L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 180

son honneur, celui-là serait infâme.

2.  La douceur de la gloire est

si grande, qu’à quelque chose qu’on

l’attache, même à la mort, on l’aime.

3.  L’orgueil contrepèse toutes

nos misères. Car, ou il les cache, ou,

s’il les découvre, il se glorifie de les

connaître.

4.  L’orgueil nous tient d’une

possession si naturelle au milieu de

nos misères et de nos erreurs, que

nous perdons même la vie avec joie,

pourvu qu’on en parle.

5.  La vanité est si ancrée dans

le cœur de l’homme, qu’un goujat,

un marmiton, un crocheteur se vante,

et veut avoir ses admirateurs. Et les

Philosophes mêmes en veulent. Ceux

qui écrivent contre la gloire, veulent

avoir la gloire d’avoir bien écrit ; et

ceux qui le lisent, veulent avoir la

gloire de l’avoir lu ; et moi qui écris

ceci, j’ai peut-être cette envie,

et peut-être que ceux qui le liront

l’auront aussi.

6.  Malgré la vue de toutes nos

misères qui nous touchent, et qui

nous tiennent à la gorge, nous avons

un instinct que nous ne pouvons réprimer,

 

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