Miracles II  – Fragment n° 1 / 15 – Papier original : RO 235-3 et 237-1 (feuille découpée post mortem)

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 192 p. 439 à 441 / C2 : p. 235 à 237

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVII - Pensées sur les miracles : 1669 et janv. 1670 p. 219-221 et 229-231 / 1678 n° 1 à 4 p. 213-215 et n° 15, 12, 13, 11 p. 222-224

Éditions savantes : Faugère II, 213, I ; II, 159, XXXIV ; II, 228-229, XX et XXI  / Havet XXIII.1, 4, 22, 18 / Brunschvicg 803, 487, 826 / Tourneur p. 141 / Le Guern 680-681 / Lafuma 832 à 834 (série XXXIII, notée XXXII par erreur) / Sellier 421 et 422

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Bibliographie

 

 

Voir la liasse Commencement.

Voir la liasse Preuves de Moïse.

 

ADAM Michel, “La signification du miracle dans la pensée de Pascal”, Revue philosophique de la France et de l’étranger, CVI, 1981, p. 401-423.

DE NADAÏ Jean-Christophe, Jésus selon Pascal, Paris, Mame-Desclée, 2008, p. 217-220.

LE GUERN Michel, Expérience et théorie du miracle chez Pascal, Études sur la vie et les Pensées de Pascal, Paris, Champion, 2015, p. 47-57.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993, p. 252.

MESNARD Jean, Pascal, coll. Les écrivains devant Dieu, Paris, Desclée de Brouwer, 1965.

MESNARD Jean, Achèvement et inachèvement dans les Pensées de Pascal, Studi francesi, 143, anno XLVIII, maggio-agosto 2004, p. 300-320.

MEURILLON Christian, “La notion de commencement dans les Pensées”, Op. cit., 2, nov. 1993, p. 63-72.

NORMAN Buford, L’idée de règle chez Pascal, in Méthodes chez Pascal, Paris, Presses Universitaires de France, 1979, p. 87-99.

ORCIBAL Jean, “La signification du miracle et sa place dans l’ecclésiologie pascalienne”, Chroniques de Port-Royal, n° 20-21, 1972, p. 66-82.

RABOURDIN David, Pascal. Foi et conversion, Paris, Presses Universitaires de France, 2013.

SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970.

SHIOKAWA Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977.

 

 

Éclaircissements

 

Notes elliptiques sur la foi que l’on doit aux miracles.

 

Commencement.

 

La mention 5. Miracles n’est pas de la main de Pascal et est absente des Copies. Elle a sans doute été ajoutée sur le manuscrit après la mort de Pascal. Voir la description du papier original.

Voir le dossier sur la liasse Commencement dans les papiers classés, qui examine les discussions relatives au sens du mot commencement dans les Pensées.

Meurillon Christian, “La notion de commencement dans les Pensées”, Op. cit., 2, nov. 1993, p. 64.

Rabourdin David, Pascal. Foi et conversion, 2013.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, 1977.

 

Les miracles discernent la doctrine, et la doctrine discerne les miracles.

 

Cette manière de poser le problème des miracles, qui semble être un cercle vicieux, lui a été imposée par les arguments opposés au miracle de la sainte Épine par le P. Annat qui, après avoir dû renoncer à mettre en doute la réalité du miracle, a voulu soutenir que Dieu l’avait suscité pour convaincre les religieuses de renoncer à une doctrine fausse et condamnée par le pape. Cela présupposait que le miracle pouvait avoir lieu dans un milieu engagé dans l’erreur et l’hérésie. Du même coup se trouve posée comme une seule la double question de la réalité du miracle et de sa signification.

Miracles II (Laf. 846, Sel. 429) : Jésus-Christ a vérifié qu’il était le Messie, jamais en vérifiant sa doctrine sur l’Écriture ou les prophéties, et toujours par ses miracles. Il prouve qu’il remet les péchés par un miracle. [...] Nicodème reconnaît par ses miracles que sa doctrine est de Dieu. Scimus quia venisti a Deo magister, nemo enim potest facere quae tu facis nisi Deus fuerit cum illo. Il ne juge pas des miracles par la doctrine, mais la doctrine par les miracles.

Voir une énonciation différente de ce principe dans Miracles II (Laf. 840, Sel. 428). Règle. Il faut juger de la doctrine par les miracles, il faut juger des miracles par la doctrine. Tout cela est vrai mais cela ne se contredit pas. Car il faut distinguer les temps.

Ce passage semble aller contre une autre note du même fragment : Les miracles sont pour la doctrine et non pas la doctrine pour les miracles.

Pascal rompt le cercle vicieux par une distinction des temps. Ce procédé qui consiste à résoudre un cercle par une disjonction des temps est du même type que celui qui, dans la première partie des papiers classés, résout le cercle de la grandeur et de la misère par la distinction des deux natures, avant et après le péché originel (voir la liasse A P. R.).

Le régime des miracles n’a pas été le même dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 113-116 et 132-152.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., 1993, p. 252.

 

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Il y a de faux et de vrais.

 

L’existence de vrais et de faux miracles est une nécessité que l’on retrouve dans des textes où Pascal aborde les conditions nécessaires de la foi. Il ne s’agit pas ici d’un dogme religieux, mais d’une nécessité concrète et d’une évidence pour ainsi dire logique.

Laf. 734, Sel. 615. Ayant considéré d’où vient qu’on ajoute tant de foi à tant d’imposteurs qui disent qu’ils ont des remèdes jusques à mettre souvent sa vie entre leurs mains, il m’a paru que la véritable cause est qu’il y en a de vrais. Car il ne serait pas possible qu’il y en eût tant de faux et qu’on y donnât tant de créance s’il n’y en avait de véritables. Si jamais il n’y eût eu remède à aucun mal et que tous les maux eussent été incurables, il est impossible que les hommes se fussent imaginé qu’ils en pourraient donner, et encore plus que tant d’autres eussent donné créance à ceux qui se fussent vantés d’en avoir. De même que si un homme se vantait d’empêcher de mourir, personne ne le croirait parce qu’il n’y a aucun exemple de cela. Mais comme il y [a] eu quantité de remèdes qui se sont trouvés véritables par la connaissance même des plus grands hommes, la créance des hommes s’est pliée par là. Et cela s’étant connu possible, on a conclu de là que cela était, car le peuple raisonne ordinairement ainsi : une chose est possible, donc elle est. Parce que la chose ne pouvant être niée en général puisqu’il y a des effets particuliers qui sont véritables, le peuple, qui ne peut pas discerner quels d’entre ces effets particuliers sont les véritables, les croit tous. De même ce qui fait qu’on croit tant de faux effets de la lune c’est qu’il y en a de vrais comme le flux de la mer. Il en est de même des prophéties, des miracles, des divinations par les songes, des sortilèges, etc. Car si de tout cela il n’y avait jamais eu rien de véritable, on n’en aurait jamais rien cru et ainsi, au lieu de conclure qu’il n’y a point de vrais miracles parce qu’il y en a tant de faux, il faut dire au contraire qu’il y a certainement de vrais miracles puisqu’il y en a tant de faux, et qu’il n’y en a de faux que par cette raison qu’il y en a de vrais. Il faut raisonner de la même sorte pour la religion car il ne serait pas possible que les hommes se fussent imaginé tant de fausses religions s’il n’y en avait une véritable. L’objection à cela c’est que les sauvages ont une religion, mais on répond à cela que c’est qu’ils en ont ouï parler comme il paraît par le déluge, la circoncision, la croix de saint André, etc.

