Preuves par les Juifs VI – Fragment n° 6 / 15 – Papier original : RO 444-2
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 58 p. 253 v° / C2 : p. 469 v°-471
Éditions savantes : Faugère II, 96, XV ; II, 116, V / Havet X.7 / Brunschvicg 419, 321 et 428 / Tourneur p. 324-2 / Le Guern 432 / Lafuma 464 à 466 (série XI) / Sellier 703
Je ne souffrirais point qu’il repose en l’un ni en l’autre afin qu’étant sans assiette et sans repos... ------- Les enfants étonnés voient leurs camarades respectés. ------- Si c’est une marque de faiblesse de prouver Dieu par la nature, n’en méprisez point l’Écriture. Si c’est une marque de force d’avoir connu ces contrariétés, estimez‑en l’Écriture.
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Trois notes portant sur différents sujets, sans doute destinées à étoffer un texte qui n’est pas identifié.
Fragments connexes
Misère 12 (Laf. 63, Sel. 97). La gloire.
L’admiration gâte tout dès l’enfance. Ô que cela est bien dit, ô qu’il a bien fait, qu’il est sage, etc. Les enfants de Port-Royal auxquels on ne donne point cet aiguillon d’envie et de gloire tombent dans la nonchalance.
Misère 13 (Laf. 64, Sel. 98). Mien, tien.
« Ce chien est à moi », disaient ces pauvres enfants. « C’est là ma place au soleil. » Voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre.
Raisons des effets 2 (Laf. 82, Sel. 116). La sagesse nous envoie à l’enfance. Nisi efficiamini sicut parvuli.
Contrariétés 13 (Laf. 130, Sel. 163). S’il se vante je l’abaisse.
S’il s’abaisse, je le vante.
Et le contredis toujours
Jusqu’à ce qu’il comprenne
Qu’il est un monstre incompréhensible.
Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164). Car il est sans doute qu’il n’y a rien qui choque plus notre raison que de dire que le péché du premier homme ait rendu coupables ceux qui étant si éloignés de cette source semblent incapables d’y participer. Cet écoulement ne nous paraît pas seulement impossible. Il nous semble même très injuste car qu’y a-t-il de plus contraire aux règles de notre misérable justice que de damner éternellement un enfant incapable de volonté pour un péché où il paraît avoir si peu de part, qu’il est commis six mille ans avant qu’il fût en être. Certainement rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine. Et cependant sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes.
Transition 4 (Laf. 199, Sel. 230). Trouvant encore dans les autres la même chose sans fin et sans repos.
Rabbinage 2 (Laf. 278, Sel. 309). Tradition ample du péché originel selon les Juifs.
Sur le mot de la Genèse 8, la composition du cœur de l’homme est mauvaise dès son enfance.
Preuves par les Juifs VI (Laf. 463, Sel. 702). C’est une chose admirable que jamais auteur canonique ne s’est servi de la nature pour prouver Dieu. Tous tendent à le faire croire; David, Salomon, et jamais n’ont dit Il n’y a point de vide, donc il y a un Dieu. Il fallait qu’ils fussent plus habiles que les plus habiles gens qui sont venus depuis, qui s’en sont tous servis.
Cela est très considérable.
Pensées diverses (Laf. 781, Sel. 644). J’admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu.
En adressant leurs discours aux impies leur premier chapitre est de prouver la divinité par les ouvrages de la nature. Je ne m’étonnerais pas de leur entreprise s’ils adressaient leurs discours aux fidèles, car il est certain qui ont la foi vive dedans le cœur voient incontinent que tout ce qui est n’est autre chose que l’ouvrage du Dieu qu’ils adorent, mais pour ceux en qui cette lumière est éteinte et dans lesquels on a dessein de la faire revivre, ces personnes destituées de foi et de grâce, qui recherchant de toute leur lumière tout ce qu’ils voient dans la nature qui les peut mener à cette connaissance ne trouvent qu’obscurité et ténèbres, dire à ceux‑là qu’ils n’ont qu’à voir la moindre des choses qui les environnent et qu’ils y verront Dieu à découvert et leur donner pour toute preuve de ce grand et important sujet le cours de la lune et des planètes et prétendre avoir achevé sa preuve avec un tel discours c’est leur donner sujet de croire que les preuves de notre religion sont bien faibles et je vois par raison et par expérience que rien n’est plus propre à leur en faire naître le mépris. Ce n’est pas de cette sorte que l’Ecriture qui connaît mieux les choses qui sont de Dieu en parle. Elle dit au contraire que Dieu est un Dieu caché et que depuis la corruption de la nature il les a laissés dans un aveuglement dont ils ne peuvent sortir que par Jésus-Christ hors duquel toute communication avec Dieu est ôtée.
Mots-clés : Contrariété – Écriture – Enfant – Faiblesse – Force – Mépris – Nature – Preuve – Repos.