Pensées diverses III – Fragment n° 33 / 85 – Papier original : RO 425-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 124 p. 371 v° / C2 : p. 329-329 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 259-260 /

1678 n° 43 p. 252-253

Éditions savantes : Faugère I, 252, XIX / Havet XXIV.24 / Brunschvicg 63 / Tourneur p. 101-3 / Le Guern 574 / Lafuma 680 (série XXV) / Sellier 559

 

 

 

Montaigne.

 

Les défauts de Montaigne sont grands. Mots lascifs : cela ne vaut rien malgré Melle de Gournay. Crédule : gens sans yeux. Ignorant : quadrature du cercle, monde plus grand. Ses sentiments sur l’homicide volontaire, sur la mort. Il inspire une nonchalance du salut, sans crainte et sans repentir. Son livre n’étant pas fait pour porter à la piété, il n’y était pas obligé, mais on est toujours obligé de n’en point détourner. On peut excuser ses sentiments un peu libres et voluptueux en quelques rencontres de la vie mais on ne peut excuser ses sentiments tout païens sur la mort (730, 331). Car il faut renoncer à toute piété si on ne veut au moins mourir chrétiennement. Or il ne pense qu’à mourir lâchement et mollement par tout son livre.

 

 

Si dans certains textes Pascal fait l’éloge de Montaigne, il lui reproche dans le présent fragment la morale qui découle de son intention d’examiner la nature de l’homme « destitué de la révélation ». Le présent fragment doit être lu en opposition avec ce que Pascal dit de la mort chrétienne dans la Lettre sur la mort de son père.

 

Analyse détaillée...

 

Fragments connexes

 

Pensées diverses (Laf. 649, Sel. 534). Montaigne.

Ce que Montaigne a de bon ne peut être acquis que difficilement. Ce qu’il a de mauvais, j’entends hors les mœurs, pûtêtre corrigé en un moment si on l’eût averti qu’il faisait trop d’histoires et qu’il parlait trop de soi.

Pensées diverses (Laf. 745, Sel. 618). La manière d’écrire d’Épictète, de Montaigne et de Salomon de Tultie est la plus d’usage qui s’insinue le mieux, qui demeure plus dans la mémoire et qui se fait le plus citer, parce qu’elle est toute composée de pensées nées sur les entretiens ordinaires de la vie, comme quand on parlera de la commune erreur qui est parmi le monde que la lune est cause de tout, on ne manquera jamais de dire que Salomon de Tultie dit que lorsqu’on ne sait pas la vérité d’une chose il est bon qu’il y ait une erreur commune, etc.

Pensées diverses (Laf. 780, Sel. 644). Préface de la première partie.

Parler de ceux qui ont traité de la connaissance de soi-même, des divisions de Charron, qui attristent et ennuient. De la confusion de Montaigne, qu’il avait bien senti le défaut d’une droite méthode. Qu’il l’évitait en sautant de sujet en sujet, qu’il cherchait le bon air.

Le sot projet qu’il a de se peindre et cela non pas en passant et contre ses maximes, comme il arrive à tout le monde de faillir, mais par ses propres maximes et par un dessein premier et principal. Car de dire des sottises par hasard et par faiblesse c’est un mal ordinaire, mais d’en dire par dessein c’est ce qui n’est pas supportable et d’en dire de telles que celles-ci.

 

Mots-clés : Défaut – GournayHomicideIgnoranceMontaigneMort (voir Mourir) – Nonchalance – Piété – RepentirSalutVie.