Laf. 735, Sel. 616. Ayant considéré d’où vient qu’il y a tant de faux miracles, de fausses révélations, sortilèges, etc., il m’a paru que la véritable cause est qu’il [y] en a de vrais. Car il ne serait pas possible qu’il y eût tant de faux miracles s’il n’y en avait de vrais, ni tant de fausses révélations s’il n’y en avait de vraies, ni tant de fausses religions s’il n’y en avait une véritable. Car s’il n’y avait jamais eu de tout cela, il est comme impossible que les hommes se le fussent imaginé, et encore plus impossible que tant d’autres l’eussent cru. Mais comme il y a eu de très grandes choses véritables et qu’ainsi elles ont été crues par de grands hommes, cette impression a été cause que presque tout le monde s’est rendu capable de croire aussi les fausses. Et ainsi, au lieu de conclure qu’il n’y a point de vrais miracles puisqu’il y en a tant de faux, il faut dire au contraire qu’il y a de vrais miracles puisqu’il y en a tant de faux, et qu’il n’y en a de faux que par cette raison qu’il y en a de vrais, et qu’il n’y a de même de fausses religions que parce qu’il y en a une vraie. L’objection à cela : que les sauvages ont une religion. Mais c’est qu’ils ont ouï parler de la véritable, comme il paraît par la croix de saint André, le Déluge, la circoncision, etc.

La prudence dans le discernement des miracles n’est pas propre à Pascal. C’est un point sur lequel le P. Annat, par exemple, insiste aussi, quoique pour des raisons très différentes. Voir Annat François, Rabat-joie des jansénistes, p. 2 sq. L’Église veille à être prudente. Depuis le concile de Trente particulièrement, elle ordonne que l’évêque informe sur les faits prétendus miraculeux. Exemples de faits extraordinaires que l’Église a refusé de déclarer miraculeux, parce que le miracle n’était pas évident. Règlements imposés par l’archevêque de Milan S. Charles : p. 4. Le fait de transporter les reliques pour faire des guérisons dans les maisons privées est un abus interdit : p. 4.

La question en cache une autre : discerner les miracles des faux peut signifier reconnaître les miracles proprement dits et les simples faits extraordinaires (ce qui est une simple question de fait, quelque difficile à résoudre qu’elle soit), mais peut aussi dire distinguer les vrais miracles voulus par Dieu des phénomènes produits par les démons, qui ne sont pas de vrais miracles, mais qui n’en sont pas moins supérieurs aux forces des hommes, même habiles simulateurs. Cette seconde question touche le problème de la signification du miracle, et non plus seulement du fait.

En principe, il devrait y avoir une question de définition nominale préalable : Pascal propose de la résoudre en disant qu’est miraculeux un événement dans lequel l’effet surpasse les moyens naturels qui y sont employés. Voir Miracles I (Laf. 830, Sel. 419), § 1-2. Cette définition ne décide rien quant à l’existence réelle des miracles, comme c’est normal pour une définition nominale : voir la Lettre à Le Pailleur, OC II, éd. J. Mesnard, p. 562 sq. (Cette idée n’est pas formulée dans De l’esprit géométrique, I).

La seconde question est celle de la définition réelle, ou de la proposition d’existence, qui se présente comme une alternative : les miracles sont possibles, ou ils ne le sont pas ; ou : il peut ou non exister des miracles.

La notion de miracle ne comporte pas de contradiction interne : Dieu étant tout-puissant, peut faire des miracles. On peut passer à la question d’existence réelle, elle aussi de forme alternative : y a-t-il des miracles, ou n’y en a-t-il pas ?

C’est à ce stade que peut se poser la question du discernement. La seconde alternative est : s’il y a des miracles, il y en a de vrais et il y en a de faux. Voir sur ce point les fragments Laf. 734, Sel. 615 et Laf. 735, Sel. 616, indiqués plus haut. La question devient alors : comment distinguer les vrais des faux ?

Ce qui amène une distinction à l’intérieur de cette alternative. Il y a de vrais miracles, qui ne peuvent être faits que par Dieu. Mais il est possible, quoique rarement, que Dieu permette aux ennemis de la vérité de faire de vrais miracles. Il arrive, rarement selon Barcos, § 6, que les hérétiques fassent de vrais miracles, mais seulement lorsque cela confirme une vérité (contre l’intention des auteurs de ce « miracle »).

Une nouvelle notion apparaît à ce point, qui déplace la question en définissant le vrai et le faux miracle non plus par le rapport de l’effet au « moyen », mais par le rapport à la vérité.

Dieu ne soutenant jamais une erreur, un vrai miracle est toujours destiné à confirmer une vérité. Voir la réponse de Barcos aux demandes 4 et 5 de Pascal.

Il y a de faux miracles en ce sens que certains effets apparemment prodigieux peuvent passer pour des miracles, sans en être véritablement. Ces faux miracles peuvent être produits soit par des hommes (charlatans, faux prophètes, etc.), ou par le diable ou ses agents, pour confirmer une erreur.

Barcos ne répond pas à cette interrogation dans le fragment Miracles I (Laf. 830, Sel. 419), § 4 sur les hérétiques déclarés qui veulent « confirmer une erreur ».

 

Il faut une marque pour les connaître, autrement ils seraient inutiles.

Or ils ne sont pas inutiles et sont au contraire fondement.

 

Connaître : reconnaître. Il s’agit d’un problème de discernement, qui consiste à trouver un critère permettant de distinguer les vrais miracles des faux.

Les miracles sont fondement : si l’on ne dispose pas d’un critère de discernement qui permette de reconnaître les vrais miracles, ceux-ci ne peuvent servir de preuve à la religion chrétienne. Mais il ne peut en aller ainsi, car l’Écriture et la tradition font des miracles des preuves fondamentales de la vérité de la religion chrétienne.

Pascal applique ici la méthode d’autorité. Il y a deux possibilités : ou bien il n’y a pas de critère permettant de discerner les vrais miracles des faux, et les miracles sont inutiles ; ou bien il existe une telle règle, et les miracles ont une valeur de preuve. Or l’Écriture déclare en plusieurs endroits que les miracles sont l’une des preuves les plus fortes (voir Miracles II (Laf. 854, Sel. 434). La première hypothèse est donc exclue, en raison de l’autorité de l’Écriture.

Le paradoxe de ce discernement est qu’il n’enferme pas de certitude par raison, au sens naturel du terme.

