Pensées - page 180
son honneur, celui-là serait infâme.
2. La douceur de la gloire est
si grande, qu’à quelque chose qu’on
l’attache, même à la mort, on l’aime.
3. L’orgueil contrepèse toutes
nos misères. Car, ou il les cache, ou,
s’il les découvre, il se glorifie de les
connaître.
4. L’orgueil nous tient d’une
possession si naturelle au milieu de
nos misères et de nos erreurs, que
nous perdons même la vie avec joie,
pourvu qu’on en parle.
5. La vanité est si ancrée dans
le cœur de l’homme, qu’un goujat,
un marmiton, un crocheteur se vante,
et veut avoir ses admirateurs. Et les
Philosophes mêmes en veulent. Ceux
qui écrivent contre la gloire, veulent
avoir la gloire d’avoir bien écrit ; et
ceux qui le lisent, veulent avoir la
gloire de l’avoir lu ; et moi qui écris
ceci, j’ai peut-être cette envie,
et peut-être que ceux qui le liront
l’auront aussi.
6. Malgré la vue de toutes nos
misères qui nous touchent, et qui
nous tiennent à la gorge, nous avons
un instinct que nous ne pouvons réprimer, |