Fragment Prophéties n° 6 / 27  – Papier original : RO 232-7

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Prophéties n° 352 p. 165 v° / C2 : p. 198

Éditions de Port-Royal : Chap. XV - Preuves de Jésus-Christ par les prophéties : 1669 et janvier 1670 p. 119-121  / 1678 n° 7 p. 119-120

Éditions savantes : Faugère II, 314, IV / Havet XXV.172 / Brunschvicg 770 / Tourneur p. 283-5 / Le Guern 308 / Lafuma 327 / Sellier 359

 

 

 

Après que bien des gens sont venus devant, il est venu enfin Jésus-Christ dire : Me voici et voici le temps. Ce que les prophètes ont dit devoir advenir dans la suite des temps, je vous dis que mes apôtres le vont faire. Les Juifs vont être rebutés. Jérusalem sera bientôt détruite et les païens vont entrer dans la connaissance de Dieu. Mes apôtres le vont faire après que vous aurez tué l’héritier de la vigne.

Et puis les apôtres ont dit aux Juifs : Vous allez être maudits. Et aux païens : Vous allez entrer dans la connaissance de Dieu. Et cela est arrivé alors.

Celsus s’en moquait.

 

 

Dans la liasse Loi figurative, Pascal a montré que les prophéties de l’Ancien Testament avaient été formulées en termes métaphoriques. Il sait aussi que pendant plusieurs centaines d’années, le peuple juif n’a plus connu de prophètes. Mais cela ne signifie pas pour autant que la prophétie ait disparu. En fait, la prophétie n’est pas restreinte à l’Ancien Testament. Le Christ à son tour a prophétisé, et après lui les apôtres. La prophétie s’étend donc des premiers prophètes jusqu’à l’époque du Nouveau Testament. Pascal généralise ainsi le thème de la liasse Perpétuité.

L’idée se comprend d’elle-même, à partir du moment où la prophétie n’est pas seulement définie comme annonce de l’avenir, mais, conformément à la formule de Prophéties 7 (Laf. 328, Sel. 360), en ce sens que prophétiser c’est parler de Dieu, non par preuves du dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat : la prophétie ne cesse pas avec la venue du Christ. Les prophéties sont preuves de divinité (Prophéties VI - Laf. 489, Sel. 735).

Pascal lui-même a adopté cet esprit prophétique lors de la querelle sur le Formulaire. Voir OC IV, éd. J. Mesnard, p. 1194.             

 

Analyse détaillée...

Fragments connexes

 

Soumission 14 (Laf. 180, Sel. 211). J.-C. a fait des miracles et les apôtres ensuite. Et les premiers saints en grand nombre, parce que les prophéties n’étant pas encore accomplies, et s’accomplissant par eux, rien ne témoignait que les miracles. Il était prédit que le Messie convertirait les nations. Comment cette prophétie se fût-elle accomplie sans la conversion des nations, et comment les nations se fussent-elles converties, au Messie, ne voyant pas ce dernier effet des prophéties qui le prouvent. Avant donc qu’il ait été mort, ressuscité et converti les nations tout n’était pas accompli et ainsi il a fallu des miracles pendant tout ce temps. Maintenant il n’en faut plus contre les Juifs, car les prophéties accomplies sont un miracle subsistant.

Prophéties 1 (Laf. 323, Sel. 354). Ruine des Juifs et des païens par Jésus-Christ : omnes gentes venient et adorabunt eum. [...] Adorabunt eum omnes reges.

Prophéties 4 (Laf. 324, Sel. 357). Qu’il serait roi des Juifs et des gentils, et voilà ce roi des Juifs et des gentils opprimé par les uns et les autres qui conspirent à sa mort dominant des uns et des autres, et détruisant et le culte de Moïse dans Jérusalem, qui en était le centre, dont il fait sa première Église et le culte des idoles dans Rome qui en était le centre et dont il fait sa principale Église.

Prophéties 7 (Laf. 328, Sel. 360). Prophétiser c’est parler de Dieu, non par preuves du dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat.

Prophéties 17 (Laf. 338, Sel. 370). Prédictions.

Qu’en la 4e monarchie, avant la destruction du 2e temple, avant que la domination des Juifs fût ôtée en la 70e semaine de Daniel, pendant la durée du 2e temple les païens seraient instruits et amenés à la connaissance du Dieu adoré par les Juifs, que ceux qui l’aiment seraient délivrés de leurs ennemis, remplis de sa crainte et de son amour.

Et il est arrivé qu’en la 4e monarchie avant la destruction du 2e temple, etc. les païens en foule adorent Dieu et mènent une vie angélique.

Les filles consacrent à Dieu leur virginité et leur vie, les hommes renoncent à tous plaisirs. Ce que Platon n’a pu persuader à quelque peu d’hommes choisis et si instruits une force secrète le persuade à cent milliers d’hommes ignorants, par la vertu de peu de paroles.

Les riches quittent leurs biens, les enfants quittent la maison délicate de leurs pères pour aller dans l’austérité d’un désert, etc. Voyez Philon juif.

Qu’est-ce que tout cela ? c’est ce qui a été prédit si longtemps auparavant ; depuis 2 000 années aucun païen n’avait adoré le Dieu des Juifs et dans le temps prédit la foule des païens adore cet unique Dieu. Les temples sont détruits, les rois mêmes se soumettent à la croix. Qu’est-ce que tout cela ? C’est l’esprit de Dieu qui est répandu sur la terre.

Nul païen depuis Moïse jusqu’à J.-C. selon les rabbins mêmes ; la foule des païens après J.-C. croit les livres de Moïse et en observe l’essence et l’esprit et n’en rejette que l’inutile.

Preuves par les Juifs III (Laf. 453, Sel. 693). Que les Juifs, manque de cet amour, seraient réprouvés pour leurs crimes et les païens élus en leur place :

[...] Que les sacrifices des païens seront reçus de Dieu. Et que Dieu retirera sa volonté des sacrifices des Juifs.

[...] Que Jérusalem serait réprouvée et Rome admise.

Prophéties VI (Laf. 489, Sel. 735). Réprobation des Juifs et conversion des Gentils.

 

Mots-clés : ApôtreCelseConnaissanceDieuJérusalemJésus-ChristJuifMalédictionPaïenProphèteTemps – Vigne.