Il ne faut pas qu’il n’y ait aucun doute sur la vérité des miracles, parce que si c’était le cas, les miracles seraient l’objet d’une connaissance certaine, alors qu’il doivent, comme tout ce qui concerne Dieu, être objet de foi. Pascal le déclare nettement dans le fragment Miracles II (Laf. 837, Sel. 424). S’il n’y avait point de faux miracles il y aurait certitude. S’il n’y avait point de règle pour les discerner les miracles seraient inutiles et il n’y aurait point de raison de croire. Or il n’y a pas humainement de certitude humaine, mais raison.

L’idée est amplement généralisée dans la Lettre de Pascal à Melle de Roannez n° 4, du 29 octobre 1656, OC III, éd. J. Mesnard, p. 1033-1035, qui part d’une réflexion sur le miracle de la sainte Épine :

« Il me semble que vous prenez assez de part au miracle pour vous mander en particulier que la vérification en est achevée par l’Église comme vous le verrez par cette sentence de M. le grand vicaire. Il y a si peu de personnes à qui Dieu se fasse paraître par ces coups extraordinaires, qu’on doit bien profiter de ces occasions, puisqu’il ne sort du secret de la nature qui le couvre que pour exciter notre foi à le servir avec d’autant plus d’ardeur que nous le connaissons avec plus de certitude. Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n’y aurait point de mérite à le croire ; et s’il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. Mais il se cache ordinairement, et se découvre rarement à ceux qu’il veut engager dans son service ».

La suite généralise cette idée du clair-obscur des miracles en la rattachant à l’idée du Dieu caché.

« Cet étrange secret, dans lequel Dieu s’est retiré, impénétrable à la vue des hommes, est une grande leçon pour nous porter à la solitude loin de la vue des hommes. Il est demeuré caché, sous le voile de la nature qui nous le couvre, jusque l’Incarnation ; et quand il a fallu qu’il ait paru, il est encore plus caché en se couvrant de l’humanité. Il était bien plus reconnaissable quand il était invisible, que non pas quand il s’est rendu visible. Et enfin, quand il a voulu accomplir la promesse qu’il fit à ses apôtres de demeurer avec les hommes jusqu’à son dernier avènement, il a choisi d’y demeurer dans le plus étrange et le plus obscur secret de tous, qui sont les espèces de l’Eucharistie. C’est ce sacrement que saint Jean appelle dans l’Apocalypse une manne cachée ; et je crois qu’Isaïe le voyait en cet état, lorsqu’il dit en esprit de prophétie : Véritablement tu es un Dieu caché. C’est là le dernier secret où il peut être. Le voile de la nature qui couvre Dieu a été pénétré par plusieurs infidèles, qui, comme dit saint Paul, ont reconnu un Dieu invisible par la nature visible. Les chrétiens hérétiques l’ont connu à travers son humanité, et adorent Jésus-Christ Dieu et homme. Mais de le reconnaître sous des espèces de pain, c’est le propre des seuls catholiques : il n’y a que nous que Dieu éclaire jusque-là. On peut ajouter à ces considérations le secret de l’esprit de Dieu caché encore dans l’Écriture. Car il y a deux sens parfaits, le littéral et le mystique ; et les Juifs s’arrêtant à l’un ne pensent pas seulement qu’il y en ait un autre et ne songent pas à le chercher ; de même que les impies, voyant les effets naturels, les attribuent à la nature, sans penser qu’il y en ait un autre auteur ; et comme les Juifs, voyant un homme parfait en Jésus-Christ, n’ont pas pensé à y chercher une autre nature : Nous n’avons pas pensé que ce fût lui, dit encore Isaïe ; et de même enfin que les hérétiques, voyant les apparences parfaites du pain dans l’Eucharistie, ne pensent pas à y chercher une autre substance. Toutes choses couvrent quelque mystère ; toutes choses sont des voiles qui couvrent Dieu. Les Chrétiens doivent le reconnaître en tout. Les afflictions temporelles couvrent les maux éternels qu’elles causent. Prions Dieu de nous le faire reconnaître et servir en tout ; et rendons-lui des grâces infinies de ce que, s’étant caché en toutes choses pour les autres, il s’est découvert en toutes choses et en tant de manières pour nous. »

Cependant le fait de l’ambiguïté des miracles est une chose, la règle nécessaire pour discerner les vrais des faux en est une autre. Pour éviter à Dieu le reproche de vouloir tromper les hommes, la nécessité de l’ambiguïté des miracles exige qu’il leur donne le moyen de discerner les vrais des faux.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 152 sq. Selon Gilberte, Pascal recherche d’abord les règles de discernement des miracles sur le plan théorique, et il est ensuite passé sur le plan historique, en appliquant ces règles aux miracles bibliques pour prouver leur vérité : p. 152-153.

Saint Augustin, La Cité de Dieu, XXI, Bibliothèque augustinienne, t. 23, Desclée de Brouwer, Paris, 1960, p. 795-801, note sur Le miracle dans la théologie augustinienne.

 

Or il faut que la règle qu’il nous donne soit telle qu’elle ne détruise la preuve que les vrais miracles donnent de la vérité, qui est la fin principale des miracles.

 

Pascal applique ici la méthode d’autorité. Il commence par poser les requisits du problème.

Primo : les miracles ne peuvent pas être vains, puisque le Christ renvoie à eux « comme au plus fort », selon le fragment Miracles II (Laf. 854, Sel. 434).

On présuppose donc que les miracles sont non seulement utiles, mais indispensables ; donc il faut discerner les vrais des faux, et par suite un critère de discernement est nécessaire.

Secundo : il faut que la règle ne détruise pas l’utilité de ce qu’elle règle. Donc il faut qu’elle ne détruise pas la preuve que les vrais miracles donnent de la vérité.

Règle : les miracles ne peuvent contredire la foi en un Dieu unique et la vérité : voir Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 156 sq. Mais selon Pascal, la vérité n’apparaît pas à l’état pur dans le monde, même pour les chrétiens à qui elle a été révélée par Dieu et le Christ. Problème qui en découle : il y a beaucoup de cas dans l’histoire de l’Église où deux partis se sont disputés au nom du même Dieu, soit sur l’authenticité, soit sur le sens des miracles : p. 156. La vérité n’agit donc pas directement dans la pratique pour discerner le miracle et son sens. Impasse apparente : c’est parce que la vérité ne se découvre pas aux hommes à découvert que les miracles doivent intervenir pour en rendre témoignage dans des situations données. Mais cette raison d’être des miracles ne permet justement pas de les distinguer d’une manière irréfutable des faux miracles, car la vérité, qui est la référence des vrais miracles, est cachée. Il est dont toujours possible d’abuser des miracles : p. 158.

