Fragment Philosophes n° 7 / 8 – Papier original : RO 275-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Philosophes n° 198 p. 61 v° / C2 : p. 87
Éditions de Port-Royal : Chap. XXI - Contrarietez estonnantes : 1669 et janv. 1670 p. 166 / 1678 n° 1 p. 163
Éditions savantes : Faugère II, 92, III / Havet VIII.5 / Brunschvicg 461 / Tourneur p. 215-3 / Le Guern 135 / Lafuma 145 / Sellier 178
Dans l’édition de Port-Royal
Chap. XXI - Contrarietez estonnantes : 1669 et janv. 1670 p. 166 / 1678 n° 1 p. 163 |
Différences constatées par rapport au manuscrit original
Ed. janvier 1670 1 |
Transcription du manuscrit |
Le texte est proposé au milieu d’un texte issu de Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181) : [...] Les uns ont cherché la félicité dans l’autorité, les autres dans les curiosités et dans les sciences, les autres dans les voluptés.
Ces trois concupiscences ont fait trois sectes, et ceux qu’on appelle Philosophes n’ont fait effectivement que suivre une des trois.
Ceux qui en ont le plus approché ont considéré, qu’il est nécessaire que le bien universel que tous les hommes désirent, et où tous doivent avoir part, ne soit dans aucune des choses particulières qui ne peuvent être possédées que par un seul, et qui étant partagées affligent plus leur possesseur par le manque de la partie qu’il n’a pas, qu’elles ne le contentent par la jouissance de celle qui lui appartient. Ils ont compris que le vrai bien devait être tel que tous pussent le posséder à la fois sans diminution et sans envie, et que personne ne le pût perdre contre son gré. Ils l’ont compris, mais ils ne l’ont pû trouver ; et au lieu d’un bien solide et effectif, ils n’ont embrassé que l’image creuse d’une vertu fantastique. [...] |
Les trois concupiscences ont fait trois sectes, et les philosophes n’ont fait autre chose que suivre une des trois concupiscences.
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1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.
Commentaires
Ceux qu’on appelle philosophes : Port-Royal hésite parfois devant le vocabulaire propre de Pascal. Dans le cas présent, la formule peut avoir deux sens : ou bien les correcteurs veulent dire que ces soi-disant philosophes ne sont tels que dans la langue du vulgaire, mais sans l’être vraiment ; ou bien il s’agit d’une simple précaution verbale. L’addition de l’adverbe effectivement fait pencher pour la première hypothèse. Le contexte dans lequel est placé ce texte dans l’édition de Port-Royal permet une identification plus précise des types de philosophes dont il est question pour chaque concupiscence.
Le texte a été utilisé dans le chapitre Contrariétés étonnantes qui se trouvent dans la nature de l’homme à l’égard de la vérité, du bonheur, et de plusieurs autres choses. Ce chapitre est composé de textes issus des liasses Contrariétés (5, 13 et 14), Grandeur (6), Souverain bien (2), Philosophes (5, 6, 7, et 8) et du dossier de travail (Laf. 399, Sel. 18 ; Laf. 400, Sel. 19 ; Laf. 401, Sel. 20 ; Laf. 406, Sel. 25 ; Laf. 410, Sel. 29).