Fragment Soumission et usage de la raison n° 7 / 23 – Papier original : RO 213-3
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 230 p. 81 v° / C2 : p. 108
Éditions de Port-Royal : Chap. V - Soumission, et usage de la raison : 1669 et janv. 1670 p. 48 / 1678 n° 3 p. 50
Éditions savantes : Faugère II, 348, II / Havet XIII.3 / Brunschvicg 273 / Tourneur p. 229-3 / Le Guern 162 / Lafuma 173 / Sellier 204
Si on soumet tout à la raison notre religion n’aura rien de mystérieux et de surnaturel. Si on choque les principes de la raison notre religion sera absurde et ridicule.
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Ce sont deux arguments par l’absurde symétriques qui permettent à Pascal d’exclure deux excès symétriques, la superstition d’une part, qui choque les principes de la raison, et le rationalisme intempérant, qui soumet tout à la raison. La religion chrétienne, que Pascal entend présenter comme la religion véritable, doit tenir un milieu qui accepte le mystère, nécessaire en raison du caractère surnaturel de la religion, et évite de contredire de front les données de la raison. Il fait en cela écho à saint Augustin, mais aussi à des auteurs modernes, comme Mersenne, Galilée et Campanella, dont il connaissait les écrits.
Fragments connexes
Soumission 16 (Laf. 182, Sel. 213). Il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu de la raison.
Soumission 20 (Laf. 185, Sel. 217). La foi dit bien ce que les sens ne disent pas, mais non pas le contraire de ce qu’ils voient ; elle est au dessus, et non pas contre.
Soumission 23 (Laf. 188, Sel. 220). La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent. Elle n’est que faible si elle ne va jusqu’à connaître cela. Que si les choses naturelles la surpassent, que dira-t‑on des surnaturelles ?
A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182) et Fondement 7 (Laf. 230, Sel. 262). Tout ce qui est incompréhensible ne laisse pas d’être.
Pensées diverses (Laf. 781, Sel. 644). J’admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu. En adressant leurs discours aux impies leur premier chapitre est de prouver la divinité par les ouvrages de la nature. Je ne m’étonnerais pas de leur entreprise s’ils adressaient leurs discours aux fidèles, […], mais pour ceux en qui cette lumière est éteinte et dans lesquels on a dessein de la faire revivre, ces personnes destituées de foi et de grâce, qui recherchant de toute leur lumière tout ce qu’ils voient dans la nature qui les peut mener à cette connaissance ne trouvent qu’obscurité et ténèbres, dire à ceux‑là qu’ils n’ont qu’à voir la moindre des choses qui les environnent et qu’ils y verront Dieu à découvert et leur donner pour toute preuve de ce grand et important sujet le cours de la lune et des planètes et prétendre avoir achevé sans preuve avec un tel discours c’est leur donner sujet de croire que les preuves de notre religion sont bien faibles et je vois par raison et par expérience que rien n’est plus propre à leur en faire naître le mépris.
Mots-clés : Mystère – Principe – Raison – Religion – Ridicule – Soumission – Surnaturel.