Miracles II (Laf. 835, Sel. 423). Les prophéties, les miracles mêmes et les preuves de notre religion ne sont pas de telle nature qu’on puisse dire qu’ils sont absolument convaincants, mais ils le sont aussi de telle sorte qu’on ne peut dire que ce soit être sans raison que de les croire. Ainsi il y a de l’évidence et de l’obscurité pour éclairer les uns et obscurcir les autres, mais l’évidence est telle qu’elle surpasse ou égale pour le moins l’évidence du contraire, de sorte que ce n’est pas la raison qui puisse déterminer à ne la pas suivre, et ainsi ce ne peut être que la concupiscence et la malice du cœur. Et par ce moyen il y a assez d’évidence pour condamner, et non assez pour convaincre, afin qu’il paraisse qu’en ceux qui la suivent c’est la grâce et non la raison qui fait suivre, et qu’en ceux qui la fuient c’est la concupiscence et non la raison qui fait fuir.

 

La vérité est la fin principale des miracles

 

Autrement dit, le miracle est fait pour la vérité, et non pas l’inverse.

Voir une énonciation différente de ce principe dans Miracles II (Laf. 840, Sel. 428) : Les miracles sont pour la doctrine et non pas la doctrine pour les miracles.

Voir le dossier de Loi figurative 25 (Laf. 270, Sel. 301). Figures.

Ramus Pierre, Dialectique, Paris, A. Wechel, 1555, p. 6. « Fin est cause pour laquelle quelque chose est faite, comme elle est définie de Platon au Timée et ailleurs, et après lui par Aristote en plusieurs lieux : par lequel aussi elle est appelée au deuxième de la Physique, principe de considération, pour ce qu’en sage conseil et délibération la fin doit être considérée devant toutes autres choses ».

Domat Jean, Traité des lois, p. IV. Connaître la fin d’une chose, c’est savoir pourquoi elle est faite. Destination à une fin : première règle de la conduite, et fondement de toutes les autres. Elle donne les règles des démarches du sujet et marque ce à quoi elles se rapportent. Elle porte une loi de proportion : Dieu a proportionné la nature de chaque chose à sa fin. Une fin étant posée, on peut montrer que l’ensemble des choses forme un appareil qui concourt à la réévaluation de cette fin et répond à ses besoins. L’argumentation sert alors à présenter les choses comme une machine harmonieuse : p. V et p. X, § 2. Dieu principe et fin : p. VI. Voir GEF IV, p. 9. Dieu principe et fin ; instruction de Singlin. Comment juger une action par son principe. L’argumentation diffère selon le rapport entre principe et fin :

Prophéties VIII (Laf. 502, Sel. 738). Or la dernière fin est ce qui donne le nom aux choses ; tout ce qui nous empêche d’y arriver est appelé ennemi. Ainsi les créatures, quoique bonnes, seront ennemies des justes quand elles les détournent de Dieu, et Dieu même est l’ennemi de ceux dont il trouble la convoitise.

Daniélou Jean, “Pascal et la vérité”, in Pascal. Textes du tricentenaire, Arthème Fayard, Paris, 1963, p. 17-25.

Mesnard Jean, “Pascal et la vérité”, Chroniques de Port-Royal, n° 17-18, 1969, p. 21-40.

Plainemaison Jacques, “Le combat pour la vérité : du “désir de la défendre” à l’assurance de la victoire”, in Meurillon Christian (dir.), Pascal, l’exercice de l’esprit, Revue des sciences Humaines, 244, 1996, p. 179-184.

Bouchilloux Hélène, “Vérité phénoménale et vérité essentielle chez Pascal”, in Pécharman Martine (dir.), Pascal. Qu’est-ce que la vérité ?, p. 63-88.

Pécharman Martine (dir.), Pascal. Qu’est-ce que la vérité ?, P. U. F., Paris, 2000.

Carraud Vincent, « La vérité hors de la charité”, in Michon Hélène et Pavlovits Tamás, La sagesse de l’amour chez Pascal, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 13-38.

Second écrit des curés de Paris, § 18, in Les Provinciales, éd. L. Cognet, Paris, Garnier, 1983, p. 425. « Aussi c’est pour cela que l’Écriture nous enseigne que Jésus-Christ est venu apporter au monde, non seulement la paix, mais aussi l’épée et la division, parce que toutes ces choses sont nécessaires chacune en leur temps pour le bien de la vérité, qui est la dernière fin des fidèles ; au lieu que la paix et la guerre n’en sont que les moyens, et ne sont légitimes qu’à proportion de l’avantage qui en revient à la vérité. C’est pour cela que l’Écriture dit qu’il y a un temps de paix et un temps de guerre, au lieu qu’on ne peut pas dire qu’il y a un temps de vérité et un temps de mensonge ; et les Pères de l’Église nous enseignent qu’il est meilleur qu’il arrive des scandales, que non pas que la vérité soit abandonnée, comme disent les saints Pères de l’Église. »

Copie d’un fragment joint au Recueil RC2 (Laf. 974, Sel. 771). Comme la paix dans les États n’a pour objet que de conserver les biens des peuples en assurance, de même la paix dans l’Église n’a pour objet que de conserver en assurance la vérité qui est son bien, et le trésor où est son cœur. Et comme ce serait aller contre la fin de la paix que de laisser entrer les étrangers dans un État pour le piller, sans s’y opposer, de crainte d’en troubler le repos (parce que la paix n’étant juste et utile que pour la sûreté du bien elle devient injuste et pernicieuse, quand elle le laisse perdre, et la guerre qui le peut défendre devient et juste et nécessaire) ; de même, dans l’Église, quand la vérité est offensée par les ennemis de la foi, quand on veut l’arracher du cœur des fidèles pour y faire régner l’erreur, de demeurer en paix alors, serait-ce servir l’Église, ou la trahir ? serait-ce la défendre ou la ruiner ? Et n’est-il pas visible que, comme c’est un crime de troubler la paix où la vérité règne, c’est aussi un crime de demeurer en paix quand on détruit la vérité ? Il y a donc un temps où la paix est juste et un autre où elle est injuste. Et il est écrit qu’il y a temps de paix et temps de guerre, et c’est l’intérêt de la vérité qui les discerne. Mais il n’y a pas temps de vérité, et temps d’erreur, et il est écrit, au contraire, que la vérité de Dieu demeure éternellement ; et c’est pourquoi Jésus-Christ, qui dit qu’il est venu apporter la paix, dit aussi qu’il est venu apporter la guerre ; mais il ne dit pas qu’il est venu apporter et la vérité et le mensonge. La vérité est donc la première règle et la dernière fin des choses.

 

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Moïse en a donné deux, que la prédiction n’arrive pas (Deutér., 18)

 

Moïse est censé à l’époque avoir composé tout le Pentateuque.

Deutéronome XVIII, 21-22. « Quod si tacita cogitatione responderis quomodo possum intellegere verbum quod non est locutus Dominus ? 22. hoc habebis signum quod in nomine Domini propheta ille praedixerit et non evenerit hoc Dominus non locutus est sed per tumorem animi sui propheta confinxit et idcirco non timebis eum. »

Tr. : « Que si vous dites en vous-mêmes : Comment pourrai-je discerner si la parole qu’on m’annonce n’est point du Seigneur ? – Voici le signe que vous aurez : si ce que ce prophète a prédit au nom du Seigneur n’arrive pas, c’est une marque que ce n’était point le Seigneur qui l’avait dit : mais ce prophète l’avait inventé par l’orgueil et la présomption de son esprit. C’est pourquoi vous n’aurez aucun respect pour ce prophète ».

