi le législateur des Juifs. Voir la liasse Preuves de Moïse. Il est censé être l’auteur du Pentateuque, c’est-à-dire des cinq premiers livres de l’Ancien Testament.
Voir Preuves de Moïse 3 (Laf. 292, Sel. 324), Fondement 2 (Laf. 224, Sel. 257), Fondement 13 (Laf. 236, Sel. 268), Loi figurative 19 (Laf. 264, Sel. 295), Loi figurative 24 (Laf. 269, Sel. 300), etc.
Molina, Molinisme.
Jésuite (1535-1600). Élève de Fonseca à l’université de Coïmbra, professeur de théologie à Evora, puis à Madrid. Il entra en conflit avec les Dominicains qui dénoncèrent ses écrits comme contraires à l’orthodoxie et à la doctrine de saint Thomas. Il est l’auteur d’un De concordia liberi arbitrii cum divinae gratiae donis, 1588.
Dictionnaire de théologie catholique, article Molinisme. On appelle molinisme le système qui accorde une très large part à l’autonomie du libre arbitre humain et insiste sur la prédestination post praevisa merita et la grâce suffisante, qui n’a son effet que par une libre décision de l’homme.
Voir Miracles III (Laf. 871, Sel. 440) et Pensées diverses (Laf. 722, Sel. 603).
Monarchie, Monarque.
Régime politique qui consiste dans le gouvernement d’un seul. À l’époque de Pascal, c’est généralement l’état gouverné par un roi. Dans l’Antiquité, le peuple juif fut un temps soumis à une monarchie, et dut en combattre plusieurs autres.
Voir Preuves de Jésus-Christ 19 (Laf. 317, Sel. 348), Prophéties 14 (Laf. 336, Sel. 367), Prophéties 17 (Laf. 338, Sel. 370), Prophéties 18 (Laf. 339, Sel. 371), Géométrie-Finesse I (Laf. 509, Sel. 669), etc.
Monde.
Monde est ambigu ; dans Vanité 23 (Laf. 36, Sel. 70), il s’agit du milieu social mondain ; dans Vanité 4 (Laf. 16, Sel. 50), le sens paraît plus général.
Monde : assemblage de toutes les parties qui forment l’univers (Furetière). Se dit aussi des systèmes particuliers que les philosophes se sont imaginés (on dit parfois qu’il y a plusieurs mondes), et particulièrement de notre planète. Se dit aussi des peuples habitant la terre : il y a bien du monde à la Chine. Se dit des manières de vivre et de converser avec les hommes ; les gens qui hantent la cour sont appelés les gens du monde, le beau monde, le monde poli. Les gens de lettres sont appelés le monde savant. C’est un homme qui sait son monde, qui a vu le monde. Ce provincial est un homme de l’autre monde, qui ne sait point de nouvelles, ni l’état des affaires. Il faut laisser dire le monde. Monde se dit aussi des opinions qu’ont les hommes, et particulièrement de celles qui sont corrompues et contraires à la pureté chrétienne. Le Seigneur a dit que son royaume n’est pas de ce monde. Monde se dit aussi par opposition à la vie religieuse et à la retraite : ce dévot a quitté le monde ; cet homme a quitté le monde, il ne voit plus compagnie, il vit dans la retraite.
Voir aussi Pensées diverses (Laf. 594, Sel. 491), Raisons des effets 3 (Laf. 83, Sel. 117), Raisons des effets 11 (Laf. 92, Sel. 126), Raisons des effets 19 (Laf. 101, Sel. 134), verso de Transition 2 (Laf. 195, Sel. 228), etc.
Monnaie.
Monnaie désigne en général l’argent qui a cours dans un État. Au sens figuré, il désigne ce que l’on accepte en échange d’une marchandise quelconque. Les éloges sont une monnaie à laquelle on a recours pour entrer dans les bonnes grâces d’un puissant.
Voir Pensées diverses (Laf. 710, Sel. 588).
Monstre, Monstrueux.
Prodige qui est contre l’ordre de la nature, qu’on admire ou qui fait peur (Furetière).
Voir aussi Contrariétés 13 (Laf. 130, Sel. 163), Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681), Preuves par discours II (Laf. 428, Sel. 682), Preuves par les Juifs VI (Laf. 477, Sel. 712) et Fausseté 6 (Laf. 208, Sel. 240).
Montagne.
Dans le fragment Loi figurative 3 (Laf. 247, Sel. 279), la Montagne désigne le mont Sinaï. Ailleurs, il nomme les Pyrénées pour donner un exemple de limite entre deux nations, dont les mœurs sont différentes (l’Espagne est terre d’Inquisition, la France ne l’est pas).
Montaigne.
Voir le dossier thématique sur Montaigne. Sur Montaigne lui-même, voir Friedrich Hugo, Montaigne, Paris, Gallimard, 1968 et Lazard Madeleine, Michel de Montaigne, Paris, Fayard, 2002.
Voir verso de Misère 9 (Laf. 76, Sel. 111), Raisons des effets 8 (Laf. 89, Sel. 123), Fondement 13 (Laf. 236, Sel. 268), Perpétuité 3 (Laf. 281, Sel. 313), Dossier de travail (Laf. 408, Sel. 27), etc.
Montalte.
Pseudonyme qui fut donné à l’auteur des Provinciales lorsqu’elles furent éditées en un volume, et non plus sous forme d’opuscules séparés. Louis de Montalte est l’anagramme de Salomon de Tultie, qui devait être l’auteur supposé des Pensées, et de Amos Dettonville, auteur des écrits sur la roulette.
Voir Pensées diverses (Laf. 692, Sel. 571).
Montre.
Pascal portait toujours une montre attachée à son poignet gauche. Voir OC I, éd. J. Mesnard, p. 1153. Témoignage du P. Guerrier, troisième Recueil Guerrier, p. 293 ; voir aussi le Recueil d’Utrecht, 1740, p. 331-332. « Mademoiselle Périer m’a dit que M. Pascal, son oncle, portait toujours une montre attachée à son poignet gauche. Quand M. Quesnel, frère du P. Quesnel, eut fait le portrait de M. Pascal qui était mort depuis plusieurs années, on montra ce portrait à un grand nombre de personnes qui avaient connu ce grand homme. Tous le trouvèrent parfaitement ressemblant. Mademoiselle Périer le fit voir à un horloger de Paris qui avait travaillé assez souvent pour son oncle, et lui demanda s’il reconnaissait ce portrait. C’est, dit l’ouvrier, le portrait d’un Monsieur qui venait ici fort souvent pour faire raccommoder sa montre, mais je ne sais pas son nom. »
Voir Pensées diverses (Laf. 534, Sel. 457).
Montrer.
Synonyme de démontrer, mais avec une nuance d’évidence qui frappe même la vue.
Voir Loi figurative 24 (Laf. 269, Sel. 300), Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681) et Preuves par les Juifs VI (Laf. 468, Sel. 705).
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