Fragment Morale chrétienne n° 14 / 25 – Papier original : RO 265-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Morale n° 364 p. 179 / C2 : p. 212
Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 269 / 1678 n° 66 p. 262
Éditions savantes : Faugère II, 349, III / Havet XXIV.40 / Brunschvicg 249 / Tourneur p. 292-3 / Le Guern 345 / Lafuma 364 / Sellier 396
C’est être superstitieux de mettre son espérance dans les formalités, mais c’est être superbe de ne vouloir s’y soumettre.
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Pascal revient ici, dans le cadre de Morale chrétienne, sur la question de la superstition, qu’il a abordée dans Soumission et usage de la raison. Il définit l’équilibre qui doit caractériser la piété chrétienne, par le refus des deux excès du formalisme superstitieux, et celui de l’orgueil qui rejette l’obéissance aux cérémonies ordinaires de la religion. Cette définition fait écho à des débats très vifs relatifs à la dévotion chrétienne à l’époque, que Pascal a abordés dans les Provinciales.
Fragments connexes
Soumission 13 (Laf. 179, Sel. 210). Il y a peu de vrais chrétiens. Je dis même pour la foi. Il y en a bien qui croient mais par superstition. Il y en a bien qui ne croient pas, mais par libertinage ; peu sont entre-deux.
Je ne comprends pas en cela ceux qui sont dans la véritable piété de mœurs et tous ceux qui croient par un sentiment du cœur.
Soumission 15 (Laf. 181, Sel. 212). La piété est différente de la superstition.
Soutenir la piété jusqu’à la superstition c’est la détruire.
Les hérétiques nous reprochent cette soumission superstitieuse ; c’est faire ce qu’ils nous reprochent.
Impiété de ne pas croire l’Eucharistie sur ce qu’on ne la voit pas.
Superstition de croire des propositions, etc.
Foi, etc.
Soumission 22 (Laf. 187, Sel. 219). Ce n’est pas une chose rare qu’il faille reprendre le monde de trop de docilité. C’est un vice naturel comme l’incrédulité et aussi pernicieux. Superstition.
Morale chrétienne 16 (Laf. 366, Sel. 398-399). Deux sortes d’hommes en chaque religion.
Voyez Perpétuité.
Superstition, concupiscence.
Miracles III (Laf. 908, Sel 451). Superstition et concupiscence.
Scrupules, désirs mauvais.
Crainte mauvaise.
Crainte, non celle qui vient de ce qu’on croit Dieu, mais celle de ce qu’on doute s’il est ou non. La bonne crainte vient de la foi, la fausse crainte vient du doute ; la bonne crainte jointe à l’espérance, parce qu’elle naît de la foi et qu’on espère au Dieu que l’on croit ; la mauvaise jointe au désespoir parce qu’on craint le Dieu auquel on n’a point eu foi. Les uns craignent de le perdre, les autres craignent de le trouver.
Pensée n° 24Aa (Laf. 944, Sel. 767). Il faut que l’extérieur soit joint à l’intérieur pour obtenir de Dieu ; c’est-à-dire que l’on se mette à genoux, prie des lèvres, etc. afin que l’homme orgueilleux qui n’a voulu se soumettre à Dieu soit maintenant soumis à la créature. Attendre de cet extérieur le secours est être superstitieux ; ne vouloir pas le joindre à l’intérieur est être superbe.
Mots-clés : Espérance – Formalités – Soumettre (se) – Superbe – Superstitieux.