Fragment Prophéties n° 12 / 27 – Papier original : RO 405-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Prophéties n° 354 p. 167 v° / C2 : p. 200
Éditions de Port-Royal : Chap. XV - Preuves de Jésus-Christ par les prophéties : 1669 et janvier 1670 p. 115 / 1678 n° 3 p. 115
Éditions savantes : Faugère II, 276, XVII / Havet XVIII.3 / Brunschvicg 708 / Tourneur p. 285-2 / Le Guern 314 / Lafuma 333 / Sellier 365
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Bibliographie ✍
CHÉDOZEAU Bernard, L’univers biblique catholique au siècle de Louis XIV. La Bible de Port-Royal, I, Les préfaces de l’Ancien Testament, Paris, Champion, 2013. ERNST Pol, Les Pensées de Pascal. Géologie et stratigraphie, Paris et Oxford, Fondation Voltaire, 1996. MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, Paris, SEDES-CDU, p. 275. PASCAL, Pensées, éd. Havet, II, Delagrave, 1866. SELLIER Philippe, “Le fondement prophétique” in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 461-470. |
✧ Éclaircissements
Prophéties.
Havet, dans son édition des Pensées, II, 1866, p. 22, associe ce fragment à Prophéties 14 (Laf. 336, Sel. 367) : Il faut être hardi pour prédire une même chose en tant de manières. Il fallait que les quatre monarchies, idolâtres ou païennes, la fin du règne de Juda, et les 70 semaines arrivassent en même temps, et le tout avant que le 2e temple fût détruit. Il les explique l’un par l’autre, en montrant qu’ils se répondent partie par partie. Les quatre monarchies, c’est l’état du peuple païen ; la fin du règne de Juda, c’est l’état du peuple juif ; les 70 semaines, c’est le nombre des années ; la destruction du deuxième temple, c’est l’état du Temple de Jérusalem.
Voir aussi le commentaire p. 30 sq., où Havet donne les passages relevés dans Prophéties III (Laf. 485, Sel. 720).
Sellier Philippe, “Le fondement prophétique”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., p. 461-470.
Le temps prédit par l’état du peuple juif,
Suivant Havet, Pensées, II, 1866, p. 22, l’état du peuple juif, c’est la fin du règne de Juda imposée par Rome, la destruction du Temple et l’état de dispersion et d’exil qui a suivi. C’est ce qu’annonçait la prophétie de Jacob, lorsqu’il disait que le sceptre serait ôté de Juda : voir Preuves de Jésus-Christ 19 (Laf. 317, Sel. 348). J.-C. prédit quant au temps et à l’état du monde. Le duc ôté de la cuisse, et la 4e monarchie.
Prophéties 18 (Laf. 339, Sel. 371). Les prophètes ayant donné diverses marques qui devaient toutes arriver à l’avènement du Messie il fallait que toutes ces marques arrivassent en même temps. Ainsi il fallait que la quatrième monarchie fût venue lorsque les septante semaines de Danielseraient accomplies et que le sceptre fût alors ôté de Juda. Et tout cela est arrivé sans aucune difficulté et qu’alors il arrivât le Messie et J.-C. est arrivé alors qui s’est dit le Messie et tout cela est encore sans difficulté et cela marque bien la vérité des prophéties.
Sur la prophétie de Jacob, voir Loi figurative 14 (Laf. 259, Sel. 290). Figure. [...] Il est dit que la loi sera changée, que le sacrifice sera changé, qu’ils seront sans roi, sans princes et sans sacrifices, qu’il sera fait une nouvelle alliance, que la loi sera renouvelée, que les préceptes qu’ils ont reçus ne sont pas bons, que leurs sacrifices sont abominables, que Dieu n’en a point demandé. Il est dit au contraire que la loi durera éternellement, que cette alliance sera éternelle, que le sacrifice sera éternel, que le sceptre ne sortira jamais d’avec eux, puisqu’il n’en doit point sortir que le roi éternel n’arrive.
par l’état du peuple païen,
Havet, dans son édition des Pensées, II, 1866, p. 22, associe ce fragment à Prophéties 14 (Laf. 336, Sel. 367) : Il faut être hardi pour prédire une même chose en tant de manières. Il fallait que les quatre monarchies, idolâtres ou païennes, la fin du règne de Juda, et les 70 semaines arrivassent en même temps, et le tout avant que le 2e temple fût détruit.
