Glossaire

 

Le Maistre (Antoine).

Brillant avocat (1608-1668), issu d’une famille de robins, qui refusa de se mettre au service de Richelieu, et qui s’engagea dans une retraite à Port-Royal. Il est auteur d’un recueil de Plaidoyers, dont la rhétorique fit l’objet d’un commentaire ironique de Pascal. Sur sa conversion, voir Fontaine Nicolas, Mémoires, éd. Thouvenin, Champion, 2001, p. 260 sq. Sur l’ensemble de sa carrière, voir l’article qui lui est consacré dans le Dictionnaire de Port-Royal, dirigé par A. McKenna et J. Lesaulnier.

Fumaroli Marc, L’Âge de l’éloquence. Rhétorique et “res literaria” de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Droz, Genève, 1980.

Voir Pensées diverses (Laf. 579, Sel. 482).

 

Légal.

Lorsque Pascal écrit la justice éternelle, non la légale, mais l’éternelle (Loi figurative 24 - Laf. 269, Sel. 300), légal s’entend de la loi de Moïse, de l’Ancien Testament, par opposition à la loi de Dieu telle qu’elle est exprimée dans le Nouveau Testament.

 

Légèreté, léger.

Léger se dit figurément de ce qui n’est pas solide, ni considérable, qui n’a ni poids ni autorité (Furetière). Légèreté désigne souvent la négligence.

Voir Commencement 1 (Laf. 150, Sel. 183) et Preuves de Jésus-Christ 13 (Laf. 310, Sel. 341).

 

Législateur.

Celui qui fait les lois d’un royaume, d’un État fondé. Moïse est le plus grand législateur des Hébreux (Furetière).

Voir Misère 9 (Laf. 60, Sel. 94), Pensées diverses (Laf. 607, Sel. 504) et Preuves par les Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694).

 

Léopard.

Le léopard est évoqué dans Jérémie, V, 6, représentant la menace qui guette ceux qui conspirent contre la loi du Seigneur.

Voir Prophéties IV (Laf. 486, Sel. 730).

 

Lessius.

Né d’origine modeste en 1554, Léonard Lessius (1554-1653) entre en 1572 chez les jésuites. Il enseigne à Douai, et à Louvain. Il est auteur d'un De justitia et jure actionum humanarum, 1605, plusieurs fois réimprimé, qui traite d’économie et de morale. À partir de 1610, il se tourne vers la théologie morale. Il est censuré par la faculté de théologie de Louvain et l'université de Douai pour des thèses semi-pélagiennes. Pascal s’en prend à lui dans les Provinciales. Il meurt à Louvain. Voir Hurtubise Pierre, La casuistique dans tous ses états. De Martin Azpilcueta à Alphonse de Liguori, Ottawa, Novalis, 2005, p. 209 sq., et Van Sull Ch., L. Lessius, de la Compagnie de Jésus, Louvain, 1930.

Voir Pensées diverses (Laf. 722, Sel. 603).

 

Lettre.

Sellier Philippe, “Vers l’invention d’une rhétorique”, in Sellier Philippe, Port-Royal et la littérature, I, Pascal, Champion, Paris, 1999, p. 171 sq. Le choix par Pascal de la forme volante de certains pamphlets de la Fronde, selon le format et le nombre de pages de la Gazette fondée par Renaudot en 1631. Il fait appel à des techniques journalistiques en avance sur son temps, comme le courrier des lecteurs et les brèves de dernière heure. La technique de la lettre permet la fragmentation des questions. Avec la onzième Provinciale, Pascal change de genre épistolaire, et recourt à la lettre ouverte.

La lettre s’oppose aussi à l’esprit, particulièrement lorsqu’il s’agit de l’interprétation des textes, et surtout des textes sacrés. Voir la liasse Loi figurative.

Voir Ordre 2 (Laf. 4, Sel. 38), Ordre 3 (Laf. 5, Sel. 39), Ordre 5 (Laf. 7, Sel. 41), Ordre 7 (Laf. 9, Sel. 43), Ordre 9 (Laf. 11, Sel. 45), etc.

 

Levain.

Voir la parabole du levain dans Matthieu XIII, 33 et Luc XII, 20-21. Le commentaire de ce passage dans l’édition de Matthieu par Port-Royal indique que « le levain qui est destiné pour faire lever la pâte, peut nous marquer la prédication évangélique ». Le commentaire poursuit en indiquant que c’est le Christ lui-même qui est symbolisé par le levain. Il justifie ensuite le choix de ce symbole familier et quasi vulgaire par la nature grossière des hommes auxquels s’adressait la prédication.

Voir Rabbinage 2 (Laf. 278, Sel. 309).

 

Liberté, Libérateur.

Les controverses relatives au jansénisme ont souvent tourné autour de la question de la liberté de l’homme, et de la conciliation de cette liberté avec la prédestination. Dans les Écrits sur la grâce (notamment dans le Traité de la prédestination) et dans la XVIIIe Provinciale, Pascal a soutenu en bon augustinien la doctrine de l’accord entre le libre arbitre de l’homme et la manière dont Dieu dispose sa volonté sans détruire sa liberté.

