Dossier de travail - Fragment n° 26 / 35 – Papier original : RO 487-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 23 p. 197 / C2 : p. 8
Éditions savantes : Faugère II, 391 / Havet XXV.109 bis / Brunschvicg 74 / Tourneur p. 305-1 / Le Guern 387 / Lafuma 408 / Sellier 27
Une lettre de la folie de la science humaine et de la philosophie. Cette lettre avant le divertissement.
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Felix qui potuit... Felix nihil admirari... |
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280 sortes de souverain bien dans Montaigne.
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Notes brèves tenant lieu d’aide mémoire sur les thèmes sceptiques que Pascal développe dans les Pensées sur le souverain bien. Pascal a développé cette idée dans la liasse Souverain bien, notamment dans Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181). La multiplication des sectes philosophiques qui proposent des souverains biens différents est le résultat de la corruption apportée à la nature humaine par le péché originel. Pascal en expose la théorie dans les Écrits sur la grâce, particulièrement dans le Traité de la prédestination.
Felix qui potuit... : Heureux qui peut (pénétrer les causes des choses).
Felix nihil admirari... : Heureux qui ne s’étonne de rien.
Nota bene : l’accolade est donnée par les Copies.
Fragments connexes
Laf. 76, Sel. 111 (Texte barré verticalement). Mais peut-être que ce sujet passe la portée de la raison. Examinons donc ses inventions sur les choses de sa force. S’il y a quelque chose où son intérêt propre ait dû la faire appliquer de son plus sérieux, c’est à la recherche de son souverain bien. Voyons donc où ces âmes fortes et clairvoyantes l’ont placé et si elles en sont d’accord.
L’un dit que le souverain bien est en la vertu, l’autre le met en la volupté, l’autre à suivre la nature, l’autre en la vérité, Felix qui potuit rerum cognoscere causas, l’autre à l’ignorance tranquille, l’autre en l’indolence, d’autres à résister aux apparences, l’autre à n’admirer rien, Nihil mirari prope res una quae possit facere et servare beatum, et les braves pyrrhoniens en leur ataraxie, doute et suspension perpétuelle, et d’autres plus sages, qu’on ne le peut trouver, non pas même par souhait. Nous voilà bien payés !
Souverain bien 2 (Laf. 148, Sel. 181). Qu’est‑ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu’il essaie inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes le secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est‑à‑dire que par Dieu même.
Lui seul est son véritable bien. Et depuis qu’il l’a quitté, c’est une chose étrange qu’il n’y a rien dans la nature qui n’ait été capable de lui en tenir la place : astres, ciel, terre, éléments, plantes, choux, poireaux, animaux, insectes, veaux, serpents, fièvre, peste, guerre, famine, vices, adultère, inceste. Et depuis qu’il a perdu le vrai bien, tout également peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction propre, quoique si contraire à Dieu, à la raison et à la nature tout ensemble.
Les uns le cherchent dans l’autorité, les autres dans les curiosités et dans les sciences, les autres dans les voluptés.
Preuves par les Juifs VI (Laf. 479, Sel. 714). Pour les philosophes, deux cent quatre-vingts souverains biens.
Mots-clés : Souverain bien – Bonheur – Divertissement – Folie – Lettre – Montaigne – Philosophie – Science.