Prophéties 18 (Laf. 339, Sel. 371). Les prophètes ayant donné diverses marques qui devaient toutes arriver à l’avènement du Messie il fallait que toutes ces marques arrivassent en même temps. Ainsi il fallait que la quatrième monarchie fût venue lorsque les septante semaines de Danielseraient accomplies et que le sceptre fût alors ôté de Juda. Et tout cela est arrivé sans aucune difficulté et qu’alors il arrivât le Messie et J.-C. est arrivé alors qui s’est dit le Messie et tout cela est encore sans difficulté et cela marque bien la vérité des prophéties.
Preuves de Jésus-Christ 19 (Laf. 317, Sel. 348). J.-C. prédit quant au temps et à l’état du monde. Le duc ôté de la cuisse, et la 4e monarchie.
La prophétie des quatre monarchies vient de Daniel. Voir ce qu’en dit la Préface de la Bible de Port-Royal au livre de Daniel ; le texte en est donné par Chédozeau Bernard, L’univers biblique catholique au siècle de Louis XIV. La Bible de Port-Royal, I, Les préfaces de l’Ancien Testament, Paris, Champion, 2013, p. 591-595.
La Bible de Port-Royal commente en ces termes le passage de Daniel, II,
« 37-38. Vous êtes le roi des rois ; et le Dieu du ciel vous a donné le royaume, la force, l’empire, et la gloire... C’est donc vous qui êtes la tête d’or.
Cette statue si prodigieuse que vit en songe le roi Nabuchodonosor, représentait par ses membres différents les divers empires qui devaient se succéder les uns aux autres. Sa tête était d’or : et lorsque Daniel dit à ce prince qu’il était lui-même cette tête d’or, ce n’est pas tant à sa personne qu’il donne ce nom, qu’à son empire, qui est celui des Babyloniens. Il l’appelle tête, parce que c’est la première des quatre grandes monarchies ; et il l’appelle tête d’or, à cause qu’elle surpassait de beaucoup en gloire et magnificence tous les royaumes de la terre. Aussi Babylone, la capitale de cet empire, est nommé dans Isaïe [Isaïe, cap. 13. 19] la gloire des royaumes, et l’orgueil éclatant des Chaldéens.
39. Il s’élèvera après vous un autre royaume moindre que le vôtre, qui sera d’argent.
Le même Isaïe dit encore que cette grande Babylone se voit détruite, comme le Seigneur renversa Sodome et Gomorrhe. Ainsi, après la destruction de l’empire des Chaldéens, figuré par la tête d’or de cette statue si mystérieuse, il s’est élevé un autre empire, qui a été celui des Perses et des Mèdes, figuré par la poitrine et les bras d’argent de la statue, à cause de la réunion de ces deux royaumes avec celui des Chaldéens en un même corps d’État. Il est comparé à l’argent, qui est moindre que l’or ; non que l’empire des Perses ait été inférieur à celui des Chaldéens, soit en grandeur ou en puissance ou en richesses, depuis l’union de ces trois monarchies en une seule ; mais parce que, selon la nature des choses humaines qui vont d’ordinaire en dégénérant, le gouvernement du premier empire fut beaucoup plus équitable et plus heureux, et dura même sans comparaison plus longtemps que le second.
Et ensuite un troisième royaume, qui sera d’airain, et qui commandera à toute la terre.
Ce troisième empire est celui du grand Alexandre et des Grecs, qui est comparé au ventre et aux cuisses d’airain de la statue ; soit pour remarquer qu’il serait encore pire que le second, et aussi différent de celui des Perses, que l’airain l’est de l’argent ; ou pour faire entendre qu’il briserait tout par la force de ses armes, à cause qu’anciennement les meilleures armes se faisaient d’airain trempé ; ou même, selon saint Jérôme, pour exprimer par le son de ce métal éclatant, l’éloquence de ces peuples qui fit tant de bruit dans tout l’Univers. Le ventre peut bien signifier aussi, selon quelques-uns, les débauches et l’avarice insatiable des princes qui se succédèrent les uns aux autres dans le gouvernement de cet empire. Il est dit qu’il commanderait à toute la terre [Daniel. cap. 8. 5. I. Mach. cap. 1. 3. I Esdr. cap. 1. 2] : ce qui est une manière de parler assez ordinaire dans l’Écriture, qui signifie seulement, toute la terre de ce pays-là, ou la plus grande partie de la terre qui était connue du peuple de Dieu.