Commentaire de la Bible de Port-Royal : « L’on comprend facilement que c’est la marque d’un faux prophète d’annoncer au nom du Seigneur des choses qui n’arrivent point. Mais comme les miracles mêmes peuvent être un signe équivoque de sainteté de ceux qui les font, puisque les magiciens de Pharaon imitaient Moïse presque en tous ceux qu’il faisait, la prophétie qui se vérifie par l’effet ne peut pas passer non plus pour être la marque assurée d’un vrai prophète, puisqu’il n’est pas impossible comme on l’a fait voir auparavant, que de faux prophètes prédisent des choses qui arriveront (Sap. 13) ; et que Dieu même par un jugement secret, permet quelquefois au démon de tromper ainsi les hommes par ces sortes de prédictions qui se trouvent véritables. Comment donc doit-on entendre ce que Dieu dit, que le signe qu’on aura pour connaître le faux prophète, est si ce qu’il a prédit au nom du Seigneur n’arrive point, puisque lors même qu’il arrivera, ce ne sera pas un signe certain qu’il ne soit point faux prophète ? Il semble selon la pensée d’un interprète (Jansen. in cap. 13.1 Deuter.) que ce passage ne signifie autre chose, sinon que c’est la marque infaillible d’un faux prophète, lorsque ce qu’il dit n’arrive point, et que c’est ce que l’on voit le plus ordinairement. Que si Dieu permet pour des raisons que lui seul connaît qu’on voie arriver ce qu’a dit un faux prophète, il faut alors se souvenir de ce que l’on a marqué auparavant sur le treizième chapitre, que quand un ange du ciel, selon que parle saint Paul, nous annoncerait des choses contraires à la vérité, ni tous les miracles, ni toutes les prophéties de ceux qui nous les annonceraient ne devraient point faire aucune impression sur notre esprit pour nous éloigner de Dieu, qui se sert, ainsi qu’il le dit lui-même, et de ces prédictions et de ces prodiges pour nous tenter (ibid.), c’est-à-dire, pour éprouver la fidélité et la fermeté de notre amour ».

Une allusion est faite à cette règle dans une partie barrée horizontalement de Miracles II (Laf. 855, Sel. 435).

 

et qu’ils ne mènent point à l’idolâtrie (Deut., 13),

 

Et qu’ils ne mènent point à l’idolâtrie : voir Deutéronome, XIII.

« 1. Si surrexerit in medio tui prophetes aut qui somnium vidisse se dicat et praedixerit signum atque portentum, 2. et evenerit quod locutus est et dixerit tibi eamus et sequamur deos alienos quos ignoras et serviamus ei, 3. non audies verba prophetae illius aut somniatoris, quia temptat vos Dominus Deus vester ut palam fiat utrum diligatis eum an non in toto corde et in tota anima vestra. 4. Dominum Deum vestrum sequimini et ipsum timete, et mandata illius custodite, et audite vocem ejus, ipsi servietis, et ipsi adherebitis. 5. Propheta autem ille aut fictor somniorum interficietur, quia locutus est ut vos averteret a Domino Deo vestro, qui eduxit vos de terra Aegypti, et redemit vos de domo servitutis, ut errare te faceret de via, quam tibi praecepit Dominus Deus tuus ; et auferes malum de medio tui. 6. Si tibi voluerit persuadere frater tuus filius matris tuae aut filius tuus, vel filia, sive uxor quae est in sinu tuo, aut amicus quem diligis ut animam tuam, clam dicens : Eamus, et serviamus diis alienis quos ignoras tu et patres tui, 7. cunctarum in circuitu gentium, quae iuxta vel procul sunt, ab initio usque ad finem terrae ; 8. non adquiescas ei, nec audias neque parcat ei oculus tuus ut miserearis et occultes eum, 9. sed statim interficies. »

Traduction de Port-Royal : « 1. S’il s’élève au milieu de vous un prophète qui dise qu’il a eu une vision en songe, ou qui prédise quelque signe ou quelque prodige, 2. et que ce qu’il avait prédit soit arrivé ; et qu’il vous dise en même temps : Allons, honorons des dieux étrangers qui nous étaient inconnus, et servons-les ; 3. vous n’écouterez point les paroles de ce prophète et de cet inventeur de visions et de songes, parce que le Seigneur votre Dieu vous tente, afin qu’il paraisse clairement si vous l’aimez de tout votre cœur et de toute votre âme, ou si vous ne l’aimez pas de cette sorte. 4. Suivez le Seigneur votre Dieu, craignez-le, gardez ses commandements, écoutez sa voix, servez-le seul, et attachez-vous à lui seul ; 5. Mais que ce prophète et que cet inventeur de songes soit puni de mort, parce qu’il vous a parlé pour vous détourner du Seigneur votre Dieu qui vous a tirés de l’Égypte, et qui vous a rachetés de la maison de servitude, pour vous faire égarer de la voie que le Seigneur votre Dieu vous a prescrite ; et vous ôterez ainsi le mal du milieu de vous. 6. Si votre frère et le fils de votre mère, si votre fils, ou votre fille, ou votre femme qui es si chère, si votre ami que vous aimez comme votre âme, vous veut persuader et vous vient dire en secret : Allons, adorons les dieux étrangers qui nous sont inconnus, comme ils m’ont été à nos pères, 7. les dieux de toutes les nations qui nous environnent, ou près de nous, ou loin de nous, depuis un bout de la terre jusqu’à l’autre ; 8. ne vous rendez point à ses persuasions, et ne l’écoutez point ; ne soyez touché d’aucune compassion sur son sujet ; ne l’épargnez point ; ne tenez point secret ce qu’il aura dit, 9. mais tuez-le sur le champ ».

Commentaire de Port-Royal : « Moïse parle en ce lieu non pas seulement des faux prophètes, c’est-à-dire des prophètes des faux dieux qui peuvent prédire des choses vraies, comme saint Augustin dit que cela arrive souvent par un jugement secret de Dieu [August. de Civ. Dei. l. 2. cap. 23], qui livre ainsi les méchants à l’illusion des anges prévaricateurs en punition de leurs secrètes cupidités ; mais encore des prophètes du vrai Dieu. Et il demande à son peuple une telle fermeté dans le culte véritable du Seigneur, qu’il ne veut pas qu’il écoute même les prophètes du Très-Haut, s’ils leur enseignaient une doctrine contraire à la piété, et différente de celle qu’ils recevaient par sa bouche. C’est la même chose que saint Paul a dite depuis aux chrétiens, lorsque s’étant introduit parmi eux certaines gens qui les troublaient, et qui voulaient renverser l’Évangile de Jésus-Christ, il s’écrie : Quand nous vous annoncerions nous-mêmes ou quand un ange du ciel vous annoncerait un Évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème [Galat. I, 8]. Que si l’on ne doit pas écouter un prophète du Dieu vivant, ni un ange même, s’il était possible qu’il nous voulût détourner du culte de son divin maître, en nous enseignant une doctrine visiblement opposée à l’Évangile ; combien doit-on s’éloigner plutôt des faux prophètes, quand même il arriverait par l’ordre de Dieu qu’ils prédissent des prodiges, et qu’ils fissent des miracles ?

