Glossaire

 

C.

 

Cabale.

Une science secrète que les Hébreux prétendent voir par tradition et révélation divine, par laquelle ils expliquent tous les mystères de la divinité, et toutes les parties de la nature : ce qui consiste la plupart du temps en des rapports mystérieux, qu’ils ont des choses aux lettres de l’alphabet hébraïque. On y voit beaucoup d’esprit et de subtilité, mais bien de la vanité et de la superstition (Furetière). Cabale se dit figurément d’une société de personnes qui sont dans la même confidence et dans les mêmes intérêts ; mais il se prend ordinairement en mauvaise part. On le dit aussi des conspirations et des entreprises secrètes, des desseins qui se forment dans cette société. Cabale se dit aussi de quelques sociétés d’amis qui ont entre eux une liaison plus étroite qu’avec d’autres, sans avoir aucun mauvais dessein, comme pour se divertir, étudier.

Voir Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), Loi figurative 29 (Laf. 274, Sel. 305) et Pensées diverses (Laf. 554, Sel. 463).

 

Cachot.

Prison dont les chambres sont particulièrement étroites et sombres. Pascal emploie le mot soit pour marquer les limites de la condition humaine, soit pour signifier la petitesse de la Terre à l’égard de l’univers.

Voir Commencement 13 (Laf. 163, Sel. 195), Commencement 14 (Laf. 164, Sel. 196) et Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230).

 

Campagne.

Plaine, vaste étendue de terre, où il n’y a ni villes, ni montagnes, ni forêts, ou autre chose qui arrête ou qui borne la vue. Se dit aussi de tout ce qui est hors des villes (Furetière). Voir Misère 14 (Laf. 65, Sel. 99).

 

Cannibale.

Raisons des effets 19 (Laf. 101, Sel. 134) : Cannibales se rient d’un enfant roi. Cette expression renvoie à Montaigne, Essais, I, Des cannibales, 31. « Ils [les sauvages] furent à Rouen du temps que le feu roi Charles neuvième y était... Quelqu’un... voulut savoir d’eux ce qu’ils y avaient trouvé de plus admirable... Ils disent qu’ils trouvaient en premier lieu fort étrange que tant de grands hommes portant barbe, forts et armés, qui étaient autour du roi se soumissent à obéir à un enfant, et qu’on ne choisissait plutôt quelqu’un d’entre eux pour commander ».

Furetière et le Dictionnaire de l’Académie ne connaissent pas le mot cannibale. En revanche, ils connaissent le mot anthropophage. Les sauvages de Montaigne sont « sanguinaires et cruels, anthropophages et polygames » (éd. Balsamo, Pléiade, p. 1423).

Cet exemple est lié au problème posé dans les Trois discours sur la condition des grands, et dans le fragment Vanité 18 (Laf. 30, Sel. 64), savoir le choix de l’homme qui doit gouverner un État. Pascal considère que le choix du fils aîné d’un roi pour prendre sa succession est un bon moyen pour éviter les contestations et les guerres civiles. Les cannibales, lorsqu’ils se moquent du choix d’un enfant pour souverain, cherchent à rattacher le choix d’un souverain à sa force politique et guerrière ; ils ignorent que mettre le trône au concours pour le donner au plus méritant est un moyen sûr de déchaîner des guerres civiles.

 

Capacité, Capable.

Qualités et dispositions requises dans les personnes pour faire, pour donner, ou pour recevoir quelque chose. Sur ce qui touche la capacité de recevoir quelque chose, voir ce qu’écrit Gouhier Henri, Blaise Pascal. Conversion et apologétique, p. 101 sq., sur le sens de l’expression qui déclare l’homme capax Dei. Plutôt que capable de Dieu, il faudrait capable de la grâce, car c’est la grâce que l’homme reçoit, et c’est par elle que Dieu devient présent à l’homme. Dans A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182), Pascal a barré la formule nous sommes incapables de Dieu et l’a remplacée par sa miséricorde ne peut pas nous rendre capables de lui (voir la transcription diplomatique de RO p. 325). Il s’agit bien d’une capacité, mais d’une capacité vide, qui n’est pas remplie et qui ne parvient pas à avoir son effet. L’opposé de capacité est indignité, qui explique pourquoi la capacité est vide : p. 101-102.

Dans l’expression capable de bien (Contrariétés 1 - Laf. 119, Sel. 151), le caractère de réception est moins nettement marqué : on peut dire que l’homme est capable de vérité ou de bien pour dire qu’à force de chercher, il est capable de trouver le vrai et le bien. Dans l’esprit de Pascal, cependant, cela revient au même que dans le cas précédent, car la vérité et le vrai bien sont l’objet d’une Révélation que l’homme reçoit de Dieu.

Voir aussi Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230), Fausseté 6 (Laf. 208, Sel. 240), Fondement 16 (Laf. 239, Sel. 271), Preuves par discours I (Laf. 418, Sel. 680), etc.

 

Casuiste, Casuistique.

Voir les Provinciales V à XIV.

Référence : Verso de Vanité 14 (non édité par L. Lafuma et Ph. Sellier).

 

Catholique.

Bouyer Louis, Dictionnaire théologique, art. Catholicité, p. 126-129.

Bartmann Bernard, Précis de théologie dogmatique, Mulhouse, Salvator, 1941. Excellent guide dans la doctrine catholique.

Durand J.-D. et Prudhomme C., Le monde du catholicisme, coll. Bouquins,  Paris, Robert Laffont, 2017. Utile pour servir d’introduction sur une variété de sujets.

Le Dictionnaire de théologie catholique ne peut être utile qu’une fois les notions de base solidement acquises.

Voir Miracles II (Laf. 840, Sel. 428), Miracles II (Laf. 856, Sel. 436), Miracles III (Laf. 901, Sel. 449), Pensées diverses (Laf. 662, Sel. 544) et Pensées diverses (Laf. 733, Sel. 614).

 

Cause.

Sur la distinction entre cause et raison, voir la liasse Raisons des effets. La cause est un fait comme ce que l’on appelle son effet : cause et effet relèvent également du domaine des faits observables : la cause de l’agitation des hommes est bien le fait qu’ils ne savent pas demeurer seuls dans une chambre. Mais cette cause n’explique rien : dire que l’homme sort de chez lui parce qu’il ne peut pas rester dans sa maison ne renseigne en rien sur les motifs profonds de cette impossibilité. La raison est d’un niveau supérieur : conformément à sa racine latine ratio, elle désigne un rapport, et pour être précis une proportion mathématique qui existe entre la cause concrète et l’effet qui s’ensuit. La notion de raison des effets est d’origine physique et désigne une loi d’enchaînement des phénomènes observables. Pascal la transfère dans l’ordre de l’analyse des conduites humaines et de l’anthropologie en général.

Voir Vanité 32 (Laf. 46, Sel. 79), Divertissement 4 (Laf. 136, Sel. 168), Verso de Transition 2 (Laf. 196-197, Sel. 228), Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230), Fausseté 4 (Laf. 206, Sel. 238), etc.