40-41, etc. Le quatrième royaume sera comme le fer : il brisera, et il réduira tout en poudre, comme le fer brise et dompte toutes choses... Et quoique prenant son origine du fer, il sera divisé, selon que vous avez vu que le fer était mêlé avec la terre et l’argile, etc.
Ce quatrième royaume, selon l’opinion commune, est l’empire des Romains, comparé aux jambes de la statue, et à ses pieds, dont une partie était de fer, et l’autre d’argile. Ce règne est donc appelé le règne de fer, pour la raison qu’en apporte le prophète, qui est, que comme le fer par sa grande dureté écrase et brise tout, aussi le gouvernement des Romains devait détruire les trois monarchies précédentes, avant même qu’il fût établi en monarchie sous Auguste. Ce mélange de fer et d’argile qui était aux pieds et aux doigts des pieds de la statue, marquait, selon l’explication de Daniel, la division et les différentes fractions de l’État, et sa faiblesse ou sa force, selon la bonne ou la mauvaise intelligence qui unissaient ou qui divisaient ses citoyens. Il peut encore marquer, que cet empire, quoique solide et affermi comme le fer, serait néanmoins souvent affaibli, tant par l’inondation des barbares que par le soulèvement de plusieurs peuples, qui lassés de la tyrannie des Romains, se feraient des rois, selon qu’il est dit dans l’Apocalypse [Apocal. cap. 13. 1], que dix rois devaient sortir de cet empire, comme autant de cornes de la bête ; ou, selon l’expression de Daniel même, comme autant de doigts des pieds de la statue, dont les uns sont grands et les autres plus petits. Ce même prophète explique encore ce mélange de fer et d’argile, des alliances inégales qui se feraient par des mariages, et qui ne pourraient établir une solide union, non plus que le fer ne peut bien se lier ni s’unir avec l’argile.
Mais quoique cette explication qu’on donne communément à ce passage de Daniel, en entendant de l’empire des Romains, ce quatrième royaume, paraisse assez littérale, il semble qu’il y a encore plus de fondement, de l’entendre de celui que Daniel même a encore représenté sous différentes figures en divers chapitres, où l’on verra assez clairement qu’il n’est point parlé, au moins selon le sens premier et littéral, de l’empire des Romains, mais de celui des successeurs d’Alexandre, qui ont régné en Syrie et en Égypte [Daniel. cap. 7. v. 7. 8. cap. 8. v. 8. 9. 10. cap. 11. v. 4. 5. 31]. Ils ont été avant la naissance de Jésus-Christ les derniers et les plus cruels persécuteurs du peuple de Dieu, dont ils avaient résolu d’abolir entièrement la religion, en y substituant le paganisme : et ce fut la cause de la guerre des Macchabées.