V. 3. En les détournant d’ajouter foi à l’impiété de ces prophètes, il leur marque la raison pour laquelle il plaît à Dieu de permettre à ces impies de prédire des choses vraies, en même temps qu’ils combattent la vérité de sa sainte religion : parce, leur dit-il, que le Seigneur votre Dieu nous tente, afin qu’il paraisse clairement si vous l’aimez. Car rien en effet ne nous est plus inconnu que le fond de notre cœur ; et il est aisé de s’imaginer qu’on aime Dieu, lorsqu’on n’aime que soi-même. C’est pourquoi celui aux yeux duquel rien n’est caché permet ces scandales, ou, comme il les nomme, ces tentations, afin de nos faire connaître si nous l’aimons plus que toutes choses, et si nous sommes inviolablement attachés à son service. « C’est une chose redoutable, dit saint Jérôme, qu’un soldant de Jésus-Christ veuille demeurer toujours dans la paix. C’est être en quelque façon misérable, de n’éprouver en cette vie aucune misère, et de n’avoir à combattre aucun ennemi. Car comme les coups différents qui nous frappent en ce monde partent tous d’une même main, qui es celle de Dieu même, et son des effets favorables de sa bonté envers nous, on a grand sujet de craindre de n’avoir aucune part à son amour, lorsqu’on est exempt de tentations, Dieu faisant entendre à toute la terre par la voix de son saint législateur comme par le son d’une trompette céleste ; Qu’il nous tente pour connaître si nous l’aimons de tout notre cœur » [Hieron. Epist. 6. tom. 4. v. 757]. Saint Grégoire le grand expliquant ce même passage dit que lorsque Dieu nous tente, c’est proprement qu’il nous interroge pour savoir de nous, ou plutôt pour nous faire savoir à nous-mêmes si nous lui sommes vraiment fidèles et obéissants. Tentare quippe Dei est magnis nos jussionibus interrogare, et nostram obedientiam nosse nos facere [Gregor. Magn. Moral. l. 28. c 5]. »

GEF XIV, p. 242, n. 2, renvoie à une « pensée » sur les miracles d’Antoine Arnauld conservée dans ses Œuvres, X, p. 398, qui prescrit d’obéir « à un prophète lorsqu’il commande de faire ce que Dieu a défendu, pourvu que ce ne soit point le culte des faux dieux », avec référence à ce passage du Deutéronome.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 163. Voir le fragment Miracles II (Laf. 840, Sel. 428) pour la règle à laquelle renvoie ce fragment. Citation de Deutéronome, XIII, 2-4 (ou 1-3, selon la Vulgate).

 

et Jésus-Christ une.

 

GEF XIV, fragment 803, p. 242, renvoie à Marc, IX, 38. « Jesus autem ait : Nolite prohibere eum ; nemo est enim qui faciat virtutem in nomine meo, et possit cito male loqui de me. 39. Qui enim non est adversus vos, pro vobis est ».

Tr. de Port-Royal : « Mais Jésus lui répondit : Ne l’empêchez pas ; car il n’y a personne qui ayant fait un miracle en mon nom, puisse aussitôt après mal parler de moi. 39. Qui n’est pas contre vous est pour vous ». L’édition Sellier 1991 adopte aussi cette référence.

La même note de GEF XIV indique que ce texte est cité par Pascal dans le fragment Br. 839, savoir Miracles II (Laf. 854, Sel. 434). Mais ce texte propose le passage de Jean, X, 38 : « Si autem facio, et si mihi non vultis credere, operibus credite, ut cognoscatis, et credatis quia Pater in me est, et ego in Patre ». Tr. de Port-Royal : « Mais si je les fais [sc. les œuvres de mon Père], quand vous ne me voudriez pas croire, croyez à mes œuvres ; afin que vous connaissiez et que vous croyiez que mon Père est en moi, et moi dans mon Père ».

Ce passage est bien repris dans le fragment de Pascal : Si vous ne croyez en moi croyez au moins aux miracles. Il les renvoie comme au plus fort.

 

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Si la doctrine règle les miracles, les miracles sont inutiles pour la doctrine.

Si les miracles règlent...

 

Que signifie règle les miracles ? Il faut entendre sert de règle pour discerner les miracles. Si la doctrine règle les miracles, ceux-ci n’en sont qu’une conséquence, et ne peuvent donc pas servir pour l’établir. Il est donc exclu que la doctrine règle les miracles.

Pascal recherche souvent des règles pour traiter un problème, que ce soit dans les sciences  physiques (Traité de l’équilibre des liqueurs, OC II, éd. J. Mesnard, p. 1046), mathématiques (Potestatum numericarum summa, OC II, éd. J. Mesnard, p. 1271, canon), mais aussi en théologie (Discours sur la possibilité des commandements, OC III, éd. J. Mesnard, p. 724-725). Voir l’étude de Norman Buford, “L’idée de règle chez Pascal”, in Méthodes chez Pascal, Paris, P. U. F., 1979, p. 87-99.

 

Objection à la règle.

Le discernement des temps, autre règle durant Moïse, autre règle à présent.

 

Miracles II (Laf. 840, Sel. 428). Règle. Il faut juger de la doctrine par les miracles, il faut juger des miracles par la doctrine. Tout cela est vrai mais cela ne se contredit pas. Car il faut distinguer les temps.

Pascal rompt le cercle vicieux par une distinction des temps. Ce procédé qui consiste à résoudre un cercle vicieux par une disjonction des temps est du même type que celle qui, dans la première partie des papiers classés, résout le cercle de la grandeur et de la misère par la distinction des deux natures, avant et après le péché originel.

Le régime des miracles n’a pas été le même dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 162 sq. Pascal tient compte du fait que les critères qu’il propose n’ont pas servi de tout temps. À l’époque de l’Ancien Testament, où le Christ n’est pas connu autrement que par les prophéties, c’est la foi en un seul Dieu qui est la règle fondamentale. Voir Deutéronome XIII, 2-4 ou 1-3 selon la Vulgate. Quant à la règle que donne le Christ pour les temps qui le suivent, c’est celle de Marc IX, 38, « il n’est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après parler mal de moi ». Donc il est lui-même la référence de discernement : p. 164.

 

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Toute religion est fausse qui, dans sa foi, n’adore pas un Dieu comme principe de toutes choses et qui, dans sa morale, n’aime pas un seul Dieu comme objet de toutes choses.

 

Ce principe dépasse largement la question des miracles, mais il lui est lié.

