Glossaire
Innocence, Innocent.
État d’innocence : état de la nature de l’homme avant le péché originel qui l’a corrompue. Voir dans les Écrits sur la grâce le Traité de la prédestination et de la grâce.
Voir Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182), Preuves de Jésus-Christ 22 (Laf. 320, Sel. 351) et Pensées diverses (Laf. 570, Sel. 474).
Inquiétude.
Absence de repos (conformément à l’origine latine quies), de tranquillité de l’âme.
Voir Vanité 12 (Laf. 24, Sel. 58), Dossier de travail (Laf. 400, Sel. 19), Pensées diverses (Laf. 583, Sel. 485), Pensées diverses (Laf. 637, Sel. 529), Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681), etc.
Insensible.
Voir Imperceptible. Être insensible à quelque chose, c’est ne pas être touché par elle et y demeurer entièrement indifférent.
Voir Dossier de travail (Laf. 383, Sel. 2).
Inspiration.
Bartmann Bernard, Précis de théologie dogmatique, I, p. 33 sq. Nature de l’inspiration : p. 35.
Encyclopédie théologique de Migne, art. Inspiration. On nomme inspiration du ciel la grâce dans les âmes qui leur donne des lumières et des mouvements surnaturels pour les porter au bien. Les prophètes parlaient sous l’inspiration divine. Le pécheur qui se convertit est docile aux inspirations de la grâce. On dit des Écritures qu’elles sont inspirées parce que c’est l’Esprit saint qui est censé les avoir fait écrire à leurs auteurs.
Voir Miracles III (Laf. 874, Sel. 440) et Pensées diverses (Laf. 808, Sel. 655).
Instant.
L’instant n’est pas pour Pascal un temps très bref. C’est un néant, ou un zéro de durée, comme le point est un zéro d’espace. Par conséquent, quoique le temps comprenne les instants, il n’est pas composé par eux, de la même manière que l’espace contient les points. Voir sur ce sujet l’opuscule De l’esprit géométrique, dans sa première partie.
Voir Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681), Preuves par discours II (Laf. 428, Sel. 682) et Preuves par discours II (Laf. 432, Sel. 684).
Instinct.
Sens du latin médiéval instinctus : l’instinct ou appétit naturel sensitif est l’inclination naturelle qui suit la connaissance acquise par l’estimative. C’est la faculté par laquelle l’animal tend naturellement à s’approprier ce qui lui est utile et à repousser ce qui lui est nuisible.
Pascal désigne par instinct la perception, la connaissance ou l’action lorsqu’elles sont immédiates et irréfléchies. Le cœur agit par instinct. Le mot instinct n’appartient pas au vocabulaire cartésien. On ne le trouve que dans une lettre à Mersenne du 16 octobre 1639, lettre CLXXIV, AT II, p. 599 : « je distingue deux sortes d’instincts : l’un est en nous en tant qu’hommes et est purement intellectuel ; c’est la lumière naturelle ou intuitus mentis, auquel je tiens qu’on se doit fier ; l’autre est en nous en tant qu’animaux, et est une certaine impulsion de la nature à la conservation de notre corps, à la jouissance des voluptés corporelles, etc., lequel ne doit pas toujours être suivi ». Voir Lalande André, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, art. Instinct, p. 519-520. Le sens moderne est un peu différent, mais conserve l’opposition de l’instinct à l’intelligence.
Voir Dossier de travail (Laf. 406, Sel. 25), Grandeur 1 (Laf. 105, Sel. 137), Grandeur 3 (Laf. 107, Sel. 139), Grandeur 8 (Laf. 112, Sel. 144), Contrariétés 11 (Laf. 128, Sel. 161), etc.
Instruire, Instruction.
L’instruction transmet des connaissances par la raison et par l’habitude. Pascal a contribué à l’instruction de l’un de ses neveux, et s’est engagé dans la rédaction d’une Introduction à la géométrie qui pouvait servir à l’enseignement. Il a aussi écrit Trois discours sur la condition des Grands. Mais il oppose l’instruction qui relève de l’ordre des esprits à l’échauffement qui est une manière d’élever le cœur dans les réalités spirituelles de la foi.