Pour donner ici une idée de cet empire des successeurs d’Alexandre, dont la connaissance est nécessaire pour entendre les prophéties de Daniel, il faut savoir qu’après la mort de ce prince la souveraine puissance passa à quatre des principaux officiers de son armée, qui sont désignés par le prophète dans ses visions mystérieuses, et qui régnèrent en différentes provinces ; savoir Ptolémée en Égypte, Séleucus en Babylone et en Syrie, Cassandre en Macédoine et en Grèce, Antigonus en Asie. Mais entre ces rois, ceux d’Égypte et de Syrie sont d’une considération particulière pour l’intelligence de l’Histoire sacrée, comme ayant la plus grande part aux prophéties de Daniel. Leur empire est donc figuré par les jambes et les pieds de la statue. Il est dit que ce devrait être un règne de fer, non seulement parce qu’il ne s’est établi que par la violence, mais encore parce qu’il n’a rien eu de cette ancienne splendeur des empires précédents ; soit qu’on envisage l’extraction de ces princes, ou leur manière de régner, plus digne de petits tyrans, que de grands rois. Le prophète dit encore qu’il brisera tout comme le fer : ce qu’on a vu arriver jusques dans le Temple de Jérusalem, dont le sanctuaire fut renversé et foulé aux pieds [Daniel. cap. 7. v. 7. 25. cap. 8. v. 11. cap. 11. v. 31]. Il ajoute qu’il devait être divisé, et que cette division était marquée par les pieds et les doigts des pieds composés d’argile et de fer ; comme en effet ce royaume fut divisé en Séleucides, et en Lagides, dont les premiers sont nommés dans Daniel, Rois du Nord ; et les seconds Rois du Midi [Idem. cap. 11. v. 5. 6]. Il devait être comme le fer et l’agile : car en effet ces deux royaumes d’Égypte et de Syrie furent tantôt élevés, tantôt abattus ; soit l’un par l’autre, soit par les Juifs sous les Macchabées, soit enfin par les Romains. L’Écriture ajoute qu’ils se mêleraient par des alliances humaines, comme le fer était mêlé avec de l’argile dans la statue, mais qu’ils ne demeureraient point unis, non plus que le fer ne peut bien s’unir à la terre [Daniel. c. 11. 6. I Mach. cap. 10. v. 54. cap. 11. v. 9. 10] ; ce qui marquait les alliances qui se firent inutilement entre les princes de ces royaumes dont le prophète parle clairement ailleurs, et dont nous voyons l’accomplissement dans l’histoire des Macchabées.
Il paraît donc très naturel d’entendre cette prophétie plutôt du royaume divisé des Séleucides et des Lagides, que de l’empire romain ; quoique ce qui est dit du premier, puisse aussi fort bien être entendu du dernier, par une figure prophétique assez ordinaire dans les saintes Écritures. C’est ainsi que Daniel lui-même, qui était l’un des prophètes du vieux testament, ayant prédit plusieurs choses qui se devaient accomplir avant Jésus-Christ, saint Jean qui a été le prophète du nouveau, a appliqué ces mêmes choses dans l’Apocalypse à Rome païenne et au règne de l’Antéchrist. Ainsi les premières étaient en un sens les figures des secondes ; et l’on doit alors distinguer comme deux sens littéraux, dont le premier se rapporte à la figure qui doit précéder, et le second à la chose qui doit suivre. »
Pascal donne le texte de Daniel et son interprétation dans Prophéties III (Laf. 485, Sel. 720).
Havet, Pensées, II, 1866, p. 34, indique que les quatre monarchies sont celles des Assyriens, des Mèdes, des Perses et des Grecs ou des successeurs d’Alexandre. La pierre qui les brise est l’empire romain. C’est ce qui est indiqué dans la Bible de Jérusalem.
par l’état du temple,
Allusion à la destruction du second Temple de Jérusalem par les troupes commandées par Titus. Voir le dossier thématique sur le Temple.
Havet, dans son édition des Pensées, II, 1866, p. 22, associe ce fragment à Prophéties 14 (Laf. 336, Sel. 367).
Pascal insiste sur l’importance de ce signe dans le fragment Prophéties 8 (Laf. 329, Sel. 361). Que J.-C. serait petit en son commencement et croîtrait ensuite. La petite pierre de Daniel. Si je n’avais ouï parler en aucune sorte du Messie, néanmoins après les prédictions si admirables de l’ordre du monde que je vois accomplies, je vois que cela est divin et si je savais que ces mêmes livres prédissent un Messie je m’assurerais qu’il serait venu, et voyant qu’ils mettent son temps avant la destruction du 2e temple je dirais qu’il serait venu.
Poznanski Lucien, La chute du temple de Jérusalem, Paris, Complexe, 1991.
par le nombre des années.
Allusion au compte des années par les 70 semaines de Daniel. Les 70 semaines, symbolisent les 70 années qu’a duré l’exil à Babylone. Sur cette prophétie, voir notre commentaire relatif au fragment Prophéties 20 (Laf. 341, Sel. 373).
