Pensées diverses I – Fragment n° 32 / 37 – Papier original : RO 130-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 100 p. 343  / C2 : p. 295 v°

Éditions savantes : Faugère I, 258, XXXIV / Havet XXV.25, 25 bis et 118 bis / Brunschvicg 56 et 15 / Tourneur p. 82-1 / Le Guern 499 / Lafuma 583 et 584 (série XXIII) / Sellier 485

 

 

 

Deviner.

La part que je prends à votre déplaisir.

M. le Cardinal ne voulait point être deviné.

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J’ai l’esprit plein d’inquiétude. Je suis plein d’inquiétude vaut mieux.

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Éloquence qui persuade par douceur non par empire, en tyran non en roi.

 

 

Ce fragment appartient à un ensemble de textes consacrés à la rhétorique du langage ordinaire, dont on trouve plusieurs exemples dans le dossier Pensées diverses I (voir les fragments connexes).

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Misère 6 (Laf. 58, Sel. 91). Tyrannie.

La tyrannie est de vouloir avoir par une voie ce qu’on ne peut avoir que par une autre. On rend différents devoirs aux différents mérites, devoir d’amour à l’agrément, devoir de crainte à la force, devoir de créance à la science.

On doit rendre ces devoirs-là, on est injuste de les refuser, et injuste d’en demander d’autres.

Ainsi ces discours sont faux, et tyranniques : « Je suis beau, donc on doit me craindre. Je suis fort donc on doit m’aimer. Je suis... » Et c’est de même être faux et tyrannique de dire : « Il n’est pas fort, donc je ne l’estimerai pas. Il n’est pas habile, donc je ne le craindrai pas. »

Pensées diverses (Laf. 528, Sel. 454). Je me suis mal trouvé de ces compliments : je vous ai bien donné de la peine, je crains de vous ennuyer, je crains que cela soit trop long. Ou on entraîne, ou on irrite.

Pensées diverses (Laf. 529, Sel. 454). Qu’il est difficile de proposer une chose au jugement d’un autre sans corrompre son jugement par la manière de la lui proposer. Si on dit : je le trouve beau, je le trouve obscur ou autre chose semblable, on entraîne l’imagination à ce jugement ou on l’irrite au contraire. Il vaut mieux ne rien dire et alors il juge selon ce qu’il est, c’est-à-dire selon ce qu’il est alors, et selon que les autres circonstances dont on n’est pas auteur y auront mis. Mais au moins on n’y aura rien mis, si ce n’est que ce silence n’y fasse aussi son effet, selon le tour et l’interprétation qu’il sera en humeur de lui donner, ou selon qu’il le conjecturera des mouvements et air du visage, ou du ton de voix selon qu’il sera physionomiste, tant il est difficile de ne point démonter un jugement de son assiette naturelle, ou plutôt tant il en a peu de ferme et stable.

Pensées diverses (Laf. 572, Sel. 475). Miscell.

Façon de parler.

Je m’étais voulu appliquer à cela.

Pensées diverses (Laf. 578, Sel. 481). L’éloquence est une peinture de la pensée, et ainsi ceux qui après avoir peint ajoutent encore font un tableau au lieu d’un portrait.

Pensées diverses (Laf. 579, Sel. 482). Carrosse versé ou renversé selon l’intention.

Répandre ou verser selon l’intention.

Plaidoyer de M. Le M[aistre]. sur le cordelier par force.

Pensées diverses (Laf. 582, Sel. 484). Changer de figure, à cause de notre faiblesse.

Pensées diverses (Laf. 667, Sel. 547). Éloquence.

Il faut de l’agréable et du réel, mais il faut que cet agréable soit lui-même pris du vrai.

 

Mots-clés : Déplaisir – Deviner – Douceur – ÉloquenceInquiétudeRoiTyrannie.