Fragment Commencement n° 7 / 16 – Papier original : RO 61-9
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Commencement n° 220 p. 77 v° / C2 : p. 104
Éditions savantes : Faugère I, 221, CXL / Havet XXIV.101 / Brunschvicg 225 / Tourneur p. 226-2 / Le Guern 146 / Lafuma 157 / Sellier 189
Athéisme marque de force d’esprit, mais jusqu’à un certain degré seulement.
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Pascal ne commet pas l’erreur de sous-estimer les athées contre lesquels il écrit, et encore moins de les taxer de sottise : il convient qu’ils font preuve d’une certaine force d’esprit, mais cherche à leur faire comprendre qu’ils s’en tiennent à une demi-mesure, et que la véritable force d’esprit consiste à savoir faire céder la raison là où son domaine cesse. Il met ainsi en pratique la maxime de l’art de persuader qui consiste à ne pas attaquer de front l’interlocuteur, mais à lui concéder d’abord qu’il a raison sur certais points, mais qu’il doit aussi adopter le point de vue qui lui a échappé : voir Pensées diverses (Laf. 701, Sel. 579) : Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu’il se trompe il faut observer par quel côté il envisage la chose car elle est vraie ordinairement de ce côté‑là et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela car il voit qu’il ne se trompait pas et qu’il manquait seulement à voir tous les côtés. Or on ne se fâche pas de ne pas tout voir, mais on ne veut pas être trompé, et peut-être que cela vient de ce que naturellement l’homme ne peut tout voir, et de ce que naturellement il ne se peut tromper dans le côté qu’il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.
Fragments connexes
Commencement 11 (Laf. 161, Sel. 193). Les athées doivent dire des choses parfaitement claires. Or il n’est point parfaitement clair que l’âme soit matérielle.
Pensées diverses (Laf. 701, Sel. 579). Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu’il se trompe il faut observer par quel côté il envisage la chose car elle est vraie ordinairement de ce côté‑là et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela car il voit qu’il ne se trompait pas et qu’il manquait seulement à voir tous les côtés. Or on ne se fâche pas de ne pas tout voir, mais on ne veut pas être trompé, et peut-être que cela vient de ce que naturellement l’homme ne peut tout voir, et de ce que naturellement il ne se peut tromper dans le côté qu’il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.