Prophéties 14 (Laf. 336, Sel. 367). Il faut être hardi pour prédire une même chose en tant de manières. Il fallait que les quatre monarchies, idolâtres ou païennes, la fin du règne de Juda, et les 70 semaines arrivassent en même temps, et le tout avant que le 2e temple fût détruit.
Le compte des 70 semaines de Daniel présente une certaine approximation, d’après le fragment Prophéties 20 (Laf. 341, Sel. 373). Prophéties. Les 70 semaines de Danielsont équivoques pour le terme du commencement à cause des termes de la prophétie. Et pour le terme de la fin à cause des diversités des chronologistes. Mais cette difficulté n’a pas d’importance réelle, car toute cette différence ne va qu’à 200 ans.
La pointe du fragment n’est pas dans chacune de ces marques du temps prise à part, mais dans leur convergence. Cette coïncidence est soulignée dans les fragments suivants.
Prophéties 18 (Laf. 339, Sel. 371). Les prophètes ayant donné diverses marques qui devaient toutes arriver à l’avènement du Messie il fallait que toutes ces marques arrivassent en même temps. Ainsi il fallait que la quatrième monarchie fût venue lorsque les septante semaines de Danielseraient accomplies et que le sceptre fût alors ôté de Juda. Et tout cela est arrivé sans aucune difficulté et qu’alors il arrivât le Messie et J.-C. est arrivé alors qui s’est dit le Messie et tout cela est encore sans difficulté et cela marque bien la vérité des prophéties.
Prophéties 17 (Laf. 338, Sel. 370). Prédictions.
Qu’en la 4e monarchie, avant la destruction du 2e temple, avant que la domination des Juifs fût ôtée en la 70e semaine de Daniel, pendant la durée du 2e temple les païens seraient instruits et amenés à la connaissance du Dieu adoré par les Juifs, que ceux qui l’aiment seraient délivrés de leurs ennemis, remplis de sa crainte et de son amour.
Et il est arrivé qu’en la 4e monarchie avant la destruction du 2e temple etc. les païens en foule adorent Dieu et mènent une vie angélique. [...] Qu’est-ce que tout cela ? c’est ce qui a été prédit si longtemps auparavant ; depuis 2 000 années aucun païen n’avait adoré le Dieu des Juifs et dans le temps prédit la foule des païens adore cet unique Dieu. Les temples sont détruits, les rois mêmes se soumettent à la croix. Qu’est-ce que tout cela ? C’est l’esprit de Dieu qui est répandu sur la terre.
Prophéties 14 (Laf. 336, Sel. 367). Il faut être hardi pour prédire une même chose en tant de manières. Il fallait que les quatre monarchies, idolâtres ou païennes, la fin du règne de Juda, et les 70 semaines arrivassent en même temps, et le tout avant que le 2e temple fût détruit.
Cette convergence marque la « hardiesse » qui a été celle des prophètes, et explique l’assurance que Pascal affiche dans le fragment Prophéties 11 (Laf. 332, Sel. 364) : Prophéties. Quand un seul homme aurait fait un livre des prédictions de J.-C. pour le temps et pour la manière et que J.-C. serait venu conformément à ces prophéties ce serait une force infinie. Mais il y a bien plus ici. C’est une suite d’hommes durant quatre mille ans qui constamment et sans variations viennent l’un ensuite de l’autre prédire ce même avènement. C’est un peuple tout entier qui l’annonce et qui subsiste depuis 4 000 années pour rendre en corps témoignage des assurances qu’ils en ont, et dont ils ne peuvent être divertis par quelques menaces et persécutions qu’on leur fasse. Ceci est tout autrement considérable. L’ampleur de la durée de la prophétie fait un puissant contraste avec la précision avec laquelle le temps de l’avènement du Messie a été annoncé. Comme un tel fait s’étend sur toute l’histoire humaine, et que pareilles prédictions dépassent manifestement les possibilités de la nature humaine, il n’hésite pas à y voir un « miracle subsistant ».
Ernst Pol, Les Pensées de Pascal. Géologie et stratigraphie, p. 194, sur le rapport de ce fragment avec les textes fondamentaux sur la volonté d’éclaircir et d’obscurcir.