Fragment Soumission et usage de la raison n° 22 / 23  – Papier original : RO 163-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 235’ p. 83 v° / C2 : p. 111

Éditions savantes : Faugère II, 349, III / Havet XIII.5 bis ; XXV.46 / Brunschvicg 254 / Tourneur p. 231-6 / Le Guern 176 / Lafuma 187 / Sellier 219

 

 

 

Ce n’est pas une chose rare qu’il faille reprendre le monde de trop de docilité. C’est un vice naturel comme l’incrédulité et aussi pernicieux.

Superstition.

 

 

Alors que Soumission 15 (Laf. 181, Sel. 212) donne une définition de la superstition par différence avec la piété, Soumission 22 la définit en elle-même. Sa définition est originale, que ce soit par rapport à celles qui ont été données avant lui, et de celles qui seront proposées à l’époque des Lumières. Pour Pascal, la superstition se définit d’abord comme un manque de confiance dans Dieu, et une docilité servile de l’esprit à une autorité.

 

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Fragments connexes

 

A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182). Je n’entends pas que vous soumettiez votre créance à moi sans raison, et ne prétends pas vous assujettir avec tyrannie. Je ne prétends pas aussi vous rendre raison de toutes choses. Et pour accorder ces contrariétés j’entends vous faire voir clairement par des preuves convaincantes des marques divines en moi qui vous convainquent de ce que je suis et m’attirer autorité par des merveilles et des preuves que vous ne puissiez refuser et qu’ensuite vous croyiez les choses que je vous enseigne quand vous n’y trouverez autre sujet de les refuser, sinon que vous ne pouvez pas vous-même connaître si elles sont ou non.

Soumission 15 (Laf. 181, Sel. 212). La piété est différente de la superstition.

Soutenir la piété jusqu’à la superstition c’est la détruire.

Morale chrétienne 16 (Laf. 366, Sel. 398-399). Deux sortes d’hommes en chaque religion. Voyez Perpétuité. Superstition, concupiscence.

Miracles III (Laf. 908, Sel. 451). Superstition et concupiscence.

Scrupules, désirs mauvais.

Crainte mauvaise.

Crainte, non celle qui vient de ce qu’on croit Dieu, mais celle de ce qu’on doute s’il est ou non. La bonne crainte vient de la foi, la fausse crainte du doute ; la bonne crainte jointe à l’espérance, parce qu’elle naît de la foi et qu’on espère au Dieu que l’on croit ; la mauvaise jointe au désespoir parce qu’on craint le Dieu auquel on n’a point eu foi. Les uns craignent de le perdre, les autres de le trouver.

 

Mots-clés : Docilité – IncrédulitéNatureSuperstition –  Vice.