Fragment Morale chrétienne n° 22 / 25  – Papier original : RO 199-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Morale n° 367 p. 181 v° / C2 : p. 215

Éditions savantes : Faugère II, 380, XLV / Havet XXIV.60 bis / Brunschvicg 476 / Tourneur p. 294 / Le Guern 353 / Lafuma 373 / Sellier 405

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Transcription savante (origine : Recueil des originaux)

 

 

       Il faut n’aymer que dieu & ne hair que soy.

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Si le pied veno avoit toujours ing ignoré qu’il appartinst

  au corps & qu’il y eust 1 un corps dont il dependit 2

  s’il n’avoit eu que la conoissance & l’amour de soy

   & qu’il veinst 3 a connoistre qu’il appartient a un corps

   duquel il depend quel regret quelle confusion de sa vie

     passée, d’avoir esté inutile au corps qui luy a influé

     la 4 vie, qui l’eust aneanti s’il l’eust rejetté &

      separé de soy, comme il se separoit de luy

      quelles prieres d’y estre conservé & avec quelle soumission

    se laisseroit il gouverner a la volonté qui regit

    le corps, jusqu’a consentir a estre retranché s’il

  le faut, ou 5 il perdroit sa qualité de membre

car il faut que tout membre veuille bien perir pour le

  corps qui est le seul pour qui tout est.

 

 

Notes

 

1 P. Faugère transcrit : « eut » sans l’accent circonflexe sur le u. E. Havet a corrigé. L. Lafuma a aussi oublié l’accent.

2 L. Lafuma a oublié l’accent circonflexe sur le i.

3 P. Faugère transcrit : « vint » sans l’accent circonflexe sur le i. E. Havet a corrigé.

4 P. Faugère puis E. Havet : « sa ». G. Michaut (n° 432) a corrigé.

5 P. Faugère : « où ». E. Havet a corrigé.

 

Premières éditions et copies des XVIIe - XVIIIe siècles et du début du XIXe

 

Port-Royal ne conserve pas ce texte. Est-ce parce que les aventures spirituelles que Pascal prête à ce pied ont semblé trop burlesques au comité ? Ce serait alors un exemple de la timidité des éditeurs devant certaines audaces stylistiques. Sur les atténuations apportées dans l’édition de Port-Royal à des formulations jugées malséantes, voir Marie Pérouse, L’invention des Pensées de Pascal, Paris, Champion, 2009, p. 394 sq.

La copie Périer reproduit uniquement le deuxième texte, p. 125 : (en rouge : différences par rapport aux Copies C1 et C2)

Si le pied avoit toujours ignoré qu’il appartient au Corps, et qu’il y eut un corps dont il dépendit, s’il n’avoit eu que la connoissance et l’amour de soi même, et qu’il vint à connoître qu’il apartient à un corps duquel il dépend : Quel regret ! quelle confusion de sa vie passée ! d’avoir été inutile au corps qui lui a influé la vie, qui l’eut anéanti. S’il l’eut rejetté et séparé de soi, comme il se séparoit de luy. Quelles prieres d’y etre conservé, et avec quelle Soumission se laisseroit il gouverner à la volonté qui régit le corps, jusqu’à consentir à être retranché ; S’il le faut, ou il perdroit sa qualité de membre : Car il faut que tout membre veuille bien périr pour le corps qui est le seul pour qui tout est.

1er éditeur : P. Faugère (1844).

 

Remarque

 

P. Faugère regroupe sous un même article Morale 18 (Laf. 368-369, Sel. 401), Morale 23 (Laf. 374, Sel. 406), Morale 25 (Laf. 376, Sel. 408), Morale 10 (Laf. 360, Sel. 392), Morale 21 (Laf. 372, Sel 404), Morale 22 et Morale 19 (Laf. 370, Sel. 402).

 

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