Pensées diverses III – Fragment n° 66 / 85 – Papier original : RO 437-6
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 142 p. 381 / C2 : p. 341
Éditions savantes : Faugère I, 274, XXX / Havet Prov. n° 437 p. 289 / Brunschvicg 944 / Tourneur p. 108-3 / Le Guern 607 / Lafuma 714 (série XXV) / Sellier 592
Pape.
Il y a contradiction, car d’un côté ils disent qu’il faut suivre la tradition et n’oseraient désavouer cela, et de l’autre ils diront ce qu’il leur plaira. On croira toujours ce premier, puisqu’aussi bien ce serait leur être contraire que de ne le pas croire.
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Pascal s’en prend dans cette note à l’une des techniques par lesquelles les jésuites trompent non seulement les fidèles, mais aussi le pape, chef de l’Église qui a en charge la fidélité à la Tradition.
Fragments connexes
Fondement 20 (Laf. 243, Sel. 276). La religion païenne est sans fondement.
La religion mahométane a pour fondement l’Alcoran et Mahomet. Mais ce prophète qui devait être la dernière attente du monde a-t-il été prédit ? Et quelle marque a-t-il que n’ait aussi tout homme qui se voudra dire prophète ? Quels miracles dit-il lui-même avoir faits ? Quel mystère a-t-il enseigné selon sa tradition même ? Quelle morale et quelle félicité ?
La religion juive doit être regardée différemment dans la tradition des livres saints et dans la tradition du peuple. La morale et la félicité en est ridicule dans la tradition du peuple, mais elle est admirable dans celle de leurs saints. Le fondement en est admirable. C’est le plus ancien livre du monde et le plus authentique, et au lieu que Mahomet pour faire subsister le sien a défendu de le lire, Moïse pour faire subsister le sien a ordonné à tout le monde de le lire. Et toute religion est de même, car la chrétienne est bien différente dans les livres saints et dans les casuistes.
Notre religion est si divine qu’une autre religion divine n’en a que le fondement.
Miracles III (Laf. 865, Sel. 439). Les miracles ne sont plus nécessaires à cause qu’on en a déjà, mais quand on n’écoute plus la tradition, quand on ne propose plus que le pape, quand on l’a surpris, et qu’ainsi ayant exclu la vraie source de la vérité qui est la tradition, et ayant prévenu le pape qui en est le dépositaire, la vérité n’a plus de liberté de paraître, alors les hommes ne parlent plus de la vérité. La vérité doit parler elle-même aux hommes. C’est ce qui arriva au temps d’Arius.
Miracles III (Laf. 867, Sel. 440). Le pape serait-il déshonoré pour tenir de Dieu et de la tradition ses lumières, et n’est-ce pas le déshonorer de le séparer de cette sainte union, etc.
Miracles III (Laf. 909, Sel. 451). Gens sans paroles, sans foi, sans honneur, sans vérité, doubles de cœur, doubles de langue et semblables, comme il vous fut reproché autrefois, à cet animal amphibie de la fable, qui se tenait dans un état ambigu entre les poissons et les oiseaux. (texte barré verticalement)
Mots-clés : Contradiction – Pape – Tradition.