Fragment Soumission et usage de la raison n° 15 / 23 – Papier original : RO 398-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 235 p. 83 / C2 : p. 110
Éditions de Port-Royal : Chap. V - Soumission, et usage de la raison : 1669 et janvier 1670 p. 48-49 / 1678 n° 5 p. 51
Éditions savantes : Faugère II, 349, III ; II, 347, I / Havet XIII.5 et XXV.183 / Brunschvicg 255 / Tourneur p. 230-4 / Le Guern 170 / Lafuma 181 / Sellier 212
La piété est différente de la superstition. ------- Soutenir la piété jusqu’à la superstition, c’est la détruire. ------- Les hérétiques nous reprochent cette soumission superstitieuse. C’est faire ce qu’ils nous reprochent. ------- Impiété de ne pas croire l’Eucharistie sur ce qu’on ne la voit pas. ------- Superstition de croire des propositions, etc. ------- Foi, etc.
|
Pascal définit la superstition, non par la crainte, ni par l’attachement à des pratiques vétilleuses, mais beaucoup plus généralement comme excès de docilité, comme l’indique le fragment Soumission 22 (Laf. 187, Sel. 219) : Ce n’est pas une chose rare qu’il faille reprendre le monde de trop de docilité. C’est un vice naturel comme l’incrédulité et aussi pernicieux. Superstition. Cette définition originale lui permet non seulement d’opposer à l’attitude de soumission et usage de la raison une fausse docilité, mais de rattacher l’idée de la superstition aux débats auxquels il a participé, notamment les controverses sur les propositions de Jansénius et la signature du Formulaire. Le fragment témoigne sur ce point du profond retentissement que l’affaire des Provinciales a connu sur la réflexion de Pascal lorsqu’il préparait son apologie de la religion chrétienne.
Fragments connexes
Soumission 2 (Laf. 168, Sel. 199). Que je hais ces sottises de ne pas croire l’Eucharistie, etc.
Soumission 13 (Laf. 179, Sel. 210). Il y a peu de vrais chrétiens. Je dis même pour la foi. Il y en a bien qui croient mais par superstition. Il y en a bien qui ne croient pas, mais par libertinage ; peu sont entre‑deux.
-------
Je ne comprends pas en cela ceux qui sont dans la véritable piété de mœurs et tous ceux qui croient par un sentiment du cœur.
Soumission 22 (Laf. 187, Sel. 219). Ce n’est pas une chose rare qu’il faille reprendre le monde de trop de docilité.
C’est un vice naturel comme l’incrédulité et aussi pernicieux.
Superstition.
Morale chrétienne 16 (Laf. 366, Sel. 398-399). Deux sortes d’hommes en chaque religion. Voyez Perpétuité. Superstition, concupiscence.
Miracles III (Laf. 908, Sel. 451). Superstition et concupiscence.
Scrupules, désirs mauvais.
Crainte mauvaise.
Crainte, non celle qui vient de ce qu’on croit Dieu, mais celle de ce qu’on doute s’il est ou non. La bonne crainte vient de la foi, la fausse crainte du doute ; la bonne crainte jointe à l’espérance, parce qu’elle naît de la foi et qu’on espère au Dieu que l’on croit ; la mauvaise jointe au désespoir parce qu’on craint le Dieu auquel on n’a point eu foi. Les uns craignent de le perdre, les autres de le trouver.
Mots-clés : Détruire – Eucharistie – Foi – Hérétique – Impiété – Piété – Propositions – Reproche – Superstition.