A P. R. 1 (Laf. 149, Sel. 182)Il faut que pour rendre l’homme heureux elle lui montre qu’il y a un Dieu, qu’on est obligé de l’aimer, que notre vraie félicité est d’être en lui, et notre unique mal d’être séparé de lui, qu’elle reconnaisse que nous sommes pleins de ténèbres qui nous empêchent de le connaître et de l’aimer, et qu’ainsi nos devoirs nous obligeant d’aimer Dieu et nos concupiscences nous en détournant nous sommes pleins d’injustice. Il faut qu’elle nous rende raison de ces oppositions que nous avons à Dieu et à notre propre bien. Il faut qu’elle nous enseigne les remèdes à ces impuissances et les moyens d’obtenir ces remèdes.

GEF XIII, p. 391 note que comme objet de toutes choses doit s’entendre en ce sens que toutes choses doivent avoir Dieu pour objet dernier, c’est à dire comme fin.

 

Raison pourquoi on ne croit point.

 

Ce n’est pas la foi qui demande explication, mais l’incrédulité.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 171 sq. Raisons de l’incrédulité, du point de vue divin et du point de vue humain.

Sur le même sujet, Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 512-513, sur le cas des Juifs.

 

Joh.12. 37 :

Cum autem tanta signa fecisset non credebant in eum.

Ut sermo Isaiae impleretur : Excaecavit, etc.

Haec dixit Isaias quando vidit gloriam ejus et locutus est de eo.

 

Jean, XII, 37-41. « 37. Cum autem tanta signa fecisset coram eis, non credebant in eum : 38 ut sermo Isaiae prophetae impleretur, quem dixit : Domine, quis credidit auditui nostro ? et brachium Domini cui revelatum est ? 39 Propterea non poterant credere, quia iterum dixit Isaias : 12:40 Excaecavit oculos eorum, et induravit cor eorum : ut non videant oculis, et non intelligant corde, et convertantur, et sanem eos 41. Haec dixit Isaias, quando vidit gloriam ejus et locutus est de eo ».

Tr. de Port-Royal : « Mais quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux ils ne croyaient point en lui : 38. Afin que cette parole du prophète Isaïe fût accomplie : Seigneur, dit-il, qui a cru à la parole qu’il a entendue de nous, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? 39. C’est pour cela qu’ils ne pouvaient croire, parce qu’Isaïe a dit encore : 40. Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur cœur, de peur qu’ils ne voient des yeux et ne comprennent du cœur, et que venant à se convertir je ne les guérisse. 41. Isaïe a dit ces choses, lorsqu’il a vu sa gloire et qu’il a parlé de lui ». La référence à Isaïe, LIII et VI est indiquée en marge.

 

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Judaei signa petunt et Graeci sapientiam quaerunt.

Nos autem Jesum crucifixum.

 

Paul, Cor. I, 21-23. « Nam quia in Dei sapientia non cognovit mundus per sapientiam Deum ; placuit Deo per stultitiam praedicationis salvos facere credentes 22. Quoniam et Judaei signa petunt et Graeci sapientiam quaerunt : 23. nos autem praedicamus Christum crucifixum : Judaeis quidem scandalum, gentibus autem stultitiam. ; 24. Ipsis autem vocatis Judaeis, atque Graecis, Christum Dei virtutem, et Dei sapientiam. »

Tr. de Port-Royal : « Car Dieu voyant que le monde avec la sagesse humaine, ne l’avait point connu dans les ouvrages de la sagesse divine, il lui a plu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiraient en lui. 22. Les Juifs demandent des miracles, et les Gentils cherchent la sagesse. 23. Et pour nous, nous prêchons Jésus-Christ crucifié, qui est un scandale aux Juifs, et une folie aux Gentils ; 24. Mais qui est la force de Dieu, et la sagesse de Dieu, à ceux qui sont appelés, soit Juifs et Gentils. »

 

Sed plenum signis, sed plenum sapientia.

 

« Mais qui est riche en miracles, riche en sagesse » (tr. Ph. Sellier). Ajout de Pascal paraphrasant le dernier verset.

 

Vos autem Christum, non crucifixum, et religionem sine miraculis et sine sapientia.

 

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 171 sq. Ajout de Pascal à la citation précédente. « Tandis que vous, [vous prêchez] un Christ non crucifié, et une religion sans miracles ni sagesse » (tr. Ph. Sellier).

Paul, I Corinthiens, 1, 22-23. 1:22 « Quoniam et Iudaei signa petunt et Graeci sapientiam quaerunt 1:23 nos autem praedicamus Christum crucifixum Iudaeis quidem scandalum gentibus autem stultitiam ».

Tr. : « Car les juifs demandent des miracles et les Grecs recherchent la sagesse ; et nous nous prêchons le Christ crucifié... »

Lhermet J., Pascal et la Bible, p. 200 sq. Citations de la Vulgate accompagnées d’un commentaire latin. Pascal ajoute : Sed plenum signis, sed plenum sapientia. Vos autem Christum, non crucifixum, et religionem sine miraculis et sine sapientia, c’est-à-dire : « Mais plein de signes, mais plein de sagesse. Et vous un Christ recrucifié et une religion sans miracles et sans sagesse. » Voir l’éd. Lafuma Luxembourg, Notes, p. 155. Selon l’éd. Sellier, ce texte vraisemblablement fabriqué par Pascal s’adresse aux théologiens corrompus, c’est-à-dire à ceux contre lesquels il s’élève dans les Provinciales.

 

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Ce qui fait qu’on ne croit pas les vrais miracles est le manque de charité.

Joh. Sed vos non creditis quia non estis ex ovibus.

Ce qui fait croire les faux est le manque de charité.

 

Joh. sed vos non creditis quia non estis ex ovibus : addition écrite en marge de droite, à la hauteur du passage Ce qui fait qu’on ne croit pas les vrais miracles...

Jean, X, 26. « Sed vos non creditis, quia non estis ex ovibus meis ». Tr. : « Mais pour vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas mes brebis. »

Pour Pascal, écrit J. Mesnard, Pascal, coll. Les écrivains devant Dieu, Paris, Desclée de Brouwer, 1965, p. 69, « l’intelligence des signes dépend des dispositions du cœur ». La règle vaut très généralement. Voir notamment le début de l’opuscule De l’esprit géométrique, II, De l’art de persuader, § 3, OC III, éd. J. Mesnard, p. 413 : « Je ne parle pas ici des vérités divines, que je n’aurais garde de faire tomber sous l’art de persuader, car elles sont infiniment au-dessus de la nature : Dieu seul peut les mettre dans l’âme, et par la manière qu’il lui plaît. Je sais qu’il a voulu qu’elles entrent du cœur dans l’esprit, et non pas de l’esprit dans le cœur, pour humilier cette superbe puissance du raisonnement, qui prétend devoir être juge des choses que la volonté choisit, et pour guérir cette volonté infirme, qui s’est toute corrompue par ses sales attachements. Et de là vient qu’au lieu qu’en parlant des choses humaines on dit qu’il les faut connaître avant que de les aimer, ce qui a passé en proverbe, les saints au contraire disent en parlant des choses divines qu’il les faut aimer pour les connaître, et qu’on n’entre dans la vérité que par la charité, dont ils ont fait une de leurs plus utiles sentences. »

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 172 sq. La phrase montre que Pascal assimile les jésuites aux Juifs incrédules. L’aveuglement des jésuites serait l’effet du Dieu caché au même titre que celui des Juifs. Les sens et la raison sont moins en cause que les miracles n’attirent pas l’adhésion à la vérité dont ils sont les signes : p. 173.