Voir Preuves de Jésus-Christ 1 (Laf. 298, Sel. 329), Fausseté 6 (Laf. 208, Sel. 240), Fondement 20 (Laf. 242, Sel. 275), Pensées diverses (Laf. 591, Sel. 490), Pensées diverses (Laf. 733, Sel. 614), etc.
Instrument.
Ce qui sert à une cause pour produire son effet. Ce sens est devenu rare en langue actuelle.
Voir Dossier de travail (Laf. 385, Sel. 4).
Intention.
Pascal définit l’intention de l’auteur d’un message ce à quoi cet auteur arrête sa pensée. Lorsque celui-ci parle par figures ou par métaphores, son intention réside dans le sens figuré, non dans le sens littéral. Lorsqu’un auteur sacré écrit que Dieu agrée l’odeur des sacrifices, il ne veut pas dire que Dieu est doté de l’odorat, mais que les sacrifices qu’on lui offre sont des actes spirituels conformes à ses commandements. Pascal compare l’Ancien Testament à un chiffre, dans lequel les figures, si elles sont prises littéralement, peuvent masquer l’intention réelle de l’auteur sacré, c’est-à-dire ce qu’il a eu en vue.
Voir Loi figurative 27 (Laf. 272, Sel. 303) et Pensées diverses (Laf. 579, Sel. 482).
Intéresser, Intérêt.
Intérêt : ce qu’on a affection à acquérir ou à conserver ; ce qui nous importe soit dans notre personne, soit dans nos biens. Se dit plus généralement de tout ce qui regarde le bien, la gloire, le repos, l’avantage tant de l’État que des particuliers. Le mot signifie souvent en morale passion que l’on prend à quelque chose (Furetière).
Voir Vanité 31 (Laf. 44, Sel. 78), Pensées diverses (Laf. 640, Sel. 529 bis), Pensées diverses (Laf. 432, Sel. 662), Preuves par discours I (Laf. 418, Sel. 680), etc.
Interprétation.
Explicitation, traduction et commentaire, nécessaires lorsqu’un texte est obscur. Lorsque l’interprétation s’applique à des textes qui contiennent des figures dont le sens est caché, on parle d’herméneutique. Pascal donne les principes de sa méthode d’interprétation dans la liasse Loi figurative. L’Ancien Testament doit être interprété en un sens spirituel, conformément aux révélations du Nouveau Testament. Les figures telles que Dieu a agréé l’odeur de vos sacrifices demandent une interprétation spirituelle. Il existe des trop grands figuratifs, qui poussent l’interprétation au-delà du sens réel de ces figures.
Voir Loi figurative 29 (Laf. 274, Sel. 305), Pensées diverses (Laf. 529, Sel. 454) et Pensées diverses (Laf. 729, Sel. 611).
Inutilité, Inutile.
Sur l’inutilité des sciences en général, voir la lettre de Pascal à Fermat du 10 août 1660, OC IV, éd. J. Mesnard, p. 922-923.
Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., p. 85-86. Il est inutile de consacrer ses efforts à la composition de la machine pour la recherche religieuse, mais aussi pour la conduite de la vie, et même pour le progrès scientifique. Pour Pascal, le modèle mécanique n’a de valeur qu’à titre d’hypothèse et dans la mesure où il est vérifié par des expériences particulières de portée toujours limitée et dont l’ensemble ne saurait fournir un savoir total.
Voir verso de Raisons des effets 3 (Laf. 84, Sel. 118), Miracles III (Laf. 887, Sel. 445), Preuves par discours II (Laf. 431, Sel. 683) et Preuves par discours III (Laf. 449, Sel. 690).
Invective.
Voir l’article Injure.
Références : Commencement 6 (Laf. 156, Sel. 188) et Pensées diverses (Laf. 812, Sel. 658).
Invention.
Produire par la force de son esprit quelque chose de nouveau (Furetière), au double sens actuel de invention et de découverte. Le mot inventio vient de la rhétorique.
Voir Vanité 15 (Laf. 27, Sel. 61), Raisons des effets 7 (Laf. 88, Sel. 122) et Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339).
Involontaire.
Voir Volontaires.
Référence : Raisons des effets 16 (Laf. 97, Sel. 131).
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