Voir Misère 5 (Laf. 57, Sel. 90), Loi figurative 9 (Laf. 253, Sel. 285), Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299), Pensées diverses (Laf. 807, Sel. 654), Pensées diverses (Laf. 818, Sel. 660), Prophéties VIII (Laf. 502, Sel. 738), etc.

 

Libertin, Libertinage.

Voir le dossier thématique sur le libertinage.

Voir Soumission 13 (Laf. 179, Sel. 210).

 

Libido.

Voir le dossier thématique sur les deux délectations.

Voir Pensées diverses (Laf. 545, Sel. 460).

 

Lien.

Se dit figurément en choses morales et spirituelles des engagements, des attachements, des liaisons qui existent parmi les hommes (Furetière). Le mot désigne donc aussi bien des engagements au sens juridique (exprimés par les lois et les contrats) que des relations qui expriment des rapports moins rigoureux. Dans le fragment Morale chrétienne 9 (Laf. 359, Sel. 391), il se rapporte à la communion qui lie entre eux les chrétiens. L’absence de lien marque une disproportion.

 

Lieu.

Le mot désigne en général la situation dans laquelle se trouvent les corps, et particulièrement l’homme. Dans le fragment Vanité 9 (Laf. 21, Sel. 55), il signifie le point de vue convenable pour observer un tableau. Mais dans Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230), Pascal reprend la notion scolastique de lieu naturel, pour montrer qu’il n’y a pas un tel lieu pour l’homme dans l’infinité du temps et de l’espace.

Dans Vanité 2 (Laf. 14, Sel. 48), lieu signifie endroit d’un livre.

Voir aussi Dossier de travail (Laf. 385, Sel. 4), Dossier de travail (Laf. 400, Sel. 19), Preuves par discours I (Laf. 420, Sel. 680) et Preuves par les Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694).

 

Lièvre.

La balle, le lièvre et les rois sont trois éléments de Divertissement. On retrouve en effet le même thème, autrement traité, dans la liasse qui porte ce titre.

Voir Vanité 26 (Laf. 39, Sel. 73), Divertissement 4 (Laf. 136, Sel. 168) et Pensées diverses (Laf. 522, Sel. 453).

 

Limite.

Bornes, extrémité d’une terre, d’une province, d’un État, et d’un domaine en général. Le mot se dit aussi en choses morales : la méchanceté d’un prince peut être sans limite. Le mot n’a pas le sens qu’il a aujourd’hui en mathématique et en géométrie. Les Lettres de A. Dettonville approchent seulement de ce sens.

Voir Pensées diverses (Laf. 540, Sel. 458).

 

Lingendes.

Jésuite. Prédicateur. Voir Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 113 sq., sur ses sermons contre le miracle de la sainte épine.

Voir Miracles I (Laf. 830, Sel. 419) et Miracles III (Laf. 878, Sel. 442).

 

Lion.

Voir Saturne.

Référence : Misère 9 (Laf. 60, Sel. 94).

 

Lire, Lecture.

Pascal n’évoque qu’en passant le problème de la lecture dans les Pensées. Mais on ne doit pas oublier qu’il a poursuivi une réflexion sur la manière dont la lecture des lettres devait être réformée pour en faciliter l’assimilation aux enfants. Voir dans OC III, éd. J. Mesnard, p. 441-443, le chapitre de la Grammaire de Port-Royal qui explique la méthode de Pascal. Voir aussi ibid., p. 438-440, la lettre de Jacqueline Pascal à Blaise qui fait état de cette méthode de lecture.

Voir Vanité 28 (Laf. 41, Sel. 75), Fausseté 7 (Laf. 209, Sel. 241), Fondement 20 (Laf. 243, Sel. 276), Preuves de Jésus-Christ 15 (Laf. 312, Sel. 343), Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681), etc.

 

Littéral.

Le sens littéral d’un texte est celui qui se présente de lui-même à l’esprit du lecteur. Pascal l’oppose au sens figuré. Ce dernier est de nature spirituelle, alors que le littéral est de nature charnelle.

Voir Loi figurative 8 (Laf. 252, Sel. 284), Loi figurative 15 (Laf. 260, Sel. 291) et Loi figurative 27 (Laf. 272, Sel. 303).

 

Livre.

Le livre dont parle Pascal est évidemment l’ensemble de l’Ancien et du Nouveau Testament. La publication des textes scripturaires en français et avec des notes explicatives répond au fait que les Messieurs de Port-Royal estimaient que les Écritures devaient être mises sans obstacle à la portée des fidèles. Le paradoxe du Coran est que, toujours selon Pascal, c’est un livre qu’il est interdit de lire pour qu’il puisse subsister.

Voir Fondement 20 (Laf. 243, Sel. 276), Loi figurative 13 (Laf. 257, Sel. 289), Rabbinage 1 (Laf. 277, Sel. 308), Perpétuité 9 (Laf. 287, Sel. 319), Prophéties 8 (Laf. 329, Sel. 361), etc.