 

2. Thess., 2.

 

Paul, II Thessaloniciens, II, 9-10. « Eum cujus est adventus secundum operationem Satanae in omni virtute et signis et prodigiis mendacibus, 10 et in omni seductione iniquitatis his qui pereunt, eo quod caritatem veritatis non receperunt ut salvi fierent. » L’Antéchrist viendra avec de nombreux prodiges trompeurs, qui ne tromperont que les injustes, « parce qu’ils n’ont pas reçu et aimé la vérité pour être sauvés ».

 

Fondement de la religion.

C’est les miracles. Quoi donc ! Dieu parle‑t‑il contre les miracles, contre les fondements de la foi qu’on a en lui ?

 

Esquisse d’un dialogue ou d’un discours ?

 

Moïse a prédit Jésus-Christ et ordonné de le suivre.

Jésus-Christ a prédit l’Antéchrist et défendu de le suivre.

 

Sur l’Antéchrist, voir le texte Miracles I (Laf. 830, Sel. 419), et le dossier thématique sur l’Antéchrist.

Moïse a prédit Jésus-Christ et ordonné de le suivre. Jésus-Christ a prédit l’Antéchrist et défendu de le suivre : inscrit en marge de gauche à la hauteur de Fondement de la religion.

Pascal souligne les oppositions qui font la différence entre le Christ et l’Antéchrist qui tentera de se faire passer pour lui.

Voir ci-dessous la note de la Bible de Port-Royal sur les versets 23-29 de Matthieu XXIV, qui souligne que les prédictions de l’Antéchrist par Jésus-Christ étaient autant d’avertissements contre lui.

Deutéronome, XVIII, 15. « Prophetam de gente tua, et de fratribus tuis sicut me, suscitabit tibi Dominus Deus : Ipsum audies. » Tr. de Port-Royal : « Le Seigneur votre Dieu vous suscitera un prophète comme moi, de votre nation et d’entre vos frères : C’est lui que vous écouterez. »

Mathieu, XXIV, 24. « Surgent enim pseudo-Christi, et pseudo prophetae : et dabunt signa magna, et prodigia, ita ut in errorem inducantur (si fieri potest), etiam electi. » Tr. de Port-Royal : « Parce qu’il s’élèvera de faux-christs, et de faux-prophètes, qui feront de grands prodiges, et des choses étonnantes, jusqu’à séduire même, s’il était possible, les élus ».

Voir la note de la Bible de Port-Royal sur les versets 23-29 de Matthieu XXIV, sur les « imposteurs » qui voulaient se « mettre à la place de Jésus-Christ » dans l’histoire de l’Église.

« Si cette prédiction s’est vérifiée dans tous les temps qui se sont passés depuis Jésus-Christ jusqu’à nous, en la personne de tant d’imposteurs et de faux-Christs ; combien cela paraitra-t-il encore plus véritable aux approches de l’homme de péché et de l’enfant de perdition, de l’Antéchrist ou du faux-Christ par éminence, lorsqu’il voudra s’élever et se faire adorer sur la terre à la place de Jésus-Christ ? Les grands prodiges et les signes éclatants qu’il fera, auront une telle force sur l’esprit des peuples pour les pervertir, qu’ils seraient capables, selon l’expression du Sauveur, de séduire les élus mêmes, s’il était possible [...]. Nous voyons aussi dans l’Apocalypse qu’il est dit que la seconde bête, qui peut bien nous figurer l’Antéchrist, et qui travaillait à faire adorer la première, c’est-à-dire le démon : Qu’elle fit, selon qu’il est dit ici, de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre devant les hommes ; et qu’elle séduisit ceux qui habitaient sur la terre, à cause des prodiges qu’elle eut le pouvoir de faire devant la bête.

Ce que Jésus-Christ ajoute, en disant à ses Apôtres : Remarquez bien que je vous ai prédit ces choses : Ecce praedixi vobis, était pour les obliger, et tous ceux qui les suivraient, à prendre bien garde à eux, à cause de la grandeur du péril où ils seraient exposés de la part de tous ces faux-Christs, qui ont commencé à paraître depuis les temps apostoliques, et qui finiront à l’Antéchrist, comme les membres de ce chef monstrueux, qui doit consommer à la fin des temps l’ouvrage de l’iniquité ».

Marc, XIII, 21-22. « Et tunc si quis vobis dixerit : Ecce hic est Christus, ecce illic, ne credideritis. 22. Exsurgent enim pseudo-Christi, et pseudo-prophetae, et dabunt signa et portenta ad seducendos, si fieri poteste, etiam electos ». Tr. de Port-Royal : « Si quelqu’un vous dit alors : Le Christ est ici, ou là, ne le croyez point. 22. Car il s’élèvera de faux Christs, et de faux prophètes, qui feront des prodiges et des choses étonnantes, pour séduire, s’il était possible, les élus mêmes ». Renvois en marge à Matthieu, XXIV, 23 et Luc, XVII, 23 et XXI, 8.

 

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S’il y a un Dieu, il fallait que la foi de Dieu fût sur la terre. Or les miracles de Jésus-Christ ne sont pas prédits par l’Antéchrist, mais les miracles de l’Antéchrist sont prédits par Jésus-Christ. Et ainsi, si Jésus-Christ n’était pas le Messie, il aurait bien induit en erreur, mais l’Antéchrist ne peut bien induire en erreur.

Quand Jésus-Christ a prédit les miracles de l’Antéchrist, a‑t‑il cru détruire la foi de ses propres miracles ?

Il était impossible qu’au temps de Moïse on réservât sa créance à l’Antéchrist qui leur était inconnu, mais il est bien aisé, au temps de l’Antéchrist, de croire en Jésus-Christ déjà connu.

Il n’y a nulle raison de croire en l’Antéchrist qui ne soit à croire en Jésus-Christ, mais il y en a en Jésus-Christ qui ne sont pas en l’autre.

 

Sur l’Antéchrist, voir le texte Miracles I (Laf. 830, Sel. 419), et le dossier thématique sur l’Antéchrist.

Les miracles de l’Antéchrist : Pascal semble bien tenir compte de la réponse de Barcos à sa 11e question de Miracles I (Laf. 830, Sel. 419) : Si l’Antéchrist fera ses signes au nom de Jésus-Christ ou en son propre nom. Mais Barcos a ajouté une précision sur la fausseté des miracles de l’Antéchrist : Comme il ne viendra au nom de Jésus-Christ mais au sien propre, selon l’Évangile, ainsi il ne fera point des miracles au nom de Jésus-Christ, mais au sien et contre Jésus-Christ, pour détruire la foi et son Église. Et à cause de cela ce ne seront point vrais miracles.

Il n’y a nulle raison de croire... : inscrit en bas de page à droite ; un trait de séparation isole cette fin.